Michelin a annoncé ce 5 novembre la fermeture des usines de Cholet, dans le Maine-et-Loire, et à Vannes, dans le Morbihan. Près de 1 250 salariés sont concernés par ce qui représente les cinquième et sixième fermetures d'usine de Michelin en France depuis le début des années 2000.
À Blavozy, pas de fermeture définitive, mais des inquiétudes, ravivées pour quelques 500 salariés altiligériens, qui verront, en fin d'année 2024 et jusqu'au début 2025, leur site de production à l'arrêt.
Michelin explique ses décisions par l'effondrement des ventes de pneus des camions et camionnettes.« C'est l'effondrement de l'activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré Florent Menegaux, PDG, dans un entretien accordé à l'AFP (Agence France Presse).
« Il n'y a pas lieu de fermer des usines » Hervé Bancel, délégué CGT de l'usine Michelin de Blavozy
Face aux déclarations de la direction chez nos confrères, et au discours qui lui est donné par la direction, Hervé Bancel se dit en colère : « On prend la nouvelle avec beaucoup de colère et de mépris envers la direction, parce qu'on entend parler de réindustrialisation, mais Michelin, entreprise française du CAC 40, ferme des usines. »
Puis, il poursuit : « On a d'ailleurs une grosse pensée pour tous les salariés et leurs proches concernés dans le Morbihan et le Maine-et-Loire, et nous sommes en réflexion sur des mesures de soutien à leur apporter, pour montrer notre désaccord face à cette politique de désindustrialisation menée par l'entreprise. »
« D'un point de vue économique, rien n'indique que les sites qui ferment ne sont pas viables », considère Hervé Bancel, délégué CGT de l'usine Michelin de Blavozy
Pour lui, le problème qui a mené à cette situation pour tant de salariés Michelin, c'est la politique du chiffre menée par la direction de l'entreprise. Il explique en effet que, « depuis un moment maintenant, Michelin augmente ses prix, et ses marges. On produit de moins en moins de pneus, pour de plus en plus de bénéfices. Alors, on veut bien comprendre que le marché évolue, et que la demande diminue. Mais dans ce cas, il faut que l'on m'explique comment est-ce que l'entreprise réalise plus de deux milliards d'euros de bénéfices. »
Il dénonce ainsi la part des dividendes dans la répartition des revenus de l'entreprise, expliquant que « on ne veut pas tout leur enlever, mais ils prennent aujourd'hui près de 50 % des bénéfices de l'entreprise. Ce n'est pas rien. Et à côté de ça, on ferme des usines. »
Sur le site altiligérien, c'est d'ailleurs pendant une période de six semaines, du 25 novembre au 12 janvier, que l'usine se trouvera à l'arrêt. Une nouvelle que les syndicats ont appris, malgré la demande il y a près d'un mois d'un droit d'alerte économique, restée selon lui sans réponse.
« Si Michelin devait faire quelque chose pour l'emploi aujourd'hui, je pense qu'il faudrait plutôt essayer de baisser les marges opérationnelles. Des choix stratégiques doivent être faits. »
Selon le délégué syndical, la politique économique de l'entreprise est donc en cause, plus que la conjoncture nationale et internationale. Il considère d'ailleurs que, « depuis un moment, Michelin est très agressif sur les prix, pour conserver une forte marge opérationnelle et gagner le plus d'argent possible. Mais les gens ne sont plus prêts à dépenser autant. »
Il revendique ainsi une meilleure adaptation des usines aux nouvelles demandes du marché, avec parfois des changements de productions, des formations, etc. Dans le but de conserver, à tout prix, les emplois.
« Quand on nous parle de montée en puissance des produits asiatiques sur nos marchés français. En fait, les bus, les camions que l'on voit aujourd'hui n'ont pas des pneus chinois. Ils ont des pneus Michelin, qui ont été fabriqués en Chine. »