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Puy de Lumières : à la santé des restos ponots
L'un des principaux objectifs de l'opération Puy de Lumières est clairement de fixer la clientèle, le Puy (et plus largement la Haute-Loire) étant considéré comme une terre de passage et visant à devenir une terre de destination, comme ne cessent de le marteler les acteurs du tourisme, élus en première ligne.
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"Les illuminations, c'est notre poule aux oeufs d'or"
Notre périple débute place du Plot, au coeur de la cité ponote. Michel Thevenin est à la tête de trois restaurants : Fleur de Sel et Casa Nostra sur la place, puis le Palais un peu plus bas. "Pour nous c'est le jackpot", lâche-t-il sans concession, "les illuminations, c'est notre poule aux oeufs d'or". Compte-tenu de son placement idéal, il est habitué à être complet en juillet et en août. Puy de Lumières lui a permis de booster sa fréquentation sur la période un peu plus creuse de mai-juin.
"On voit d'importants mouvements de foule le soir, le changement est radical avec les autres années", assure-t-il, "certains soirs, on a presque autant de monde que pour le Roi de l'Oiseau". Il estime qu'environ 50 % de sa clientèle nocturne vient spécifiquement pour les illuminations : "ils nous demandent des conseils sur le parcours ou sur les meilleurs illuminations à voir".
"Une très grosse différence par rapport aux autres années"
Les employés du Chamarlenc, rue Raphaël, ne peuvent que partager l'optimisme du constat. Leur clientèle a souvent été aiguillée depuis l'hébergement jusqu'à cette cuisine authentique. "On est complets tous les soirs depuis juin", concèdent-ils, alors que l'établissement a fait le choix de ne pas renouveler le couvert et de n'offrir qu'un service par repas. "On ne veut pas bousculer les gens qui sont à table, s'ils veulent prendre le temps... et puis on ne travaille qu'avec des produits frais, la logistique serait difficile à gérer si on multipliait les services".
Ils partagent l'impression de voir certains soirs une fréquentation comparable à celle du Roi de l'Oiseau et perçoivent "une très grosse différence par rapport aux autres années : même les Ponots reviennent plusieurs fois pour montrer les illuminations à leurs amis ou à leur famille".
Le doyen des restaurateurs du Puy n'avait "jamais vu autant de monde le soir"
Notre aventure nous conduit jusqu'au doyen des restaurateurs du Puy : Saïd Rouabah, gérant de la Felouque, toujours rue Raphaël. Il tempère la fréquentation : "c'est quand même beaucoup moins que pour le Roi de l'Oiseau, mais c'est vrai que ça fait venir beaucoup de monde". Présent depuis 1979 au Puy, il reconnaît n'avoir "jamais vu autant de monde le soir".
D'après lui, "le service de midi est identique aux autres années" mais le soir, les 50 couverts sont vites réservés. "Les gens restent plus longtemps, ils dorment au moins une nuit au Puy", ajoute-t-il. Une clientèle composée de nombreux locaux, mais aussi de Lyonnais et de Clermontois. Beaucoup lui demandent quel est le meilleur spot. Sa réponse ? "Aiguilhe sans hésiter, puis la cathédrale", conclut-il dans un large sourire.
"Je suis ici depuis huit ans et je n'ai pas plus de monde que les autres années"
Lorsque l'on s'avance rue des Tables, en cette période de l'année, il faut parfois jouer des coudes pour se frayer un chemin. On pousse la porte du restaurant Aline et H, en bas de la rue. Sa gérante, Aline Nzie, ne partage pas du tout l'enthousiasme de ses confrères : "je suis ici depuis huit ans et je n'ai pas plus de monde que les autres années. Il y a peut être plus de monde dans les rues, mais ils ne sont pas forcément consommateurs".
Si son restaurant affiche complet tous les soirs (environ 70 couverts), elle doute que ce soit lié aux illuminations : "c'est comme les autres saisons, idem le midi, le mois d'août est toujours très bon".
