Théâtre et coup de théâtre. Joie et désillusion. Estocade et botte secrète. Depuis le printemps 2022, une bataille fait rage sur les terres de Saint-Didier-en-Velay entre les pro-construction d’une zone d’activité en plein bois de Bramard et les protecteurs de cette zone parsemée de zones humides et de sa biodiversité attenante.
Par un arrêté préfectoral, une zone artisanale de 11 hectares s’engouffre dans les tuyaux de la Comcom Loire-Semène. Si des promesses d’emplois sont lancées à tout-va par les entreprises partenaires, les défenseurs écologiques refusent que des milliers d’arbres soient ainsi sacrifiés au nom de l’économie.
Quand la démocratie n’a aucune valeur
Les résistants, une poignée d’abord, sont rapidement épaulés par des associations du coin ou d’envergure nationale. « Sauvegarde Environnement » répond présent en premier, secondée par « Aurec Environnement », puis France Nature Environnement (FNE). Lors de la réunion publique, 80 % des participants s’opposent au projet. Malgré tout, le commissaire enquêteur donne un avis favorable pour la construction de la ZA.
Un pet de lapin
Tracts, rencontres, rapports d’experts, courriers aux élus… Toutes les armes sont utilisées pour sensibiliser le monde à « cette aberration écologique », d’après les termes des défenseurs du Bois de Bramard. Une pétition lourde de 30 000 signataires arrive même dans les mains des institutions… qui fait l’effet « d’un pet de lapin ».
Champagne...
En septembre 2022, les arracheuses rasent 4 000 arbres de la forêt « alors que les mesures préventives avant et pendant les travaux ne sont pas en place », dixit les défenseurs de l’environnement. Le 22 mars 2024, le tribunal prend possession des dossiers d’anomalies confiés par la FNE et Sauvegarde Environnement. Le 5 avril, le Tribunal administratif annule l’arrêté préfectoral. Champagne pour les protecteurs du Bois de Bramard.
decision_bramard_05.04.24.pdf
… et gueule de bois
Mais la saveur des bulles pétillantes sera de courte durée. Le 5 juin, la Comcom Loire Semène toque à la porte de la cour d’appel de Lyon, avec leurs arguments à eux. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, la collectivité s’octroie un allié de choix improbable, un bulldozer politique. Car le 10 juillet, c’est le Ministère de la Transition écologique qui part au secours des porteurs du projet, faisant fi de la destruction de la faune et de la flore dénoncée par les associations écologiques.
« Ces faits démontrent une fois de plus que le ministère de la transition écologique n'est pas le ministère de la protection de l'environnement ». Les associations environnementales
« Nous pensons qu'il est primordial de la dévoiler au grand jour »
Une expression populaire dit : « C’est l’hôpital qui se fout de la charité ». Là, c’est un peu la même chose. « Que faut-il penser du ministère ?, s’interrogent les associations. Pour qui est-il chargé d'intervenir ? En ce qui nous concerne, nous voyons qu'il agit pour le développement des entreprises locales, ce que nous ne refusons pas, mais en ne respectant aucun texte environnemental : artificialisation, mitage, destruction de sources et de zones humides qui sont les seuls réservoirs d'eau sur notre territoire, destruction d'espèces protégées... »
Avant de terminer : « Nous sommes indignés de cette attitude du ministère et nous pensons qu'il est primordial de la dévoiler au grand jour ».