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Salon ViniVals : à la rencontre des producteurs

Par . . , Mise à jour le 11/02/2024 à 15:30

La 13e édition de ViniVals, le salon du vin et des produits du terroir de Vals-près-le-Puy a ouvert ses portes ce week-end. L'occasion de faire le point sur les nouvelles tendances du secteur de la viticulture en partant à la rencontre de vignerons qui tentent tant bien que mal de s'adapter à un marché volatile et de résister aux changements climatiques. Chacun à sa façon. 

Patrice et les vins de terroir 

Patrice Spanagel de la maison du même nom est un habitué du salon. Cet alsacien d'une quarantaine d'année fait partie de la troisième génération de viticulteurs de ce domaine viticole, situé en plein coeur du vignoble alsacien, à quelques kilomètres de Colmar, capitale régionale des vins. 

Son stand est pris d'assaut dès l'ouverture des portes du salon. Difficile de lui parler, tant le viticulteur semble sollicité de toutes parts. C'est donc Jean-Pierre, oenophile averti, qui lance la discussion autour des vins d'Alsace : " Ils ont eu longtemps une mauvaise réputation. On disait qu'ils étaient trop lourds, ou alors qu'ils étaient trop sucrés, juste bons pour faire glisser le foie gras le soir de Noël "

" Les vins d'Alsace ont une super réputation et ils le méritent " Jean-Pierre, visiteur du salon

" Mais ça, c'était avant, poursuit-il. Longtemps, les alsaciens, ont préféré la quantité et la production de masse à la qualité. Avec les nouvelles générations, les nouveaux producteurs, tout a changé. Aujourd'hui c'est une région viticole qui a su négocier le virage vers la qualité et désormais, on peut le dire, les vins d'Alsace ont une super réputation et ils le méritent". 

" En Alsace, on sait dorénavant faire parler les sols " Patrice, viticulteur de terroir en Alsace

Pour Patrice, effectivement, après avoir été victime de plusieurs crises de surproduction, la viticulture alsacienne a su parfaitement s'adapter au marché et aux nouveaux goûts d'une clientèle de plus en plus exigeante. Avec un seul mot d'ordre pour lui : le terroir. Fini le temps de la production de vins standardisés en grosse quantité. Place aux vins de terroir, au caractère trempé et affirmé : " En Alsace, on a une cinquantaine de grands crus classés. On sait dorénavant mettre en valeur nos terrains viticoles, faire parler leur sol mais aussi leur sous-sol, mettre le bon cépage au bon endroit, utiliser les pentes, l'exposition ... tout ça pour produire des vins de terroir qui ont leur propre caractère, je pense que c'est ça la clé de la réussite en matière de viticulture". Et de finir en vantant son "Riesling  Schlossberg", élevé sur un terroir granitique, et " qui se distingue par une touche minérale  d'exception". 

Patrice, vigneron de terroir en Alsace Photo par jfp

Karine et les vins bio

Alors que le marché alimentaire certifié bio marque un sérieux coup de frein depuis quelques temps, le vin bio quant à lui, résiste plutôt bien aux assauts inflationnistes. Une tendance que confirme Karine Biscarrat, à la tête du vignoble de "Grange Blanche", un domaine viticole familial situé à Rasteau, dans le Vaucluse, face aux Dentelles de Montmirail , actuellement en reconversion bio. 

" On se rend compte des effets du dérèglement climatique sur nos exploitations " Karine, viticultrice en reconversion bio dans le Vaucluse

" Les amateurs de vin sont de plus en plus exigeants et le bio est un marché porteur pour les viticulteurs, c'est une évidence.  Mais on se rend compte aussi, en tant que travailleurs de la terre, des effets du dérèglement climatique sur nos exploitations. En 2018, une partie de notre récolte a été détruite par le mildiou et rebelote en 2021 avec le gel. On s'engage donc dans le bio par conviction et par expérience, c'est un pari sur l'avenir".

" En bio, on a un cahier des charges assez complet, mais on pourrait faire encore mieux " Karine 

Mais elle garde un esprit critique : " Passer en bio, c'est participer, à son niveau et sur son exploitation, à une amélioration globale du système. C'est indéniable ! On n'utilise plus d'herbicide chimique, on utilise des matières premières d'origine naturelle etc. En bio, on a un cahier des charges assez complet, mais on pourrait faire encore mieux. On continue à tasser la terre avec nos tracteurs, on a toujours un bilan carbone critique et même on  contribue parfois à surdoser le sol en cuivre, puisque c'est le seul produit homologué en bio pour lutter contre le mildiou". 

