Von der Leyen valide le Mercosur : en Haute-Loire, la déception des agriculteurs

Par Clara Serrano , Mise à jour le 07/12/2024 à 06:00

Ce vendredi 6 décembre, la président de la commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé avoir acté l'accord commercial du Mercosur entre l'Europe et l'Amérique du Sud. En Haute-Loire, les agriculteurs sont déçus. 

Très rapidement, et en réaction à l'annonce de la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, la FNSEA a adressé à la presse un communiqué, intitulé « Sommet du Mercosur : Von der Leyen trahit les agriculteurs européens ».

En effet, en ce vendredi après-midi, en déplacement en Uruguay, elle a confirmé avoir acté l'accord commercial pourtant si décrié du Mercosur avec l'Europe. 

Elle a publié sur X (ex-twitter) : « Cet accord est une victoire pour l'Europe. 30 000 petites entreprises européennes exportent déjà vers le Mercosur. Beaucoup d'autres suivront. L'accord UE-Mercosur reflète nos valeurs et notre engagement en faveur de l'action climatique. Et nos normes sanitaires et alimentaires européennes restent intactes. »

« On sacrifie les agriculteurs au bénéfice d'autres choses et on brade notre sécurité alimentaire », Anthony Fayolle, secrétaire général de la FDSEA 43

L'accord va ensuite devoir être signé par au moins quinze États membres de l'Union européenne et dégager une majorité au Parlement pour être ratifié. Mais en Haute-Loire, comme à l'échelle nationale, les agriculteurs se disent « déçus ».

« On savait bien qu'elle soutenait cet accord. Ce n'est pas forcément surprenant. Notre réaction, c'est la même que celle que nous avions lors de nos dernières mobilisations. C'est un manque de reconnaissance des agriculteurs et de l'agriculture au niveau européen. On sacrifie les agriculteurs au bénéfice d'autres choses et on brade notre sécurité alimentaire », confie Anthony Fayolle, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Loire. 

En effet, si la décision était attendue, les agriculteurs espéraient que leurs actions répétées soient entendues : « Malgré la vive opposition de la France, rejointe par d’autres pays comme la Pologne et dernièrement l’Italie, malgré l’unanimité des agriculteurs européens contre cet accord, auxquels se sont ralliés toutes les ONG, malgré un courrier signé par plus de 600 parlementaires français (députés, sénateurs et députés européens) issus de plusieurs groupes qui lui a été adressé, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a validé aujourd’hui l’accord commercial entre les Vingt-Sept et les pays du Mercosur, à Montevideo en Uruguay. », lit-on dans le communiqué FNSEA. 

« C'est décevant », Anthony Fayolle

Face à l'annonce de cette décision donc, Anthony Fayolle montre sa déception, et une forme de "dégoût" : « C'est décevant. On avait la conviction que l'Union européenne était un bienfait pour les agriculteurs, avec la politique agricole commune, qui nous aide et nous soutient depuis des années. Et au fur-et-à-mesure des années, ça soulève des questions. On défend l'Europe, mais on ne se sent pas défendus comme on le devrait. Ça rajoute de la défiance et du dégout vis-à-vis de nos responsables, car on a l'impression que c'est davantage de l'opportunisme et de la réflexion sur le court terme que sur le long terme. »

« On est favorables au commerce et à la libre circulation des biens, mais à condition que l'on se concurrence de manière équitable. »

Le communiqué se poursuit ainsi : « Cette validation est non seulement une provocation pour les agriculteurs européens qui appliquent les standards de production les plus élevés au monde, mais aussi un déni de démocratie alors que la quasi-unanimité de nos parlementaires français se sont exprimés contre cet accord ! Mme Von Der Leyen a certainement davantage en tête les intérêts particuliers de l’industrie automobile allemande, que les enjeux de souveraineté alimentaire européenne ou de lutte contre le changement climatique ! »

En effet, Anthony Fayolle reconnait l'intérêt que peut avoir cet accord pour d'autres filières, mais il détaille : « La signature de l'accord avec le Mercosur a un gros impact sur certaines filières. Et il y en a aussi qui peuvent être demandeuses, parce qu'elles ont besoin d'exportation. Mais la position qu'on a toujours tenue, c'est qu'on est favorables au commerce et à la libre circulation des biens, mais à condition que l'on se concurrence de manière équitable. C'est ça qui est remis en cause. »

Si tout n'est pas encore joué, les agriculteurs ne s'avouent pas vaincus, et compte bien continuer de défendre leurs intérêts.

