Mardi, une réunion au siège social d'Auchan, à Lille, a donné lieu à l'annonce d'un plan de restructuration, touchant l'enseigne à l'échelle nationale. Du côté de Brives, l'information a été relayée par le manager, qui a convoqué six de ses quelque 160 salariés. Deux cadres et quatre conseillers de vente ont alors été notifiés de leur licenciement, qui devrait prendre effet d'ici à septembre 2025. L'un d'eux, souhaitant rester anonyme, s'est confié à Zoomdici.
« La réponse du directeur à Michel Barnier est un mensonge »
Pour rappel, en début de semaine, le Premier ministre Michel Barnier interrogeait plusieurs grandes entreprises ayant perçu d'importantes subventions destinées à la sauvegarde des emplois, et qui ont, malgré tout, récemment annoncé des plans sociaux.
Interrogations auxquelles le directeur général, Guillaume Darasse, a répondu que des primes avaient été versées avec cet argent.
Une réponse qui fait bondir D., qui assure : « C'est un mensonge. Nous n'avons pas bénéficié de telles primes, et c'était parfois même le contraire. »
« Auchan suit la même lignée que Géant il y a quelques années », un salarié concerné.
Conseiller de vente depuis un bon nombre d'années, ce salarié, que nous appellerons D., dénonce une mauvaise gestion de l'enseigne, à l'échelle nationale : « Il y a quatre ans, un plan social avait déjà entraîné la suppression de sept postes à Brives. Aujourd'hui, notre service est rentable. Nous réalisons du chiffre, largement suffisant pour payer les salariés. Mais la mauvaise gestion, elle est nationale. »
Mais s'il regrette qu'Auchan ait choisi de supprimer des emplois, pour tenter de réduire ses coûts de fonctionnement, il craint particulièrement le chemin que prend l'enseigne : « On voit qu'Auchan suit la même lignée que Géant il y a quelques années. Comme eux, Auchan augmente les prix, supprime les services, licencie ses vendeurs commerciaux. Et on ne peut que constater où ils en sont aujourd'hui. »
« On est totalement déshumanisés par la direction »
Il rapporte par ailleurs sont « dégoût » et celui des clients, souvent surpris, mais surtout leur incompréhension. « On est tous dégoutés. Et surtout, on est dans l'incompréhension, parce que contrairement à ce qu'on nous dit, les gens ne font pas 100 % de leurs achats sur internet. En particulier ici. Nous sommes dans un territoire rural, où les gens apprécient encore le contact et la relation avec les vendeurs. Certains bons clients m'interrogent : "où est-ce qu'on va aller ?", et "qui va nous conseiller ?". »
En effet, il redoute que ses services, sa relation avec les clients, ne soit remplacée par des automates, et que l'offre des produits soit réduite. Il confie d'ailleurs : « Désormais, on assure nos missions bien sûr, mais on a mis le frein à main. Et puis, au fil de l'eau, durant les derniers mois, on creusera notre propre tombe. On devra nous-mêmes aménager les rayons pour ce qui sera notre succession. »
« Durant les derniers mois, on creusera notre propre tombe. »
« Rien ne sert de rester dans une entreprise sans valeur humaine. »
À la question de savoir ce qu'il prévoit pour l'avenir, D. exprime colère et aversion : « Dans le courrier qui nous a été adressé, et qui est affiché dans le couloir des salariés, nous sommes totalement déshumanisés. On voit bien que le directeur général n'a aucun état d'âme. Auchan n'est qu'une infime partie du groupe qui le détient. Ils ne se soucient pas de nous. Rien ne sert de rester dans une entreprise sans valeur humaine. »
Après de nombreuses années passées au sein de l'entreprise, D. raconte avoir constaté son évolution, notamment dans sa relation avec les salariés, comme lui. « Au début, j'étais très attaché à l'enseigne dans sa globalité. On avait ce sentiment d'appartenance. Puis mon attachement s'est limité au magasin de Brives où nous avions nos clients, nos collaborateurs, etc. Mais aujourd'hui, il ne reste rien de tout ça. »
Alors pour lui, seul l'avenir pourra déterminer s'il entame une reconversion, où s'il se dirigera vers une autre enseigne.
La rédaction a tenté de joindre la direction d'Auchan de Brives-Charensac. Il n'y a pas eu de réponses.