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L'aide alimentaire : "Le problème est pris à l'envers"

Par . . , Mise à jour le 23/12/2022 à 10:00

L'aide alimentaire, ou "lutte contre la précarité alimentaire", cause soutenue par la loi et les décrets anti gaspillage, un sujet à controverse. 

L'aide alimentaire, de quoi parle-t-on exactement ? Depuis 2018 et l'entrée en vigueur de la loi EGAlim on ne dit plus aide alimentaire mais "Lutte contre la précarité alimentaire". Il peut s'agir d'aides financières aux associations, comme le fonds européen d'aide aux plus démunis, ou de dons en nature, collectés par la banque alimentaire et les associations caritatives.

Cette année 2022, la collecte nationale de la banque alimentaire du Puy-de-Dôme, organisée fin novembre a permis d'amasser 138 tonnes de nourriture. "C'est un bon résultat, étant donnée la conjoncture économique." explique Michel Renault, président de l'antenne départementale.

Mais le don des particuliers durant ces trois jours ne fait pas tout. "La ramasse quotidienne représente 50% de notre approvisionnement total." Et cette ramasse est réalisée principalement dans les grandes et moyennes surfaces (GMS), tenues par la loi anti-gaspillage de 2016*.

La loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire dite "loi Garot" a introduit des mesures telles que l'interdiction de rendre impropre à la consommation des denrées encore consommables et l'obligation pour les distributeurs de plus de 400m² de proposer une convention de don à une association habilitée.

Une obligation qui s'est étendue depuis aux opérateurs de la restauration collective (préparant plus de 3000 repas par jour), aux industries agroalimentaires et aux opérateurs de commerce de gros (plus de 50 millions d'euros de chiffre d’affaires annuel).

Des avantages au don...

La défiscalisation du don alimentaire, plus connu sous le nom de loi ­Coluche, votée en 1988, prévoyait à l’époque une réduction d’impôt représentant 50% des sommes versées aux associations caritatives. Aujourd’hui, elle peut atteindre jusqu’à 75% pour les dons à des organismes d'aide aux plus démunis selon un plafond de 1.000 euros. 

L'association de consommateurs UFC Que Choisir soulignait déjà dans l'article de 2019 "Gaspillage alimentaire : Reste à appliquer la loi" que "Les industriels joignent l'utile au profitable" : optimisation des stocks en écoulant plus facilement les surplus et en limitant le coût de destruction et recyclage des marchandises, en plus de l'avantage fiscal du don. 

...qui ne suffisent plus ?

Malgré cette attractive réduction d'impôts, Michel Renault, à la banque alimentaire, observe un nouveau phénomène. "On récupère de moins en moins de marchandises dans les grandes et moyennes surfaces, car elles ouvrent des rayons avec des promotions dates courtes afin d'écouler les invendus". 

Loidy Guérin, co-gérante de la coopérative Biocoop à Issoire, voit dans tout ce système une certaine perversité. 

Biocoop
Assetou et Loidy préparent des paniers anti-gaspi à Biocoop Issoire Photo par Zoomdici

"Je viens du Brésil, et pour moi la nourriture est une denrée précieuse. Donner plutôt que jeter, c'est normal, c'était terrible cette époque où l'on voyait les magasins verser de la javel sur les invendus, mais dans le système de l'aide alimentaire, le problème est pris à l'envers."

"Ce sont nos habitudes de consommation qu'il faudrait revoir."

La jeune femme, engagée pour une alimentation durable et plus qualitative, a un avis bien tranché sur le phénomène de surconsommation et de gaspillage. "Plutôt que de se poser les bonnes questions et se demander pourquoi il y a de plus en plus de personnes bénéficiaires, et de revoir ce système en produisant de manière plus juste, on demande aux agriculteurs de produire plus, les distributeurs font des sur-stocks et il y a donc du gaspillage. Ce sont nos habitudes de consommation qu'il faudrait revoir."

Avec sa collègue Assetou, elles préparent quotidiennement des paniers anti-gaspi, que les personnes peuvent réserver sur le site internet du magasin et récupérer sur place. "On connait nos produits, leur origine, leur valeur nutritionnelle. Bien manger c'est la base de la santé, c'est dommage que l'on ne soit pas plus éduqués à cela". 

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