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L'épicerie solidaire fête ses 10 ans : " Nous sommes plus une grande famille qu'une grande surface"

Par . . , Mise à jour le 04/12/2022 à 06:00

Le restaurant pédagogique du lycée  Jean Monnet accueillait ce samedi bénévoles, salariés et bénéficiaires de l’épicerie solidaire du Puy , tous réunis pour fêter le dixième anniversaire de cette structure qui vient en aide à une soixantaine de familles dans le besoin. Au programme de la journée : repas de fête, anti-gaspillage et résilience.

Daniel aurait pu être acteur dans une autre vie. Il a le regard bleu et décidé. Il semble à la fois fort et fragile. Après avoir déjà bénéficié, il y a quelques années, du soutien de l'épicerie solidaire, s’en « être sorti » par ses propres moyens, il est à nouveau pris en charge par les bénévoles de l’association depuis trois mois : « Je dois gérer à la fois ma mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer et ma fille. J’ai des problèmes de logement. Je ne me sens pas assez fort pour le moment, pour m’en sortir tout seul ». Il reste fier de son parcours malgré tout, met en avant ses convictions et se projette déjà dans l’avenir : « Je vais passer une formation pour devenir aide – soignant. Moi aussi, j’ai envie d’aider les autres un jour. Je veux rendre à la société tout ce qu’elle m’a déjà donné, je ne suis pas là pour en profiter ».

Un tarif préférentiel pour les achats du quotidien mais également une aide à la réinsertion

Le fonctionnement et la raison d’être de l’Épicerie dont on fête cette année le dixième anniversaire sont effectivement simples et vertueux. Marie Subirana, sa présidente nous en livre les grands principes : « Notre structure est une association d’aide qui permet à des personnes rencontrant de manière momentanée des difficultés financières ou sociales d’accéder à des produits alimentaires ou d’hygiène à un tarif préférentiel ». Loin d’elle pourtant l’idée de devenir « une béquille permanente » : « Nous cherchons avant tout à aider des gens qui traversent une période difficile. Nos bénéficiaires ne sont pris en charge que neuf mois au maximum. Ils doivent avoir un projet pour s’en sortir. On est là aussi pour ça, les aider et les soutenir dans leur gestion au quotidien et dans leur réinsertion ».

C’est en vertu de cet objectif, qu’une fois par mois, Isabelle, l’unique salariée de l’association, conseillère en économie sociale et familiale, anime des petits ateliers pour les bénéficiaires autour de thématiques variées comme la gestion d’un budget, la consommation, la santé ou l’alimentation.

 

Le défi de la journée : réaliser un repas de fête le moins cher possible

Et l’alimentation justement, il en était question en cette journée d’anniversaire, qui prenait la forme d’un défi : réaliser un repas de fête complet pour huit personnes d’une valeur de 40 euros, soit de cinq euros par personne. Les participants ? Des bénévoles et des bénéficiaires s’activant sous le regard bienveillant du maître des lieux, Daniel Lopez, chef cuisinier et professeur au lycée Jean Monnet ainsi que sous celui de Bruno Capraro, ancien chef de « La Renouée » à Saint-Vincent.

 

Daniel Lopez et Bruno Caprazo Photo par jfp

"Apprendre à cuisiner sainement avec un budget réduit" Isabelle, salariée de l'épicerie solidaire 

« Les personnes dans le besoin auraient tendance à croire que consommer des produits déjà cuisinés revient moins cher que de cuisiner soi-même. On le voit à l’Épicerie : ils se ruent sur les paquets de chips alors que les pommes de terre restent dans nos rayons. Une de nos priorités c’est de leur apprendre à cuisiner sainement avec un budget réduit au maximum » nous explique Isabelle, la conseillère.

Daniel semble conquis d'avance par le défi. Il aime cuisiner, même s’il avoue ne pas toujours prendre le temps de le faire. Le geste semble précis pourtant lorsqu’il émince des endives. Avec son binôme, il prépare une salade d’endives aux trois agrumes (« faut dire comme ça en grande cuisine » insiste-t-il), un filet de dinde sauce moutarde accompagné d’une purée de panais et de butternut et un cake aux pommes.

 

Daniel prépare une salade d'endives aux trois agrumes Photo par jfp

" La solution? cuisiner local le plus possible!" Bruno Capraro

Cette journée de fête est l’aboutissement d’un long travail porté à la fois par les bénévoles de l’épicerie ainsi que par Daniel Lopez, « le Chef du Jean-Monnet » : « Avec Bruno Capraro on a tout guidé pour que ce soit le plus festif possible. Les élèves du BTS Communication du Lycée Saint-Jacques de Compostelle ont assuré la communication sur les réseaux sociaux et ont réalisé les diplômes qu’on donnera aux participants en fin de journée. C’est comme l’Ecole des Fans, y’aura pas de perdants : on remettra le diplôme du goût le plus fin, celui de la meilleure technique culinaire, celui de l’originalité ou encore celui de la meilleure association. A la fin on aimerait faire un livre de recettes pas chères et anti-gaspi ». Présent à ses côtés, Bruno Capraro lève le voile sur la recette miracle : "cuisiner local le plus possible".

 

" Il est urgent d'être résilient et de poursuivre ce genre de projet " Chloé Landriot

C'est quoi la résilience?

La résilience est l'aptitude à faire face avec succès à une situation représentant un stress intense en raison du risque qu'elle représente. C'est aussi l'aptitude à se ressaisir, à s'adapter et à réussir à vivre malgré cette situation.

 

Chloé Landriot, membre de l’association « Résiliacteurs43 » cuisine quant à elle une tarte aux châtaignes accompagnée d’une salade d’endives, une poêlée de carottes, de panais, et d’ épeautre et un gâteau de noix. Elle animera dans l’après-midi, des ateliers autour de la problématique de l’anti-gaspi et de la réduction des déchets. Tout en retournant sa poêlée elle nous confie combien ce genre de journée est importante à ses yeux : « Je suis là pour animer des ateliers cet après-midi, mais également pour soutenir ce projet. Aujourd’hui on fait face à une succession de crises, financières, sanitaires et surtout climatiques. Notre impact sur l’environnement a entrainé des dérèglements sans doute irréversibles. Notre bien-être est menacé. Il faut former des petits îlots de résilience comme c’est le cas ici, aujourd’hui, dans cette cuisine. Il faut changer notre manière de consommer : plus c’est local et plus c’est sécure et résilient. Plus c’est local, moins c’est cher ». Et Bruno Capraro de conclure, dans un sourire de vieux sage : " Vous l'aurez compris, cultivez votre jardin"!

 

 

 

 

 

 

 

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