Peste porcine africaine : la Haute-Loire se prépare à l'infection

Par Clara Serrano , Mise à jour le 03/01/2025 à 17:00

Alors qu'elle stagne à quelques kilomètres des frontières allemande et italienne de la France, la peste porcine africaine est une maladie hémorragique virale extrêmement mortelle et contagieuse. 

Dans le cadre de sa compétence de gestion de la sécurité civile et sanitaire, la préfecture de la Haute-Loire met en place chaque année un Plan Épizootie. Pour le tester en conditions (presque) réelles, les services préfectoraux, ainsi que l'ensemble des acteurs concernés, se sont mobilisés le 19 décembre dernier à l'occasion d'une journée d'exercice. 

Vous connaissez surement déjà les exercices antiterrorisme ou de gestion des phénomènes naturels. Cette fois, il est dédié à la gestion d'une contamination de peste porcine africaine (PPA) et a fait l'objet d'un scénario fictif, mais réaliste, le temps d'une journée : 

Il est 7 heures, Yssingeaux s'éveille ♫ 

« Aux alentours de 7 heures du matin, des symptômes de maladie contagieuse ont été détectés sur des animaux au sein de l'abattoir d'Yssingeaux. Dès lors, un premier niveau d'alerte est déclenché en préfecture : le Préfet Yvan Cordier prend un arrêté de mise sous surveillance. S'organise alors une très grande vigilance ainsi que des analyses sur les bêtes concernées », raconte le directeur de cabinet et sous-préfet Benoît De Lagarde. 

Et de poursuivre : « Lorsque la contamination est confirmée par le laboratoire, après environ deux à trois jours, nous passons à la phase deux. C'est-à-dire que nous passons à l'étape de la gestion de crise, le préfet déclare l'infection. Alors, sont mis en place un zonage, et une restriction des déplacements d'animaux. »

Le zonage est généralement établi, en lien avec les techniciens de la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt. Il concerne l'ensemble d'un territoire communal et s'étend sur approximativement 3 à 5 kilomètres autour de la zone de contamination. On y recherche d'autres cas, notamment au sein de la faune sauvage.

Benoît De Lagarde, directeur de cabinet, s'assure du bon déroulement de l'exercice. Photo par DR

« Les chasseurs ont un rôle primordial dans la détection de cas », Benoît De Lagarde

Là entrent alors en jeu les chasseurs, dont « le rôle est primordial pour la détection de nouveaux cas, avec la recherche de sangliers morts par exemple. C'est d'ailleurs le cas qui s'est présenté lors de l'exercice. Alors l'Office français de la biodiversité (OFB) est intervenu et a effectué des prélèvements, la fédération départementale des chasseurs a, elle, été alertée. »

Les éleveurs, eux aussi, ont un rôle majeur à jouer : celui de la prévention. Ce sont eux qui doivent, au sein de leurs exploitations, mettre en place des mesures de sécurité sanitaire. En passant notamment par la biosécurité, l'hygiène, la mise en quarantaine et, en dernier recours, lorsqu'il est trop tard, l'abattage. 

Pour les plus petites exploitations, l'État finance des audits, permettant de déterminer les travaux les plus importants à réaliser. 

La peste porcine africaine, ou PPA

La PPA est une maladie hémorragique virale qui touche les porcs domestiques et les sangliers, sans risque pour les êtres humains. La mortalité est proche de 100 % en 6 à 13 jours.

L'animal peut mourir subitement sans autre signe, mais les symptômes sont principalement une fièvre élevée et/ou hypothermie, rougeur de la peau, diminution de l'appétit, apathie, cyanose (extrémités bleues), incoordination motrice dans les 24 à 48 heures avant la mort, vomissements, diarrhée parfois sanglante, avortement et mort.

Le virus est présent dans le sang, les tissus, les sécrétions et excrétions des animaux malades, morts ou ayant survécu. Il reste durant plusieurs mois sur la viande morte, plusieurs années si elle est congelée.  Il n'existe ni vaccin ni traitement.

La maladie progresse lentement, aux frontières de la France

De son côté, Carole Souvignet, directrice départementale de l'emploi, du travail, de la solidarité et de la protection des populations fait le point sur la progression de la maladie, qui avance vers les frontières françaises, sans pour autant les franchir : « Nous sommes dans une phase de préparation, mais on ne sait absolument pas à quelle vitesse la maladie peut se propager ou non. Des foyers ont été identifiés entre 50 et 60 kilomètres en amont des frontières françaises en Allemagne et en Italie. »

Elle relativise : « On observe que la contamination se rapproche doucement des frontières. Pour autant, cela fait sept mois que la zone géographique concernée n'a pas progressé en notre direction. On peut supposer que les alpes constituent une barrière naturelle. »

Pour rappel, la PPA sévit hors de l'Europe en Russie, Ukraine, Moldavie et en Afrique. En Europe, elle a atteint la Sardaigne depuis 1978, la Pologne et les pays baltes en 2014, avant d'arriver en République Tchèque et en Roumanie en 2017.

Un enjeu majeur, surtout en Haute-Loire

L'importance d'une vigilance accrue est rabâchée par la directrice de la DDETSPP qui rappelle régulièrement aux éleveurs porcins les mesures de sécurité nécessaires pour se protéger et, le cas échéant, enrayer la propagation de la maladie.

Elle explique d'ailleurs les enjeux liés à la contamination d'un élevage à la PPA : « L'impact peut être catastrophique pour un élevage. À la fois économiquement et mentalement, puisque l'ensemble de l'élevage devra être dépeuplé si un cas est avéré. »

« La filière représente en Haute-Loire près de 60 000 porcs. Il s'agit d'un territoire plutôt naisseur, qui exporte généralement ses animaux dans d'autres départements ou pays. Une contamination pourrait donc être dramatique, pour l'éleveur, mais aussi pour toute la filière, avec une baisse forte et durable du cours du porc, et la fermeture des exportations », termine-t-elle. 

 

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
Valider