"Une bonne publicité pour le Puy, une petite ville qui bouge"
On poursuit l'ascension en direction de la cathédrale et la prochaine escale se fait à l'Auberge des Tables. Cyril Commeau, le gérant, et Isciane Champale, la serveuse, partagent le constat de leur précédente consoeur : "il n'y a pas trop de changement pour nous, on est régulièrement complet, comme les autres années".
Ils reconnaissent qu'il y a plus de monde le soir qu'auparavant mais ils estiment que ça n'influera pas vraiment le chiffre d'affaires : "il faut voir avec le temps mais en tout cas, c'est une bonne publicité pour le Puy, une petite ville qui bouge".
"On a le sentiment que le touriste ne se contente plus d'un simple crochet sur la route"
Les restaurateurs de la rue des Tables ont apporté un léger bémol mais globalement, tous semblent satisfaits. Nous allons donc nous écarter du circuit des illuminations pour voir si le constat est toujours aussi positif. "On refuse beaucoup plus de monde et il y a beaucoup plus de monde que les autres années", nous explique Anne Bonnet, gérante de l'Ecu d'Or, rue Pannessac, "les illuminations attirent beaucoup de monde et en plus on est bien référencés", ajoute-t-elle en référence à TripAdvisor.
Si pour elle, l'été a toujours bien marché, il y a cette année encore plus de monde. "Et c'est tout bénéfice car à 22h, ils partent profiter des illuminations et ça nous évite de finir trop tard", plaisante-t-elle, "en tout cas, on a le sentiment que ça fixe davantage le touriste, qu'il reste plus longtemps et ne se contente plus d'un simple crochet sur la route".
"Les gens viennent plus tôt et filent aux illuminations"
Peut être faut-il s'écarter un peu plus du circuit pour avoir des impressions négatives ? Au comptoir des Saveurs, avenue Foch, Cécile Coudert, la gérante, rentre tout juste de congés. Elle a repris l'activité ce mardi et manque donc d'un peu de recul. Elle a misé sur le mauvais cheval, celui du Tour de France, et a échangé ses congés de juillet avec août. "On n'a pas eu de retombées, on était peut être trop loin du passage".
En revanche, pour les illuminations, l'éloignement semble moins problématique : "les gens viennent plus tôt et filent aux illuminations". Il faut reconnaître que la proximité du théâtre constitue un bon point de départ pour le parcours des illuminations. Elle est presque complet depuis le début de la semaine et "les illuminations apportent un plus", même si elle insiste : "nous sommes un restaurant calme, les gens viennent ici pour autre chose, ce n'est pas un piège à touristes". Enfin, elle juge que l'aspect le plus positif, c'est de voir les locaux se réapproprier leur ville : "certains redécouvrent les beautés de leur cité, c'est très important pour le Puy".
Une hausse du chiffre d'affaires d'environ 20 %
----Le booster de la TV
Plusieurs restaurateurs nous l'ont confirmé : l'attrait de la télévision est énorme, elle booste la fréquentation et beaucoup ont choisi de venir au Puy après avoir vu les reportages soit de TF1, soit de France 2, les deux chaînes ayant consacré un sujet à l'animation ponote dans leurs éditions estivales.-----
Dernière étape à la Fabrique des Etoiles, place Cadelade. Là encore, le restaurant n'est pas sur le parcours et pourtant, Christelle Prades, la gérante, constate "une suractivité le soir, très concentrée entre 19h30 et 22h", qui la contraint à formuler "beaucoup de refus, parfois même plus que ceux que l'on accepte". Elle estime que les illuminations ont un effet très positif, qui "se répartit bien sur la ville". Certains clients, à force d'essuyer revers sur revers en vieille ville, atterrissent, par rebond, jusqu'à la place Cadelade.
La présence du Puy à la télévision, notamment avec le Tour de France, a dopé la fréquentation. En toute transparence, elle annonce un chiffre d'affaires en hausse de 20 % environ par rapport aux autres années. Autre conséquence : l'embauche d'une personne supplémentaire en août pour pallier la suractivité. A ce rythme là, il va falloir pousser les murs pour attirer les touristes en ville préfecture les prochaines années.
Maxime Pitavy
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