Déviation de la RN 88 : Vers une annulation partielle du projet ?

Par Clara Serrano , Mise à jour le 04/12/2024 à 17:00

Ce mardi 3 décembre au matin, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a audiencé les cinq recours portés contre l'arrêté préfectoral du 28 octobre 2020, autorisant l'aménagement de la RN88 pour la déviation entre Saint-Hostien et Le Pertuis. Le rapporteur public a rendu ses conclusions, et le juge rendra son verdict dans une quinzaine de jours. 

Parmi quatre recours déposés contre l'autorisation environnementale concernant l'aménagement de la RN 88 par la déviation entre Saint-Hostien et Le Pertuis, une seule a été considérée comme recevable par le rapporteur public, Carine Trimouille. 

Au sein du tribunal administratif de Clermont, elle a, « en seulement 40 minutes, donné son avis sur la recevabilité ou non des cinq recours. Seul celui porté par les associations a été approuvé », précise Renaud Daumas.

« Sous prétexte que nous ne serions pas impactés directement par l'arrêté et le projet, on rejette notre recours ». Myriam Laïdouni

Quatre irrecevabilités, pour "non-intérêt à agir"

Selon Myriam Laïdouni, conseillère régionale écologiste, qui a assisté à l'audience, la considération de non-intérêt à agir vis-à-vis de son recours représente une décisions "inconcevable." Elle souligne : « Sous prétexte que nous ne serions pas impactés directement par l'arrêté et le projet, on rejette notre recours. Or, la Région est le maitre d'œuvre, ce qui donne à ses élus la responsabilité de sa légalité. »

Et d'ajouter : « Par ailleurs, le peu de délibérations qui se sont déroulées à l'assemblée régionale étaient antérieures à la prise de l'arrêté. Il s'agissait alors d'une convention État/région (2018), puis d'un mandat État/Région (2020). Nous n'avions pas les éléments pour repérer les irrégularités. »

Pour elle, cette décision pose un réel « problème quant aux droits des élus, et représente une entrave à leur rôle. »

« Le coût des travaux, annoncé à 226 millions d'euros, est aujourd'hui estimé à plus de 400 millions ». Renaud Daumas 

Quel avenir pour le projet ? 

À l'issue de l'audience, les délibérations et la décision du juge ne seront rendues que dans une quinzaine de jours, peu avant les fêtes de fin d'année. 

Le recours associatif de FNE AURA, FNE 43, AUTA et SOS Loire Vivante est donc le seul a avoir abouti, et seulement sur les points 14.3.2 et 15.6, concernant le calendrier des mesures compensatoires. 

En effet, les mesures compensatoires auraient dû être mises en œuvre dès le début du chantier. « Quand on détruit des espaces naturels protégés, on doit, en contrepartie, mettre en place des mesures compensatoires. C'est-à-dire que les zones que la Région aurait acquises ou aurait eues en gestion pour renaturaliser, pour recréer des espaces de vie, avec toutes leurs fonctionnalités écologiques », complète le vice-président de FNE43 et conseiller régional écologiste, Renaud Daumas.

Poursuite, suspension ou annulation ? 

Pour les partisans d'une annulation totale du projet, les conclusions de la rapporteure sont insuffisantes. 

« Le dur du sujet, c'est la considération de l'intérêt public majeur. C'est aberrant qu'il n'ait pas été remis en cause »,  insiste Renaud Daumas

« On sait que dans près de 90 % des cas, le juge suit les conclusions du rapporteur public. » Une décision qui aura un impact direct sur la poursuite ou non du chantier, puisqu'une annulation partielle de l'arrêté pourrait entrainer la suspension des travaux, « le temps d'une régularisation ». 

À l'inverse, si le juge décide « d'aller plus loin et de remettre en cause l'utilité publique majeure et le non-travail sur les alternatives, il peut faire abroger l'arrêté préfectoral ».

Le représentant de FNE 43 détaille ainsi que les calculs de l'intérêt public majeur ou non, s'évaluent de manière arithmétique selon le gain et la perte liés au projet. « Lorsque l'arrêté a pris fin en 2020, la balance était déjà proche de la bascule. Alors, on considère que ça serait le cas aujourd'hui, en faveur d'une annulation, puisque le coût des travaux, annoncé à 226 millions d'euros, est aujourd'hui estimé à plus de 400 millions. »

Myriam Laïdouni dénonce ainsi : « Ce qui était attristant lors de cette audience était de voir que le rapporteur et les défenseurs du projet portaient un "œil d'avant". On ne peut plus nier les impacts de la perte de biodiversité. »

« Un retour en arrière est toujours possible. C'est arrivé pour le contournement du bourg de Beynac-et-Cazenac en Dordogne. Plus on avance, plus l'argent public et dépensé, et plus ça coutera cher à remettre en état. Si le projet est arrêté, autant que ce soit le plus tôt possible. Aujourd'hui, on estime que le chantier a déjà couté 50 millions. C'est minime par rapport au budget total », termine-t-elle.

Et Renaud Daumas de conclure : « On ne s'interdit pas de faire appel. »

 

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Vos commentaires

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7 commentaires

jeu 05/12/2024 - 21:09

Un demi milliard d'euros detravaux! Une dette financière pour nos enfants!

Du béton, du goudron, du CO2! Une dette climatique pour nos enfants!

L'égoisme nous coutera cher, l'Histoire jugera l'irresponsabilité des certaines décisions court termiste!

jeu 05/12/2024 - 11:31

Il faut en finir avec le concept de "développement" si cher à nos départements ruraux ultra-complexés.

Quand s'arrête le "développement" ? Jamais ! L'être humain (occidental) est insatiable.

Le "développement", c'est la destruction de notre cadre de vie.

Apprenons à nous contenter de ce qu'on a. On vit déjà comme des veaux gras.

jeu 05/12/2024 - 10:14

Dans 15 jours la justice DIRA. cet argent pourrait bien mieux être utilisé ailleurs .. santé, éducation, culture ...

jeu 05/12/2024 - 08:20

Grave si la préfecture et la région ont agi sans le respect du droit. Au lieu de chercher le compromis (des déviations plus douces, moins impactantes) , ils ont ressorti un dossier vieux de 40 ans plus en phase avec nos connaissances des urgences environnementales. C est dommage , St hostien et le pertuis méritent une déviation,  mais que ce projet soit révisé et moins destructeur.  Heureusement que la justice rappelle au décideur le droit. 

mer 04/12/2024 - 21:35

GRAVE si la justice accepte la requête car les travaux sont bien avancés : gaspillage de temps et d'argent qui serait scandaleux !!!!!! De plus notre département est en retard sur le développement des routes par rapport au nationale INQUIETANT pour espérer un développement plus rapide de la sécurité et de notre économie !!!!

mer 04/12/2024 - 20:37

Pour la sécurité de tous, vivement cette déviation. 

mer 04/12/2024 - 18:50

Toutefois nous devons beaucoup Regretter que les avis des proches Riverains de St HOSTIEN et du PERTUIS traversés aujourd'hui par cette dangereuse N88 et Habitants locaux du Puy en Velay soit passés sous silençe par une Minorité qui s'oppose à ce projet de désenclavement de nos entreprises sourçe d'emplois sur le secteur et de sécurité routière dont la plupart des opposants ne sont ni domiciliés sur la zone des travaux ni même issus du département.

Je renseigne ma commune de préférence :

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