Projet RN 88 : les opposants interpellent le préfet

Déjà six mois que les crues ont bouleversé le paysage altiligérien. Après une phase d’urgence consacrée à la gestion des embâcles et à la sécurisation des zones à risque, l’heure est désormais au bilan et à la reconstruction.
Dès le 5 novembre 2024, un arrêté ministériel déclarait l'état de catastrophe naturelle, ouvrant droit à des aides exceptionnelles. Très rapidement, une première phase d’élaboration a été enclenchée : réunions, visites de terrain, constitution de dossiers… les services des collectivités et de l'État ont été pleinement mobilisés.
Après le passage de l’eau
Dans un premier temps, l'entreprise Epage est intervenue en urgence pour nettoyer les embâcles, évitant ainsi des sur-risques majeurs. Un dossier a été déposé pour bénéficier d’un financement via la DSEC (Dotation de Solidarité aux Collectivités victimes d'Événements Climatiques ou Géologiques), qui a pris en charge une partie de ces travaux.
Un nettoyage en profondeur des rivières Loire et Lignon est encore en cours, avant d’entrer dans la phase d’une reconstruction minutieuse des différents ouvrages. Le montant total des dommages déclarés s’élève à 22 millions d’euros.
La DSEC : soutien de l’État face aux événements climatiques
Le 22 octobre, la préfète de Région a activé le dispositif DSEC pour cinq départements : Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche et Lozère. L’Isère a rejoint le dispositif pour les crues survenues le 17 octobre 2024. Une commission a ensuite identifié les travaux prioritaires.
Qu’est-ce que la DSEC ?
La DSEC est une aide financière exceptionnelle de l’État destinée aux collectivités locales pour réparer des biens non assurables endommagés par des catastrophes naturelles (inondations, tempêtes, mouvements de terrain, etc.).
« Nous sommes à un niveau d’aide égal, voire supérieur à celui des années passées », souligne Yvan Cordier, préfet de Haute-Loire.
47 communes, quatre syndicats et deux EPCI ont présenté des dossiers justifiant leurs besoins financiers.
L’agence Ingé 43 (Agence d'ingénierie des territoires de Haute-Loire) a accompagné les structures dans l’élaboration technique des dossiers, tous finalisés à ce jour « ce travail permet d’éviter un rejet de dossier en fin de procédure », souligne le préfet.
Environ 400 demandes de travaux ont été recensées. Sur les 22 millions d’euros de dégâts, seuls 13 millions sont éligibles à la DSEC (certaines infrastructures comme les équipements sportifs ou les sentiers de randonnée étant exclus). Une décision provisoire porte sur 4,8 millions d’euros d’aides.
Le montant alloué dépend du taux d’effort, calculé en fonction de la taille et des moyens de chaque commune : les plus petites bénéficient d’un soutien plus important pour favoriser une reconstruction équitable. « Cela peut prendre du temps, car six départements sont concernés, mais nous espérons recevoir une enveloppe globale d’ici l’été », indique le préfet.
Le Fonds Barnier : une vision à long terme
Autre dispositif mobilisé : le Fonds Barnier, ou Fonds de prévention des risques naturels majeurs. Il ne finance pas la réparation mais les actions de prévention, visant à adapter les habitats existants aux contraintes environnementales, en achetant de biens exposés à des risques avérés.
« C’est une stratégie de bon sens. Refaire sans cesse des travaux coûteux pour contrer la nature n’est ni efficace ni souhaitable »
De ce constat, une dizaine de biens ont été étudiés dans le département, dont cinq ont été validés.
Un à Saint-Vincent au hameau de Larcenac et quatre à Coubon sont concernés. Ces habitations inondées seront rachetées puis démolies par l’État. Les mairies mènent les discussions et négociations avec les propriétaires avant d’acquérir les biens. « C’est une stratégie de bon sens. Refaire sans cesse des travaux coûteux pour contrer la nature n’est ni efficace ni souhaitable », souligne le préfet. À Chadrac, certains dossiers sont encore en cours d’instruction.
Programme pour les murs de soutènement et ouvrages d’art
Un programme national piloté par le CEREMA, en partenariat avec l’État, cible spécifiquement les ponts et murs de soutènement dans les petites et moyennes communes.
En Haute-Loire, neuf ponts situés sur cinq communes ont été jugés prioritaires directement liés aux inondations du 17 octobre. Le dépôt des dossiers est encore possible jusqu’au 30 juin 2025.
L’aide du CEREMA est cumulable avec la DSEC, et finançable jusqu’à 60 % des travaux. Là encore, Ingé 43 intervient pour accompagner les expertises, les études techniques, et les étapes de montage des projets.
Entre reconstruction et résilience
Parmi les six départements touchés, la Haute-Loire a rapidement su organiser les mesures à prendre : du nettoyage d’urgence à la structuration des demandes d’aides, en passant par la planification des travaux. « La solidarité nationale s’organise, et les choses avancent. Nous avons la chance, en France, de pouvoir compter sur ce type de dispositifs », affirme Yvan Cordier.
Il rappelle aussi la résilience du territoire : « En Haute-Loire, jamais une commune n'a contesté un Plan de Prévention des Risques. L’expérience des anciens et du terrain leur apportent une capacité de résilience. C’est un territoire qui sait rapidement se relever.» conclut le Préfet.
Aucun calendrier précis n’est encore fixé pour l’attribution des aides, mais le travail a déjà bien commencé pour effacer les stigmates des crues.
« En Haute-Loire, jamais une commune n'a contesté un Plan de Prévention des Risques. L’expérience des anciens et du terrain leur apportent une capacité de résilience. C’est un territoire qui sait rapidement se relever .»
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