Des applaudissements et des acclamations ont retenti à leur arrivée en début d'après-midi ce jeudi 6 octobre place du Breuil devant la préfecture du Puy-en-Velay. Renaud Dumas, conseiller régional et sa compagne Marion étaient attendus par de nombreux militants pour leur sortie de garde-à-vue. Tous deux avaient été interpellés en fin d'après-midi ce mercredi 5 octobre alors qu'ils organisaient un rassemblement sur sur le chantier de la déviation St-Hostien/Le Pertuis dans le lieu-dit Rabuzac à Saint-Etienne-Lardeyrol.
Un peu plus tôt dans la journée, aux alentours de midi, un troisième militant, Claude avait lui aussi été autorisé à sortir par les Forces de l'Ordre. "Suite à la demande de la procureure, nous avons tous trois été placés en garde à vue afin de savoir si nous avions réellement bloqué les travaux en étant un groupe concerté avec violence ou voie de faits. Lors de nos différentes auditions, nous leur avons montré qu'il ne s'agissait que d'une simple action de communication" explique Renaud Daumas. Selon l'élu régional, l'affaire n'a pas encore été classée sans suite et l'enquête se poursuit.
"Ils l'ont fait pour nous intimider mais ça n'a pas marché"
"Lors de mon interpellation, je suis tombée des nues. Je suis quelqu'un de pacifiste. Quand on se fait interpeller, on a l'impression d'être une terroriste. On se sent coupable alors qu'on ne l'est pas", confie Marion. Cette dernière avait passé la nuit à la gendarmerie de Bains. "Ils l'ont fait pour nous intimider mais ça n'a pas marché. On a le droit de ne pas être d'accord", poursuit la militante.
Des mots partagés par les deux autres membres du collectif. "On va aller encore plus dans ce sens et veiller à ce que les travaux soient légaux", continue Claude. Cet agriculteur de profession a quant à lui été auditionné au commissariat du Puy-en-Velay avant d'être transféré à la gendarmerie de Loudes.
Près de 120 personnes présentes en soutien aux trois militants
Tard, ce mercredi 5 octobre, les membres du collectif Lutte des sucs avaient annoncé un rassemblement en soutien aux trois militants placés en garde à vue. Dès 10 heures, ce jeudi 6 octobre, bon nombre d'associations et collectifs écologistes étaient venus place du Breuil. "Ils sont prêts à tout, veulent tout diriger par la terreur", pouvait-on lire sur certaines pancartes affichées fièrement par les militants présents.
"Je voulais apporter mon soutien. C'est une réaction disproportionnée car l'action était pacifiste", témoigne Roberto Epple, président de l'association SOS Loire Vivante. Pour cet ancien hydrologiste, ce projet est aberrant et inutile. "Il traverse des zones humides de grandes importances. Cela aurait un impact très important", alerte-t-il.
Un avis partagé par Jean-Jacques Orfeuvre, vice-président de l'association France Nature Environnement 43. "Dès le début des travaux, en janvier 2021, quatre associations ont déposé une plainte sur le fond au tribunal administratif, qui n'a pas encore été étudiée. Une seconde plainte a été également été déposée sur la forme. L'instruction est toujours en cours", détaille-t-il.
Deux conseillères régionales avaient également fait le déplacement pour apporter leur soutien à leur collègue Renaud. "On a été informées par nos canaux de communication interne au groupe des Ecologistes. On trouve ça scandaleux", ont dénoncé d'une même voix Anaïs Widiez, conseillère régionale à la métropole de Lyon et Catherine Bony conseillère régionale de la Loire. Une affaire largement diffusée au sein du parti et même partagée sur les réseaux sociaux comme par exemple sur le compte Twitter de l'ancien candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot.
"Je pense aussi qu' à travers cette action c'est le président de Région qui est visé"
Selon le vice président de l'association "Oui à la deux fois deux voies RN 88", ces interpellations pourraient faire suite "aux dégradations subies par l'une des entreprises ayant travaillé sur le chantier". "Par rapport aux précédents, je me dis que finalement c'est utile. Le préfet a agit avec fermeté. Je pense aussi qu' à travers cette action c'est le président de Région qui est visé. Il a choisi de distribuer le fond européen de développement régional aux agriculteurs et aux chasseurs et non plus aux associations écologistes. Il y a donc forcément de la haine", détaille-t-il.
Selon des informations communiquées par un adjoint de la commune de Saint Hostien, deux machines ont été cassées la semaine dernière sur le chantier. L'entreprise ayant subi les dégradations a porté plainte suite à ces méfaits. Une information confirmée par l'établissement qui a souhaité resté anonyme. Depuis cet épisode, un gardien surveille les lieux du chantier.