Fondée au XIVe siècle par les frères Dominicains, l'église Saint-Laurent est aujourd'hui un édifice classé Monument historique, par arrêté du 21 mai 1906.
Problème : située au 2 du Boulevard Dr André Chantemesse, elle est fondée sur un terrain inadapté, sujet à d'importants mouvements.
L'édifice en a d'ailleurs déjà fait les frais à plusieurs reprises dans son histoire. Caroline Barre, adjointe à la mairie du Puy, revient ainsi sur son passé :
« Il est à noter que deux fois au cours de son histoire, en 1417 et en 1525, les voûtes du cœur de l’église se sont effondrées. »
« En 1966, l’inclinaison des piliers était devenue tellement préoccupante (5 mm par an) que des tirants et des corsets de frettage furent mis en place, mais sans réelle efficacité. L’édifice fut donc fermé au public à partir de 1971 afin d’entreprendre une campagne de grands travaux de consolidation. »
Elle poursuit : « De 1975 à 1978, quatre pinces en béton armé précontraint furent coulées dans les combles dans le but de contenir les efforts des voûtes sur les piliers. Ces travaux réalisés par l’architecte ACMH André Donzet sont un cas d’école dans l’histoire de la restauration des monuments historiques. En 1977, suite à un séisme, le premier pilier Sud (1S) s’est lézardé entièrement et la voûte s’est affaissée. En 1978 un autre pilier en fond de nef (le N°4) a connu les mêmes problèmes et a dû aussi être remplacé », explique l'élue municipale.
Au fil des années, la structure s'est donc fragilisée, et en mai 2023, le cabinet Étienne Bathelemy et le bureau d'étude structure GB Consultant ont remis leur diagnostic préalable à la restauration, portant sur l'état des lieux sanitaires. Rapportant à des désordres observés dans la nef de l'église, le maire Michel Chapuis a choisi de la fermer temporairement, pour éviter tout accident.
Des travaux retardés de plusieurs mois
Sur la porte de l'édifice, on retrouve une note datant déjà du 4 octobre 2023, officialisant la fermeture de l'église dès le 9, pour des raisons de sécurité, et pour une durée indéterminée.
Si un premier appel d'offres avait été lancé par la mairie, celui-ci n'a pas abouti. Michel Chapuis explique cet échec par une large sous-estimation du coût des travaux par l'architecte de la Drac, ne permettant pas aux artisans de se positionner sur le chantier.
Alors en ce 27 septembre 2024, les élus du conseil municipal ont approuvé le programme de travaux pour la sécurisation de la nef de l'église Saint-Laurent, et le plan de financement de l'opération.
En effet, un nouveau plan a été réalisé, avec un montant total des dépenses hors taxe estimé à 107 530 euros, répartis entre la Drac (45 %, 48 368 €), la Région (10 %10 753 €), le Département (25 %, 26 882 €) et la Ville (20 %, 21 507 €). À la part revenant à la Ville s’ajoute le montant de la TVA pour 21 507 €, soit un montant total restant à charge de la commune de 43 014 €, avant récupération du fonds de compensation TVA.
Les travaux seront donc retardés de plusieurs mois, obligeant les célébrations à être délocalisées à l'église Saint Antoine, rue Charles Rocher.
7 millions d'euros pour une rénovation complète
Une nouvelle fois, le projet a fait débat parmi les élus municipaux, dont certains restent perplexes. C'est le cas notamment de Laurent Johanny et Celline Gacon.
Le premier, représentant du parti d'opposition Generation.s, bien qu'il en reconnaisse l'importance, interroge le financement de ces travaux par la mairie du Puy : « Ces travaux d'urgence sont évidemment nécessaires pour préserver le patrimoine. Ces sommes investies s'ajoutent à des chantiers d'ampleur engagés ces dernières années (églises du collège, des Carmes). Dans le contexte financier que nous connaissons et plus globalement parce que nous veillons à la bonne utilisation de l'argent public, il nous paraît important d'avoir accès à un détail de ces sommes pour le mandat en cours. »
Et de poursuivre : « La question de la soutenabilité pour notre commune se pose cependant alors même que nous devons assumer cette mission essentielle de préservation du patrimoine. Au-delà des investissements sur le bâti, c'est la question de l'attribution qui se posera tôt ou tard. »
Celline Gacon, représentante écologiste, appuie, elle, sur l'aspect temporaire des travaux entrepris. « Ce qui pose un problème ici, c'est le sol sur lequel est bâtie l'église, qui est sujet à d'importants mouvements, selon s'il est asséché ou non. Alors pourquoi ne pas entreprendre des travaux plus importants, qui viendraient régler le problème une bonne fois pour toutes ? »
Alors le maire Michel Chapuis explique : « Selon une rapide estimation de l'architecte de la DRAC, le coût de tels travaux s'élèverait à environ 7 millions d'euros. La commune n'est pas en mesure de les financer actuellement, mais bien sûr qu'à terme, la question se pose. »