La mobilisation contre la réforme des retraites vue par les passants

Par Ombéline Empeyta Brion , Mise à jour le 28/03/2023 à 17:00

Dixième acte de mobilisation contre la réforme des retraites. La deuxième, depuis l'adoption officielle du texte par le 49.3. Plusieurs milliers de personnes étaient encore dans les rues ce mardi 28 mars au Puy-en-Velay. Nous sommes allés rencontrer les curieux, les passants en marge du cortège pour avoir leurs points de vue. TÉMOIGNAGES

PHOTOS ET VIDÉOS EN FIN D'ARTICLE

Depuis le début de la mobilisation, nous donnons la parole aux syndicats, aux manifestants, ceux qui participent à la mobilisation. Cette fois-ci, nous avons fait le parti-pris de faire parler ceux qui la regardent, depuis une fenêtre, un trottoir ou une voiture. Ceux qui sont au second plan, mais qui ont aussi des choses à dire. 

Itinéraire emprunté par le cortège ce mardi 28 mars Photo par mapsdirections.info/

Le cortège qui s'est élancé à 10h30 de la place Cadelade, en musique, coloré par les fumigènes, la fumée et les drapeaux syndicalistes, avance cette fois sur la N88 avec le bruit des tambours, des clochettes ou encore des pétards. 

Photo par Ombéline Empeyta Brion

Il y a ceux que ça agace...

À partir de 10 h 30, jour de manifestation, on le sait, il vaut mieux éviter de se déplacer en voiture dans le centre-ville. Certains pensant pouvoir éviter le cortège s'aventurent sur les routes. Florian en a fait les frais : " Ils cassent les c***** là ! ". Le jeune ponot, se rendant au travail, s'énervait face au barrage devant lui. Participant habituellement à la mobilisation, il ne comprend pas pourquoi ils bloquent la route aux particuliers, et gênent les "gens lambda". "Je les soutiens, mais je ne comprends pas pourquoi ils nous bloquent comme ça ! On est comme eux !"

Florian, bloqué par le cortège rue des Tanneries. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Derrière lui, coincé aussi, Daniel attend moins pressé la fin du passage du cortège. "Moi ça ne m'embête pas, je comprends pourquoi ils manifestent, c'est normal". Lui, ne sors pas manifester, pas par manque d'espoir, mais surtout à cause du temps. "Il ne fait pas beau, il ne fait pas assez chaud ! ", plaisante le jeune homme. Alors Daniel les soutient de loin et prend son mal en patience durant ces quelques minutes. Il sortira même de sa voiture fumer une cigarette avec Florian, "le temps que ça passe". 

Et les curieux, hésitants, sur le trottoir

René, retraité, observait d'un œil attentif la mobilisation. Lui, qui habite loin, admirait " le courage des manifestants". Entendant et voyant depuis sa télévision les mobilisations, il était curieux de venir voir de ses propres yeux. "Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde, je me suis dit aujourd'hui, je vais aller voir, c'est vraiment impressionnant". 

Retraité, il comprend " le trop-plein" que peuvent avoir les manifestants. Pour l'heure simple observateur, il avoue toute de même être tenté de rejoindre la foule. "Je vais voir, je vais peut-être suivre !". 

René, retraité, observe la manifestation. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Christian aussi observe depuis le trottoir, un sourire aux lèvres. Il comprend leur colère. "Les gens en ont marre, je les comprends". Alors quand on lui demande pourquoi il n'est pas dans le cortège, sa réponse est immédiate : " Je peux y aller, ce n'est pas trop tard, je suis de tout cœur avec eux ! "

Le cortège s'est ensuite dirigé sur le N88 en passant par le lycée professionnel Jean Monnet et la Maison d'arrêt du Puy. Les manifestants en ont d'ailleurs profité pour taquiner le Ministre de l'Intérieur " Darmanin fait pas le malin, c'est toi qui vas bientôt finir là-bas!". Une manifestation bon enfant, malgré les nombreux coups de pétards qui retentissent dans la rue.

Un manifestant semble gêné par le bruit de la manifestation. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Et pour cause : il y en avait du bruit. Notamment la machine à pétard qui résonne dans les rues du Puy. Une manivelle est actionnée, le casque est mis sur les oreilles et il ne reste plus qu'à taper sur la machine à l'aide d'une grosse masse pour la déclencher. 

Elles avaient plus de mal avec l'ambiance sonore du cortège. Love Micky et Royalle, deux adolescentes de 14 ans, se promenaient au Jardin Henri Vinay. Elles avouent ne pas bien cerner les revendications soulevées. "Je les trouve un peu fou, c'est un peu dangereux les pétards, ça nous fait un peu peur". Dans leur culture, travailler moins n'est pas vraiment un souhait. "En Afrique, quand on nous dit de travailler moins longtemps, c'est là qu'il y a des manifestations", explique l'une des adolescentes. "Deux ans, ce n'est rien, je ne comprends pas".

Des adolescentes au Jardin Henri Vinay. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Une mobilisation qui ne passe pas inaperçue

Sur le boulevard du Président Bertrand, les manifestants affluent en masse. Depuis le début de la mobilisation, le cortège passe rarement par ce chemin. Alors forcément, cela attise la curiosité... même depuis les balcons...

