Déraillement d'un train entre Saint-Étienne et Le Puy
Dimanche, c’est à chacun de choisir son Europe...
Entre le 23 et le 26 mai, 390 millions de citoyens européens sont appelés aux urnes. C’est l’une des plus grandes élections démocratiques au monde après l'Inde en nombre d'électeurs.
En Haute-Loire, l’Union européenne est représentée par le Relais Europe Direct Haute-Loire, un bureau hébergé par le Conseil départemental (au passage, tous les départements n’en ont pas ; par exemple un seul bureau regroupe la Loire, le Rhône et l’Ain). L’une de ses représentants, Maryse Descloux, a répondu à nos questions à l'approche du scrutin ce dimanche 26 mai 2019.
Zoomdici : Pourquoi aller voter ?
M.D. : "Avec ces élections, on va choisir les gens qui vont nous représenter pendant cinq ans et qui vont agir en notre nom au sein de l'Union européenne.
C'est important aussi parce que voter c'est exercer son droit. Alors même si ça semble être un lieu commun, ça reste quand même d’une importance fondamentale.
Et puis on participe ainsi au fonctionnement de l’UE. Sachant que le parlement est une de ses institutions, pas la seule. On a tous entendu parler de la Commission européenne, même si on ne sait pas exactement ce qu’elle fait. Il y a aussi le Conseil européen et puis le Conseil des ministres."
Zoomdici : Quelles mesures concrètes de l’UE impactent les citoyens jusqu’en Haute-Loire ?
M.D. : "Plein de choses, je pense par exemple à une information qui date de la mi-mai sur la réduction des frais téléphoniques quand on veut appeler en Europe. Ça, c'est une décision qui émane du parlement européen directement.
Il y a deux ans par exemple, c’était la fin des frais de roaming quand on se déplace avec son téléphone portable dans un pays de l’UE ; aujourd'hui le tarif est identique à celui qui est pratiqué en France.
Par exemple, les AOP (les anciennes AOC). Ces identifications géographiques européennes (IGP) sont aujourd’hui normées et on les retrouve dans la quasi totalité des Etats membres.
Le RGPD (règlement général sur la protection des données) est le plus haut standard mondial en matière de protection des données personnelles des citoyens.
On peut citer aussi la carte européenne d’assurance maladie, tout le travail sur le climat et l’environnement, etc."
Zoomdici : Quels projets ont été financés par l’UE en Haute-Loire ? A quelle hauteur ?
M.D. : "Il y a tellement de programmes différents que je n’ai pas une vision globale chiffrée à vous fournir. Je peux donner des exemples.
En ce qui concerne le FSE (Fonds Social Européen), la Mission locale peut bénéficier de financements européens.
Juste un coup de pub pour certaines listes
Parmi les 34 listes, moins d’une dizaine a une chance d’obtenir des sièges. En effet, un bon nombre d’entre elles utilise ces élections pour promouvoir leurs causes. Une liste décrochera des sièges pour peu qu’elle totalise au moins 5 % des voix. Il faut 3 % pour se voir rembourser les frais de campagne.
> Les intentions de vote selon l'Ifop
Après il y a tout le programme Erasmus -- qui a été beaucoup médiatisé grâce au film L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch -- qui permet d’envoyer des étudiants dans les pays de l’Union. Aujourd’hui Erasmus a beaucoup évolué puisqu’il regroupe tous les programmes de mobilité en direction de la jeunesse. Par exemple des échanges de jeunes entre associations françaises et d’autres pays de l’UE. Mais ça concerne aussi les apprentis et la formation professionnelle des enseignants. Par exemple, cinq élèves du lycée ponot Charles et Adrien Dupuy sont partis quatre semaines dans des entreprises irlandaises et hongroises, notamment dans le domaine de l’électricité.
C’est le gros enjeu, je crois, parce que ça permet aussi de s'approprier cette dimension européenne. Quand on participe à une telle expérience, ça permet sans doute de voir le monde d’une autre manière.
Un autre programme sera celui des sites Natura 2000 pour protéger la biodiversité [il y en a 22 en Haute-Loire, Ndlr].
Après, il y a tous les programmes FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural). Alors là c’est d’une complexité redoutable. De nombreuses communes peuvent en bénéficier pour des projets de rénovation ou de l’équipement par exemple. Les commerçants aussi. Et puis après il y a toute la Politique agricole commune bien sûr, surtout dans un département rural comme le nôtre" [soit plus de 155 millions d'euros en 2017 pour la Haute-Loire selon nos calculs, Ndlr].
À quoi sert l’Union européenne ?
Zoomdici : "Face aux enjeux planétaires d’aujourd’hui et de demain, l’Union européenne parle rarement d’une seule voix (la question migratoire les divise en une cacophonie flagrante). Certains prônent le divorce. Pourquoi rester dans l’UE ?"
M.D. : "Pour ce qui est de la cacophonie, des discussions sont en cours pour passer de la règle de l’unanimité à la majorité au sein du conseil de l’UE [28 ministres des Etats membres compétents selon le sujet traité, Ndlr].
