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Ressource en eau : « Nous devons trouver un équilibre territorial »

Par Clara Serrano , Mise à jour le 09/08/2024 à 15:40

Missionné par la préfète de région Fabienne Buccio, le préfet de la Haute-Loire Yvan Cordier éclaircit les contours de la nouvelle commission InterSage Ardèche / Loire Amont, qui devrait étudier et redéfinir la répartition de la ressource en eau entre les deux zones. 

Suite à notre article sur le sujet, le préfet Yvan Cordier a souhaité redéfinir précisément son rôle et celui de la commission interSage Ardèche / Loire Amont, qualifiant le sujet de très complexe. 

Les SAGE Loire Amont et Ardèche partagent une frontière. Photo par Laurane Vidil

En effet, cette commission, formée des différents acteurs et usagers de l'eau des deux CLE (commission locale de l'eau) est en charge des SAGE (schéma d'aménagement et de gestion des eaux) Loire Amont et Ardèche. 

Parmi eux, le préfet, donc, qui assure un rôle de coordinateur, les présidents des deux CLE, Philippe Cathonnet et Pascal Bonnetain, mais aussi Xavier Delorme, directeur d'EDF hydro Loire-Ardèche, et les deux présidents des conseils départementaux de Haute-Loire et d'Ardèche : Marie-Agnès Petit et Olivier Amrane.

L'objectif, selon M. Yvan Cordier : « éviter, dans un contexte de réchauffement climatique qui pourrait amener une hausse du besoin et une réduction de la ressource disponible, un schéma de confrontation ». Pour cela, ils souhaitent avoir une vision partagée et exhaustive de l'usage de l'eau dans chaque bassin versant.

EDF aux commandes

C'est là qu'entre en jeu la station hydroélectrique de Montpezat. C'est elle qui possède les commandes des galeries souterraines reliant les trois bassins de Lapalisse, du Gage, et de la Veyradère et du lac d'Issarlès. C'est donc EDF qui a la responsabilité, selon les directives de l'État, de faire varier les volumes et débits d'eau. 

« Compte tenu du contexte actuel et de la prise de conscience collective de la nécessité d'une autonomie énergétique, l'État souhaite, selon le préfet, préserver et développer l'énergie hydroélectrique. » C'est d'ailleurs la mission première de la centrale, dont les concepteurs, il y a 70 ans, avaient choisi « de déverser l'eau utilisée du côté de l'Ardèche, parce que le dénivelé, donc la production d'énergie, étaient plus importants. »

Le représentant de l'État rappelle d'ailleurs que les accords de concession de 1954, face au prélèvement de la Loire vers de bassin ardéchois, prévoient des garanties pour que le fleuve ne soit pas asséché. Parmi elles : lors des périodes d'étiage, la concession de Montpezat a l'obligation d'assurer au moins 1 m³/s au pont de la borie. 

« On remarque d'ailleurs les effets du changement climatique puisque, pour respecter cette directive, EDF versait, entre 1995 et 2024, 0,5 million m3/an en moyenne dans la Loire. Entre 2015 et 2023, c'était 1,7 million m3/an en moyenne. »

« L'eau est un bien commun, dont l'État est garant »

Le préfet de la Haute-Loire explique ainsi : « L'eau est un bien commun, dont l'État est le garant. Nous devons trouver un équilibre entre les différents usages de l'eau, humains et environnementaux. » Sont donc concernés l'eau potable, l'irrigation, la production d'énergie hydraulique, les sports d'eau, les besoins de la biodiversité, etc. 

Mais alors que l'Ardèche est déjà bien avancée et renseignée sur le sujet, en Haute-Loire, la prise de conscience de cette nécessité de gestion de la ressource est assez tardive, remontant seulement aux sécheresses de 2022, 2023. 

C'est pourquoi deux études scientifiques ont été lancées par la commission. Elles devraient aboutir, d'ici à l'été 2025 et servir de point de départ au document de travail, à la feuille de route, de l'InterSAGE.

Ardèche 2050 : S'adapter aux nouvelles ressources

L'étude Ardèche 2050 prévoit d'ici là, des diminutions de 30 % des débits estivaux, et de 15 % des capacités de remplissage hivernaux, parallèlement à une hausse des besoins. 

En effet, elle note, entre 1960 et 2019, une hausse moyenne de 2,5°C sur le piémont cévenol, des vagues de chaleur plus intenses, plus longues et plus fréquentes, une augmentation de 38 % de l'évapotranspiration, et des pluies plus intenses à l'automne. 

Elle prévoit, pour la période 2020 à 2050, +1°C en moyenne, un réduction par deux du nombre de jour de gel par an, une augmentation de 15 jours par an de forte chaleur en basse vallée (température max supérieure à 35°C) et rend compte de fortes incertitudes quant à l'évolution des pluies, bien qu'elle table sur une baisse en été, et une augmentation en hiver. 

« Je crois qu'on n'a pas le choix. Il faudra donc se montrer le plus juste possible. »

Face à l'importance du sujet, à la fois locale et d'intérêt général, le préfet et l'ensemble des acteurs souhaitent en effet s'appuyer sur des éléments scientifiques, et « éviter toutes postures non fondées ».

Une répartition qui s'annonce difficile, mais dont les enjeux humains, économiques et environnementaux s'annoncent majeurs. Et qui devrait certainement passer par des arbitrages : « Je crois qu'on n'a pas le choix. Nous avons une ressource donnée, à partager. Il faudra donc se montrer le plus juste possible. »

Au calendrier, une nouvelle réunion de la commission InterSAGE le 11 octobre, à l'occasion des 70 ans de la centrale de Montpezat, puis encore trois ou quatre réparties avant juillet 2025. Là, seront livrées les études HMUC (hydrologie-milieux-usages-climat) et du CLE Loire Amont (financée par le Département de la Haute-Loire). 

Ce qui « donne une bonne fenêtre d'action entre juillet et décembre 2025 ».

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