Des habitantes du Boulevard observants la foule. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Des habitants, commerçants, étudiants qui sortent de leurs occupations pour observer la foule. Devant le Greta du Velay, sur le Boulevard, Julien étudiant, s'ébahissait devant la foule. "Je profite de ma pause pour regarder la manif au soleil, ça me distrait". Il salue le nombre de manifestants, plutôt impressionnant à ses yeux. "C'est beaucoup d'humains qui se déplacent en groupe avec des drapeaux et des grosses enceintes, c'est rigolo !". 

Et des drapeaux, il y en a. Quasi une personne sur deux en avait un. Et s'ils n'en ont pas certains préfèrent brandir des pancartes, toutes plus inventives les unes que les autres. Et pour ceux qui n'en avaient pas prévu, un petit stand proposait d'en créer une. Feutre, cartons, plastifiés. Tout pour créer une pancarte 100% personnalisé. 

Stand de fabrication de pancartes durant la manifestation. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Place du Breuil, passants ou manifestants : tu finiras 

Fin de mobilisation comme traditionnellement place du Breuil. Certains qui n'avaient pas pu venir dans le cortège se retrouvent sous les coups de midi pour partager une accolade, un verre de rosé ou une merguez de la CGT.

Le stand de merguez et saucisse de la CGT place du Breuil. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Une ambiance positive dont ont pu participer 15.000 manifestants selon la CGT, 2.800 selon la Préfecture. 

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7 commentaires

mer 29/03/2023 - 14:45

La violence de quelques black bloc (inexistant au Puy comme dans la plupart des villes de France)  tout à fait condamnable représente quelle conséquence comparativement à la violence de notre système économique ( violence à l'encontre de nos ainés lors scandale Orpea pour qlq millions d'euros, violence à l'encontre des travailleurs au Qatar pour le Mondial, violence dans les camps de travailleurs Ouigours pour le bien de la finance de quelques multinationales, violence face aux licenciements surreprésentés des salariés "âgés", violence indirecte contre les paysans victimes du rechauffement climatique provoqué par notre excès de consommation...)?  Les quelques violence en marge de manif semble obnubiler les addicts des chaines d'info mais ne représentent pas grand chose!

mer 29/03/2023 - 11:48

il s'avère égal fort regrettable et désolant que la trés grande majorité des élus de la république "insoumis" dont l'on se doit de condamner les propos Haineux et nauséabonds aussi naîfs et incrédules qui se pavanent grassement sur les plateaux TV façe aux violençes de quelques individus irresponsables agressifs qui utilisent des bombes incendiaires comme projectiles et  qui comptent trés visiblement parmi les plus fidèles électeurs "insoumis" que les mêmes élus protègent encouragent et incitent par leurs paroles à la provocation des forces de l'ordre et à la destruction de biens privés et publics et de commerçes qu'ils pillent comme l'on peut le voir sur différentes vidéos publiées.

mer 29/03/2023 - 10:34

Si la manifestation se justifie pleinement façe aux excés du gouvernement de l'article du 49.3 pour faire passer leurs lois, je désapprouve et condamne trés fermement toutefois comme beaucoup de nos concitoyens l'intervention de certains individus en tête de cortèges dégénérés sociaux profonds Haineux et violents dont le seul acte de présençe consiste à affronter les forces de l'ordre et détruire et piller commerçes et biens privés et publics comme l'on à pu le découvrir sur certaines vidéos, où les forces de l'ordre ont dû à plusieurs reprises utiliser légitimement la forçe brute pour protéger les commerçants des pillages et pressions agressives exercés par ses individus armés de divers projectiles sans foi ni loi et sans états d'âmes.

mer 29/03/2023 - 04:39

Donc si je suis le raisonnement très fin de certains.... Quand on est de gauche on est un beauf opposé à la réforme des retraites ? Les sondages ne disent pas ça. mais c'est vrai que lorsque l'on est pépère avec une bonne retraite et les pieds dans les pantoufles, on a plus tendance à critiquer ces manifs si bruyantes et vulgaires (des gens qui qui mangent des merguez avec les doigts, quels rustres !). Si ça ne bouge pas, Macron transformera les salariés (qu'il méprise) en esclaves car il fait le jeu du grand patronat et de la finance. Et si son remplaçant quasi officiel le remplace (Edouard Philippe) ce sera pire. Donc votons mieux la prochaine fois

mar 28/03/2023 - 23:24

Quand un président est élu par seulement 38% des inscrits, il est loin d'être légitime et de représenter une majorité et quand il passe une réforme par un 49.3 la démocratie est très loin. Il n'ya  rien de démocratique là dedans !!!

mar 28/03/2023 - 21:19

Le prolongement de l’âge de la retraite a été adopté démocratiquement conformément aux règles ( a toutes les règles) d’élaboration des lois sous la Vieme république.

Tout aussi logiquement et démocratiquement le conseil constitutionnel est sur le point de trancher. Peu soucieux de l’exercice démocratique certains sont entrain d’indiquer que quelque soit son verdict et par avance ils s’opposeront à la mise en œuvre de la loi,  les antidémocrates ce sont eux.  Sur cette voie là le peuple français ne les suivra pas  Vive les institutions de la Veme république, TOUTES les institutions de la Veme république !!!

 

 

mar 28/03/2023 - 20:00

La machine à pétard, les merguez et la bière : ils sont là les Hommes, les vrais ... Pour briller en société en se revendiquant progressistes, humanistes et de gauche c'est vraiment fin et subtil. Les études, le travail et la réflexion c'est plus dur que d'actionner le manche à "boum ! boum!" mais ça fait quand même plus sérieux non ?

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