Lutte des sucs : Les trois militants sortis de garde à vue

Par Raphaëlle Simonnot , Mise à jour le 06/10/2022 à 17:00

"Je suis resté 15 heures en garde à vue". Ce sont les mots de Claude, l'un des trois militants du collectif Lutte contre les sucs, lors de sa sortie en garde à vue aux alentours de midi ce jeudi 6 octobre. Les deux autres, Marion et Renaud Dumas conseiller régional ont quant à eux été libérés en début d'après-midi. 

Des applaudissements et des acclamations ont retenti à leur arrivée en début d'après-midi ce jeudi 6 octobre place du Breuil devant la préfecture du Puy-en-Velay. Renaud Dumas, conseiller régional et sa compagne Marion étaient attendus par de nombreux militants pour leur sortie de garde-à-vue. Tous deux avaient été interpellés en fin d'après-midi ce mercredi 5 octobre alors qu'ils organisaient un rassemblement sur sur le chantier de la déviation St-Hostien/Le Pertuis dans le lieu-dit Rabuzac à Saint-Etienne-Lardeyrol.

Un peu plus tôt dans la journée, aux alentours de midi, un troisième militant, Claude avait lui aussi été autorisé à sortir par les Forces de l'Ordre. "Suite à la demande de la procureure, nous avons tous trois été placés en garde à vue afin de savoir si nous avions réellement bloqué les travaux en étant un groupe concerté avec violence ou voie de faits. Lors de nos différentes auditions, nous leur avons montré qu'il ne s'agissait que d'une simple action de communication" explique Renaud Daumas. Selon l'élu régional, l'affaire n'a pas encore été classée sans suite et l'enquête se poursuit.

Renaud Daumas, conseiller régional EELV et sa compagne.
Renaud Daumas, conseiller régional EELV et sa compagne. Photo par DR

"Ils l'ont fait pour nous intimider mais ça n'a pas marché

"Lors de mon interpellation, je suis tombée des nues. Je suis quelqu'un de pacifiste. Quand on se fait interpeller, on a l'impression d'être une terroriste. On se sent coupable alors qu'on ne l'est pas", confie Marion. Cette dernière avait passé la nuit à la gendarmerie de Bains. "Ils l'ont fait pour nous intimider mais ça n'a pas marché. On a le droit de ne pas être d'accord", poursuit la militante.
Des mots partagés par les deux autres membres du collectif.  "On va aller encore plus dans ce sens et veiller à ce que les travaux soient légaux", continue Claude. Cet agriculteur de profession a quant à lui été auditionné au commissariat du Puy-en-Velay avant d'être transféré à la gendarmerie de Loudes. 

Près de 120 personnes présentes en soutien aux trois militants 

Tard, ce mercredi 5 octobre, les membres du collectif Lutte des sucs avaient annoncé un rassemblement en soutien aux trois militants placés en garde à vue. Dès 10 heures, ce jeudi 6 octobre, bon nombre d'associations et collectifs écologistes étaient venus place du Breuil. "Ils sont prêts à tout, veulent tout diriger par la terreur", pouvait-on lire sur certaines pancartes affichées fièrement par les militants présents.

"Je voulais apporter mon soutien. C'est une réaction disproportionnée car l'action était pacifiste", témoigne Roberto Epple, président de l'association SOS Loire Vivante. Pour cet ancien hydrologiste, ce projet est aberrant et inutile. "Il traverse des zones humides de grandes importances. Cela aurait un impact très important", alerte-t-il.

Un avis partagé par Jean-Jacques Orfeuvre, vice-président de l'association France Nature Environnement 43. "Dès le début des travaux, en janvier 2021, quatre associations ont déposé une plainte sur le fond au tribunal administratif, qui n'a pas encore été étudiée. Une seconde plainte a été également été déposée sur la forme. L'instruction est toujours en cours", détaille-t-il. 

Deux conseillères régionales avaient également fait le déplacement pour apporter leur soutien à leur collègue Renaud. "On a été informées par nos canaux de communication interne au groupe des Ecologistes. On trouve ça scandaleux", ont dénoncé d'une même voix Anaïs Widiez, conseillère régionale à la métropole de Lyon et Catherine Bony conseillère régionale de la Loire. Une affaire largement diffusée au sein du parti et même partagée sur les réseaux sociaux comme par exemple sur le compte Twitter de l'ancien candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot. 

