C’est une petite centaine de personnes, venues parfois de loin, qui se sont ainsi retrouvées ce samedi, dans le champ gracieusement mis à leur disposition par un agriculteur de la localité, sur le tracé de la future déviation.
Au programme de cette journée : balade naturaliste sur une partie du tracé, actualité du projet et de la lutte, soupe aux lentilles et aux carottes, concert et projection du film « la bataille de l’eau noire » du réalisateur Benjamin Hennot.
Une première journée axée sur la pédagogie et les échanges
« Le tracé de la future déviation passera sur 20 ha de zones humides, c’est la raison pour laquelle nous nous sommes rassemblés ici précisément », explique Francis, naturaliste amateur, dans sa présentation des lieux et des enjeux de la lutte. Et de de poursuivre : « Dans la situation actuelle de dérèglement climatique et de grande sécheresse nous avons plus que jamais besoin de ce genre d’espace naturel. Il permet à la fois de lutter contre les causes et contre les conséquences du dérèglement, puisque sa végétation particulière est capable de stocker le carbone. En recevant de l’eau, en la stockant et en la restituant, les zones humides jouent également un rôle très important dans la prévention des inondations et des épisodes de sècheresse. Elles limitent l’assèchement de la nappe phréatique en période chaude en restituant l’excès d’eau qu’elles ont pu stocker en période pluvieuse. Elles agissent donc comme des éponges naturelles ».
Et pour finir, de préciser : « C’est aussi un merveilleux réservoir de biodiversité. Nous n’avons pas encore fini notre travail de recensement de l’ensemble des espèces vivantes qui peuplent cet endroit merveilleux. De nombreux batraciens viennent s’y reproduire et ils y poussent de nombreuses espèces végétales protégées au niveau national ».
Isabelle, de Saint-Etienne Lardeyrol, semble convaincue. Elle compte participer aux deux journées de mobilisation : « Je suis venue avant tout pour m’informer, pour apporter mon soutien à ce collectif qui a choisi de défendre l’essentiel : notre environnement proche. Je soutiens totalement cette démarche sans être contre l’idée du détournement de Saint-Hostien et du Pertuis. Je pense qu’il faudrait se satisfaire d’un petit contournement local tout en améliorant et en sécurisant le tracé actuel ».
Aux bords de quelques haies naturelles, peut être appelées à disparaitre, Ivan et son groupe d’amis ont posé leurs vélos et planté leurs tentes. Ils font partie de l’association « Alter - Tour », qui organise chaque année un tour de France alternatif au cours duquel se succèdent jours de vélo, actions militantes et visite de soutien.
Partis de Nice le 11 juillet dernier, ils sont arrivés aujourd’hui à Ouillon : « Nous sommes là pour apporter notre soutien moral et intellectuel à nos camarades en lutte, nous précise Ivan. Nous pensons qu’à l’heure actuelle, la préservation de la biodiversité, la lutte contre le réchauffement climatique sont des priorités. Gagner trois minutes entre le Puy et Saint-Etienne, en saccageant des espaces naturels, on ne pouvait pas laisser passer ça ! Les gens qui se battent ici et maintenant se battent pour les autres, pas pour eux. C’est ce genre d’initiatives que nous devrions tous soutenir ».
Des organisateurs optimistes mais prudents
Sur place, au sein de l’équipe des organisateurs règne un optimisme mesuré. Lors de sa prise de parole, l’élu écologiste Renaud Daumas a rappelé que trois recours contre le projet de déviation avaient été déposés devant le tribunal administratif par un collectif d’associations ainsi que par l’élue écologiste à la région, Myriam Laïdouni – Denis. « La justice devrait trancher sur le dossier dans les mois à venir, sans doute cet automne, au plus tard cet hiver » nous précise Jean-Jacques, un des organisateurs.
Nous sommes tous là ce soir, parce que nous y croyons, mais nous avons aussi conscience que si le Tribunal ne nous suit pas, nous aurons peut-être brûlé nos dernières cartouches ».
Une journée de dimanche sous le signe du travail
La matinée de dimanche sera consacrée à l’entretien du champ de patates de la variété locale désormais célèbre « RN 88 ». Elles avaient été semées en mai dernier sur l’un des champs menacés par le projet de déviation, et comme toutes les variétés, elles restent sujettes à l’attaque des doryphores et ont besoin de l’attention de leurs cultivateurs.
L’après-midi, les participants étaien invités à s’inscrire dans plusieurs commissions de travail visant, entre autres à prendre contact avec les derniers propriétaires des parcelles concernées par le projet ou bien encore à poursuivre le travail de relevé et de localisation des espèces protégées présentes sur le site.