Quant à la souveraineté de chaque Etat membre, déjà à l’heure actuelle, les parlements nationaux peuvent examiner les projets législatifs de l'Union, pour voir s'ils respectent le principe de subsidiarité, et prendre part à la révision des traités de l'Union ou à l'évaluation des politiques européennes dans l'espace de liberté, de sécurité et de justice."
Zoomdici : Pourquoi les députés européens n’ont-ils pas de permanences parlementaires et de visites de terrain dans leurs circonscriptions ? Circonscriptions qui deviendront caduques, mais la vraie question est : pourquoi ne les voit-on pas sur le terrain, parmi leurs électeurs une fois élus ?
Zoomdici : Il manque tout de même des visages à mettre sur l’UE. En Haute-Loire, le Relais Europe Direct en est le seul représentant mais on ne le voit guère… Que faites-vous sur le terrain ?
Zoomdici : Le Relais Europe Direct reste très peu connu du public ; un bureau perdu dans les couloirs du Conseil départemental. D’autres collectivités ont pignon sur rue (un pas de porte en plein centre-ville du Puy pour la Région). On voit très peu de panneaux indiquant que l’UE a contribué financièrement à telle ou telle réalisation (contrairement aux panneaux bleus de la Région qu’on voit partout). Lors d’inaugurations, chaque financeur est représenté mais pas l’UE. Du coup, le mérite revient à ceux qui sont sur la photo et qui s’expriment dans les articles de presse. Parfois l’UE a déboursé plus mais passe complètement inaperçue.
Zoomdici : Sait-on dans quel groupe parlementaire européen les listes françaises en lice vont siéger ?
M.D. : "C'est relativement connu pour les listes qui sont susceptibles d’obtenir les 5 % pour siéger. Après il faut 25 eurodéputés pour former un groupe. Aujourd’hui, on compte huit groupes parlementaires. Oui on sait où ils vont siéger. Pour La République en Marche, je crois qu’il y a des négociations en cours sur l’évolution de l’ALDE [les centristes, Ndlr]. Ils discutent du nom à lui donner, mais ça resterait le groupe où siégeait le MoDem précédemment."
Zoomdici : Certains, y compris parmi les européistes convaincus, estiment que l’UE souffre d’un déficit démocratique. À quoi bon voter pour des eurodéputés qui n’auraient qu’un pouvoir décisionnel limité ?
M.D. : "Par exemple, sur l’interdiction du Glyphosate, le Conseil européen voulait une échéance éloignée. Le parlement européen a fait réduire cette échéance.
Le parlement européen est co-législateur avec le Conseil des ministres" (Comprendre en quoi le parlement européen a de véritables pouvoirs).
Zoomdici : La balance contribution / bénéfice en termes de financement est-elle en faveur de la France, comme disait Margaret Thatcher avec sa célèbre formule « I want my money back » ? Pourquoi un tel désintérêt et un tel désamour pour l’UE ?
Zoomdici : Quelles seront les prochaines étapes après les élections ?
M.D. : "Les nouveaux élus se retrouveront en juillet pour une première session durant laquelle ils auront à élire le président du parlement européen (qui a un rôle plutôt protocolaire). Pour rappel, la France a eu deux présidents du parlement européen depuis que les élections sont au suffrage universel (en 1979) : Pierre Pfimlin et Simone Veil, la première femme à occuper cette fonction.
La seconde étape, toujours en juillet, ce sera la désignation du président de la Commission européenne. Sachant que le président actuel, Jean-Claude Juncker, a dit qu'il ne serait pas à nouveau candidat. Il y a quelques années, il a été décidé que la tête de liste du groupe parlementaire qui aurait le plus de suffrages serait désignée à la tête de la Commission européenne. Mais cela passe par de savantes négociations avec le conseil européen, à savoir les chefs d'État et de gouvernement. Cela pourrait être une personne extérieure."
Zoomdici : À ce qu’il paraît, Michel Barnier serait bien placé pour succéder à Jean-Claude Juncker (le négociateur du Brexit pour l’UE ne figure sur aucune liste) ?
M.D. : "Oui, alors le travail qu'il a pu effectuer pour les négociations du Brexit lui ont valu une reconnaissance importante en termes de compétences, ce qui fait qu'il peut être effectivement sur le poste.
Ensuite, après les congés d'été, ce sera la désignation des commissaires européens. Un par pays membre, donc normalement 27 puisque le Royaume-Uni sera censé être sorti à l'automne. Ceux-ci sont proposés par les Etats membres et soumis à une audition au parlement européen. Bon nombre ont été recalés par le passé."
> Bonus : Quels sont les eurodéputés français les plus assidus ? Et les plus absents ?
(+ Quels sigles correspondent à quels groupes parlementaires européens)
Dimanche, les bureaux de vote seront ouverts de 8h à 18h partout en Haute-Loire. Il s’agit d’une élection à un tour, à la proportionnelle.
Les résultats déclinés par commune et pour l’ensemble de la Haute-Loire seront publiés sur Zoomdici.fr dimanche à partir de 20h.
Annabel Walker
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