"Je pense aussi qu' à travers cette action c'est le président de Région qui est visé"

Selon le vice président de l'association "Oui à la deux fois deux voies RN 88", ces interpellations pourraient faire suite "aux dégradations subies par l'une des entreprises ayant travaillé sur le chantier". "Par rapport aux précédents, je me dis que finalement c'est utile. Le préfet a agit avec fermeté. Je pense aussi qu' à travers cette action c'est le président de Région qui est visé. Il a choisi de distribuer le fond européen de développement régional aux agriculteurs et aux chasseurs et non plus aux associations écologistes. Il y a donc forcément de la haine", détaille-t-il. 

Selon des informations communiquées par un adjoint de la commune de Saint Hostien, deux machines ont été cassées la semaine dernière sur le chantier. L'entreprise ayant subi les dégradations a porté plainte suite à ces méfaits. Une information confirmée par l'établissement qui a souhaité resté anonyme. Depuis cet épisode, un gardien surveille les lieux du chantier. 

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Vos commentaires

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15 commentaires

ven 07/10/2022 - 18:52

Je suis usager de la RN88 et je n'ai aucunement l'envie que des industriels viennent s'installer à côté de chez moi. Si les usines ou autres dépôts Amazon font rêver certains ce n'est pas mon cas. La Haute-Loire est belle justement parce qu'elle est préservée. C'est une richesse qu'il faut conserver. Je travaille et je paie des impôts et j'aimerais que mon argent serve à autre chose que ce projet faramineux. Oui à des aménagements mais 600 millions pour 10 km, il y a quand même de quoi se poser des questions.

ven 07/10/2022 - 18:07

Merci au préfet pour sa fermeté ! Entraver le travail d’une entreprise sur un terrain qui ne leur appartient pas, c’est illégal ! Nous avons hâte que les  travaux soient engagés et qu’ils deviennent irréversibles. Vite les pelleteuses ! Les riverains et les usagers sont impatients! 

ven 07/10/2022 - 11:44

Je crois qu'il faut arrêter de faire des articles sur ce projet et les personnes qui y sont opposées c est leur donner trop d importance et voyant leurs commentaires et leurs attitudes ce sont malheureusement des personnes qui sont et resteront à la marge...ils mélangent tout et maintenant se font passer pour des opprimés...alors s il vous plaît STOP vous faites honte 

ven 07/10/2022 - 11:04

Tout  ces gendarmes mobilisés,la préfecture, le parquet, la région pour quel résultat?

Néant,mais demain ces services vont nous expliquer qu'il manque d'effectif, de caméra...

On va supprimer des poste à l'ONF et renforcer les forces de sécurité.Les actionnaires du BTP ont soif de dividendes,mais l'argent de projet dément et couteux pourrait etre bien mieux utiliser(lycée,maison de retraite,foret...

Combien de catastrophes climatiques,d'incendie,de refugies climatique doit dénombrer avant de changer de logiciel,avant de laisser les projet du passé dans leur placard.

PS : un bon slogan du département du Puy de Dome que la Haute-Loire doit adopter

La ruralité c'est dépaysant (stop au bitume)

 

ven 07/10/2022 - 10:23

Bravo à ces 120 personnes qui se sont mobilisées, au pied lever et toutes affaires cessantes, pour protester contre l'arbitraire et la répression abusive du droit de manifester. Comme dans le cas de "l'affaire Madame", l'intention de "terroriser" et de dissuader toutes formes de contestations est flagrante !