Tony et Caroline, infirmiers de passage au Puy, ne jurent que par " les rouges bio qui ont pris le soleil " Amateurs de produits " sains ", ils reconnaissent qu'en matière de préservation de l'environnement, même le bio peut encore mieux faire, mais au niveau de la santé, ils ne transigent pas : " le vin bio est beaucoup moins cancérigène et génère beaucoup moins de désagréments de toutes sortes, parce qu'il est moins souffré". Moins de "gueule de bois" ou de " casquette en fonte" après avoir bu une bonne bouteille de Rasteau ? Sans aucun doute pour le couple d'infirmiers. 

Karine, vigneronne en reconversion bio dans le Vaucluse Photo par jfp

Guillaume et les vins biodynamiques 

Dans la grande famille des viticulteurs, il y a ceux qui font rimer bio avec biodynamie. Ces viticulteurs là, à les écouter (et on pourrait le faire pendant des heures) ne seraient pas seulement des agriculteurs. Ils se présentent comme les adeptes d'une certaine éthique et d'une philosophie particulière. 

" Par amour de la terre " Guillaume, employé sur un domaine certifié en biodynamie dans le Gard

Guillaume travaille sur le domaine de la Mordorée, situé à Tavel dans le Gard, un vignoble qui s'étend sur plusieurs appellations de la Vallée du Rhône, parmi les plus célèbres: Châteauneuf-du-Pape ou Condrieu. La totalité du domaine est certifié en Biodynamie, " par amour de la terre " nous précise-t-il, fier d'être employé sur un domaine qu'il nous décrit comme un "  écosystème indépendant et hyper résiliant". Preuve s'il en est d'après lui :  la résistance des vignes du domaine à des évènements météo extraordinaires et agressifs comme les inondations, la canicule ou la sécheresse. 

" On fait revenir du vivant dans la terre " Guillaume

La biodynamie poursuit le même type de pensée et de conviction que l'agriculture bio. Leur principale différence, d'après Guillaume concerne l'utilisation des intrants : " En biodynamie, nous n'utilisons que des préparations biodynamiques, composées d'éléments 100% naturels comme des plantes médicinales, de la silice ou certains excréments alors qu'en bio on utilise le cuivre qui à terme peut être mauvais pour les sols. Nous, nous ne donnons aux sols, que de l'alimentation naturelle ce qui augmente la défense immunitaire de nos plants de vigne, on fait revenir du vivant dans la terre". 

" On nous accuse parfois d'être ésotériques " Guillaume 

Une autre caractéristique majeure de la Biodynamie pour Guillaume, c'est la prise en compte des calendriers solaire et lunaire pour travailler la vigne : " c'est vrai qu'on nous chambre beaucoup là-dessus, qu'on nous accuse  parfois d'être ésotériques, mais il s'agit juste de revenir à une certaine tradition agricole ancestrale qui veut que la sève des végétaux monte dans les branches en lune ascendante et descend dans les racines en lune descendante. Demandez aux vieux paysans de Haute-Loire si c'est pas vrai !". 

Guillaume, employé dans un domaine certifié en biodynamie dans le Gard Photo par jfp

Et le chocolat dans tout ça ?

" Le vin et le chocolat se marient à la perfection " Cyrille, chocolatier au Chambon

Il y en a un que toutes ces subtilités dépassent un peu : Cyrille Bernard, le chocolatier virtuose  des " Douceurs du Lignon ". Qu'il soit de terroir, bio ou biodynamique, peu importe. Le vin pour Cyrille, c'est avant tout une affaire de dégustation. Et le top en la matière, c'est de l'associer au chocolat ! Un duo gagnant pour lui : " le vin et le chocolat sont des produits raffinés , riches et complexes qui se marient à la perfection en décuplant leurs saveurs". Une seule règle à respecter en la matière : " vin rouge tannique et chocolat noir , vin blanc sec et chocolat au lait, vin blanc frais et chocolat blanc".

Avis aux amateurs. Avec modération. 

Cyrille, chocolatier au Chambon Photo par jfp

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