L'agriculteur altiligérien souligne surtout : « On fera en sorte que la réciprocité soit mise en place, pour que les produits qui entrent sur le territoire correspondent aux normes de ceux de notre territoire. On y sera vigilants, parce que c'est ça le plus inadmissible : que les produits importés ne répondent pas aux normes et aux contraintes que nous pouvons avoir. »

« La bataille continue », FNSEA

« Mais la bataille continue. Nous ne nous avouons pas vaincus ! Nous engagerons tous les moyens au niveau européen pour que cet accord ne soit pas ratifié, ni par le Conseil, ni par le Parlement européen, ni par les Parlements nationaux. Il est inacceptable que l’agriculture européenne soit sacrifiée au profit de produits importés, issus de pratiques interdites chez nous et moins respectueuses de l’environnement, de la santé, du climat et des droits sociaux. C’est une question de justice pour les agriculteurs et de respect des consommateurs européens », conclut le communiqué. 

En Haute-Loire, le secrétaire général de la FDSEA ne prévoit pas spécialement de mobilisation, déplorant le manque d'interlocuteur, et l'inutilité de mener de telles actions dans le contexte qu'est celui de la France aujourd'hui. 

« Faire des actions pour faire des actions n'a pas de sens », Anthony Fayolle

« Pour l'instant, nous n'avons pas prévu de mobilisation. Mais compte tenu du contexte, il ne faut pas rajouter des problèmes aux problèmes. Aujourd'hui, on a peu d'interlocuteurs, on a de nouveau plus de ministre et plus de gouvernement », explique-t-il. 

Et de conclure : « On voit que ce qu'on négocie n'est pas mis en application. Donc aujourd'hui, les messages, ils (le gouvernement, Ndlr) les ont, il y a un problème de fonctionnement, alors il faut que le problème se règle avant qu'on réintervienne. »

La confédération paysanne a, elle, répondu sur X (ex-twitter). « Nous voulons un commerce équitable, pas d'accords de libre-échange ! Ces accords détruisent les exploitations agricoles, nos revenus, nos droits sociaux, notre santé, et accélèrent le changement climatique. Stop à la spéculation ! »

 

 

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6 commentaires

sam 07/12/2024 - 21:23

Mais la FNSEA est partie liée avec la droite qui gère l'UE. La coordination rurale est proche du FN qui a validée la commission européenne. J'ai l'impression que seule la confédération paysanne a une ligne de conduite constante contre le libéralisme. Mais n'étant pas spécialiste de ce domaine, je remarque surtout la destruction d'un nombre collossale de ferme constante depuis 1945 avec la complicité de la FNSEA en permettant à certains de devenir des agroindustriels exportateurs, destructeurs d'emplois et de l'environnement, les mêmes qui sont les plus bénéficaires des aides financière de la PAC (quasi des fonctionnaires qui tappent sur ceux qui les payent!)

sam 07/12/2024 - 18:56

Nos exploitants agricoles chassent de façon intensive les subventions et les primes diverses.

Mais ils ne veulent pas de contre partie ni de controle.l'argent public doit servir a produire sans detruire notre santé, le sol, la qualité del'eau, la biodiversité... 

 

 

 

sam 07/12/2024 - 08:49

 C'est dure quand nous n'avons pas la majorité sur la plan nationale et européen !!!!! BON nos emplois sont nos emplettes Donc il est VITAL pour notre SURVIE  de consommer Français On parle de préserver notre pouvoir d'achat OK je comprends pour les français modestes MAIS c'est vivre ou mourir !!!!!!

sam 07/12/2024 - 07:54

Un traité qui pénalise essentiellement les producteurs de viande et qui va favoriser les producteurs de lait pour l'exportation des fromages et autres produits laitiers et peut être aussi notre lentille verte du Puy 

sam 07/12/2024 - 07:51

Le consommateur passif peut devenir un citoyen actif.

 

Imaginez que tout le monde se mette à boycotter la malbouffe agrochimique du supermarché.

Imaginez que tout le monde se mette au potager (demandez des terrains aux mairies).

Imaginez que les gens acceptent de manger essentiellement local (et bio pour éviter d'empoisonner ses enfants).

 

L'accord UE-Mercosur sera balayé par les bourrasques de l'Histoire. Les jours de la mondialisation sont comptés. Nous allons vivre dans les années à venir ce que les scientifiques appellent une "grande simplification".

 

La multiplication effrénée des catastrophes climatiques (et des pollutions, et des cancers etc.) n'est ici qu'un signe avant-coureur.

sam 07/12/2024 - 06:14

ils comprennent enfin que saccager, bloquer ne mène à rien

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
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