Michel Chapuis, candidat à la présidence de l'Agglo du Puy-en-Velay
Pourquoi le préfet n'ira pas au salon des maires ?
L’État ne sera pas présent à l’assemblée générale de l’AMF43 cette année. À deux jours de l’événement, ce mercredi 16 juin, le préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne a annoncé qu’il ne s’y rendra pas. Pour cause : les propos chargés de Bernard Souvignet, maire de Raucoules et président de l’AMF 43, il y a quelques jours. C’est la première fois que l’État n’interviendra pas à cette manifestation.
Lors de la présentation de la nouvelle sous préfète, Mme Cheffi Brenner-Adanlete, dont nous parlerons plus tard, le préfet en a profité pour réagir aux propos de Bernard Souvignet. Notamment sur une des phrases qui a particulièrement retenu son attention : « Sur les budgets, l’état en a rien foutre des maires sauf quand ça l’arrange ».
On vous en parlait ici :
« Non, l’État n’en a pas rien à foutre des maires. »
Cette phrase, le préfet l’a répété comme un Emile Zola répète J’accuse. Il souhaitait profiter d’avoir la presse pour partager « le choc et la surprise » à la lecture des propos du maire de Raucoules. Des propos qu’il désignera de « peu amène », qui ont amené sa décision de ne pas y participer cette année. « Je n’y assisterais pas en tant que représentant de l’État. Les services de l'État n’y assisteront pas non plus. C’est une première que ça arrive ».
Une réponse « avec élégance »
Eric Etienne rappelle les propos du maire de Raucoules « Le président a déclaré qu’il n'hésiterait pas à dire ce qu'il ne va pas. C’est un peu la mode des assemblées générales de ne jamais dire que tout va bien », exprime-t-il, « mais je dirai pour reprendre Yves Saint Laurent, la mode passe, l’élégance reste. Je vais donc tacher d’évoquer avec élégance les sujets sur lesquels on pourrait évoquer » termine-t-il, ressentant une pointe de sarcasme.
Le budget au débat
Bernard Souvignet a évoqué lors de la présentation du salon des maires la question des budgets. « On évoquera par exemple des budgets. Sur ce point là, l’état en a rien foutre des maires sauf quand ça l’arrange. Il faut qu’il travaille avec nous. Chaque année, on arrive à boucler notre budget. Lui à chaque fois, il a un budget déficitaire et il nous fait la leçon et nous reproche d’avoir des sous de côté et de ne pas l’aider. L’état n’a qu’à gérer son argent comme les communes ! On nous prend pour des larbins et ça, on le reproche un peu à l’État »
Pour répondre à cette problématique soulevée, le préfet explique : « On peut tous se mettre d'accord sur le fait que le budget de l’État est perfectible, mais personne du corps électoral ici n'a été donné des instructions aux maires sur la gestion de leur budget ». Il rappelle que l’État est là pour conseiller les maires et non les forcer à faire leur choix budgétaire. « Lorsqu’on conseille, on incite, on n’oblige pas. Et lorsqu’on ne conseille pas, on reproche à l’état, que l’état se désintéresse des collectivités ». Il termine là encore en rappelant que « « l’État n’en a pas rien à foutre des maires ».
20 millions d’euros de dotation de l’État en 2023
Un des points sur lequel le préfet a souhaité incité, ce sont ces chiffres. Des chiffres qui portent appuie à ses propos, dont il souhaite ainsi montrer que l’État accompagne les collectivités. Selon ses chiffres, à son arrivée en 2020, les dotations sur les projets des collectivités par l’État étaient de 12 millions d’euros en Haute-Loire. Aujourd’hui, elles sont à 20 millions. 42,7 millions si on prend l’aide de France Relance en 2021-2022. « Non, l’état n’en a pas rien à foutre ». Des dotations qui ont notamment augmenté d’environ 2/3 % en moyenne par commune sur 96,9 % des communes altiligériennes. Il a également souhaité prendre pour exemple Saint-Paulien, où l’assemblée des maires doit justement se dérouler, où la DGF (dotation globale de fonctionnement) a augmenté de 5 %.
Dédramatiser la violence qui augmente en Haute-Loire
« On reviendra aussi sur les agressions des maires. Lorsque c’est un chocolatier qui se fait tabasser parce qu’il est le petit-neveu de la femme à Macron, les individus sont arrêtés le jour même et vont devant le tribunal. Lorsqu’il s’agit de maires, c’est différent. Il y en a qui ont porté plainte il y a des mois, et qui ne savent pas où en sont les plaintes. Il faut qu’on soit traité comme tout le monde, ce n’est pas normal », a aussi expliqué le maire de Raucoules vendredi dernier.
Pour y répondre, là aussi, le préfet s’appuie sur des chiffres. Il ne nie pas le constat de l’augmentation de la violence partout en France, notamment par le biais des manifestations. « Je dirai qu'aujourd'hui, on peut tous être d'accord sur le constat que les individus sont de plus en plus virulents. On le voit dans les manifestations, pour les policiers et gendarmes, les sapeurs-pompiers. Toutes les personnes dépositaires de l'autorité publique qui sont deux fois malmenées, agressées. Mais également les élus et parfois les gens du corps électoral. »
« Les faits de violence et de délinquance aujourd'hui sont au même stade qu’avant la période covid, fin 2019 »
Mais quand on évoque les chiffes de la Haute-Loire, la tendance est plutôt inversée. « Les faits de violence et de délinquance aujourd'hui sont au même stade qu’avant la période covid, fin 2019 », explique t-il, « ça ne veut pas dire que tout va bien, ce ne sont pas mes propos mais ça veut dire qu’il n’y a pas tant de délinquance ici ».
Depuis sa prise de fonction en 2020, il évoque quatre cas d’agression d’élus sur le territoire, dont les deux sénateurs coupés d’électricités durant la grève en mars dernier.
De plus, il assure que de nombreux dispositifs spécifiques de prévention de délinquance ont été mis en place, en plus de la présence policière croissante. 6 000 heures de présence en 2019 contre 16 500 en 2022, et déjà 13 000 heures à ce jour, en juin 2023.
Pour conclure, en vue "des propos lourds que le président a portés envers l''État", Eric Etienne réitère sa décision de ne pas assister pour la première fois à l'AG des maires, mais aussi au premier salon des maires de ce vendredi 16 juin. Il souhaite tout même faire part de la disponibilité et la réactivité des services de l'État auprès des maires et des collectivités, malgré son absence, à tout instant.