Comme la plupart des projets de Wauquiez, des canons à neige au doublement de l'autoroute Lyon-Saint-Etienne, celui-ci est à contre-sens de l'histoire. Après l'été caniculaire que nous avons subi, le nier relève du déni et de la mauvaise foi !

ven 07/10/2022 - 09:45

Les opposants avaient fait de l'élection régionale l'enjeu de ce projet. les urnes ont parlé, c'est ça la démocratie. Je pense cependant que des aménagements (économies) pourraient être apporter au projet, par exemple le viaduc entre St Hostien et le Pertuis à 2 voies au lieu de 4, comme à Bessamorel, c'est bien suffisant.

ven 07/10/2022 - 09:38

Encore une fois la justice n'est pas la même pour tout le monde,quand ce sont les agris qui manifestent et qui dégradent les bâtiments publics( préfecture) ou privés(grande surface). Je n'ai jamais entendu parlé d'interpellations ni de garde à vue, encore moins réparé les dégâts. La justice a telle des preuves que ce sont eux qui ont cassé les engins? Je ne crois que ce que je vois. Et le présomption d'innocence en France qu'en fait-on?. Il y en aurait eu plus, car il y en a qui travaille et qui paye aussi des charges et des impôts au dire de certains.

ven 07/10/2022 - 09:23

Moi je veux bien me battre pour des causes mais seulement quand elles sont défendables. Là les opposants utilisent des moyens illégaux, l'affaire est entendue devant le tribunal. C'est devenu une bataille politique aux contours flous. Si c'est ça l'opposition, avec un élu de la Région qui veut faire parler de lui et qui croit redorer son image, c'est perdu. 120 personnes qui sont venus en soutien c'est pas beaucoup par rapport aux milliers de contre avancés par les initiateurs du combat.

ven 07/10/2022 - 08:27

Construisons des déviations au niveau des villages du Pertuis et de St Hostien .Tout le monde sera content. On aura l'air malin de rouler à 80km/h sur cette 4 voies au coût pharaonique .L'avenir, c'est sûr, est à la limitation de notre consommation énergétique et donc de la vitesse des véhicules particuliers.

ven 07/10/2022 - 07:01

En Haute-Loire, en 2022, on enferme les paysans qui défendent la terre qu'ils travaillent pour nous nourrir !

jeu 06/10/2022 - 21:02

Quand je lis dans la presse "action pacifique" alors qu'ils ont entravé le travail de l'entreprise de déboisement et qu'ils se sont livrés précédemment à des dégradations sur les engins je comprends la fermeté du préfet . S'agissant du contournement en lui même dont la DUP a été lancée en 1997 ils avaient 25 ans pour proposer une alternative ils ne sont pas force de propositions mais dans la destruction des projets en cours.

jeu 06/10/2022 - 20:20

Mais tant mieux si les industriels nous oublient, il faut changer de paradigme, les ressources de la terre s'épuisent, il faut apprendre à vivre avec le reste du vivant AUTREMENT. Ca ne va peut-être pas toujours être facile, mais c'est une obligation, donc laissons la terre en paix là où elle l'est encore. Il ne s'agit évidemment pas que des riverains impactés, c'est tous les humains qui peuvent se positionner sur ce que l'on inflige à la terre et contre la croissance, car la croissance est néfaste pour la planète, le GIEC l'explique depuis des décennies.

Je n'ai pas participé à tout cela, mais je remercie mille fois ceux qui l'ont fait. Marre de les voir sans arrêt être diffamés. Ils travaillent comme vous et moi, mais ils militent pour un autre monde, merci à eux.

jeu 06/10/2022 - 19:49

A voir la photo j appercois que des des personnes qui sont en ages de travailler....mais ils ne doivent pas bosser vu qu ils sont en train de zonner au PUY en pleine journée.On dirait un rassemblement de zadiste ou une rave partie.Mais bon ca les occupe pendant que nous travaillons pour financer par le fruit de notre travaille(cotisons sociales impots sur revenu..........) la plupart de ces personnes.

Je suppose qu ils ont été en ville à cheval ou à pieds et non en voiture par la RN 88

jeu 06/10/2022 - 19:42

Ces militants disent surveiller que les travaux se fassent dans la légalité alors qu eux font des actes délictueux. Ces écolo là ont la tête à l envers et confondent l écologie moderne avec les méthodes pré historiennes

jeu 06/10/2022 - 19:17

Combien sont-ils réellement parmi les protestataires à être concerné directement par cette déviation trés trés peu si j'en juge par leurs domiciliations où fort peu d'entre ces protestatires réactionnaires semblent domiciliés à proximité même des travaux où même sur le département de Haute-Loire où une trés grande majorité silencieuse des riverains et autres Habitants du département apparaissent trés favorables au contournement pour la sécurité routière et le désenclavement de notre département oublié des industriels.  

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