Avant d'établir la feuille de route pour le déploiement du projet alimentaire de territoire (PAT), l'Agglo Pays d'Issoire (API) a organisé un forum durant lequel des visites et ateliers ont été proposés au grand public, à la rencontre des acteurs locaux de l'alimentation, de la ferme à l'industrie, du magasin de producteurs à la grande distribution, en passant par l'aide alimentaire, la restauration collective etc.
L'API qui a la compétence Agriculture, est engagé dans un projet alimentaire de territoire (PAT). Les prestataires CISCA (Centre d'Innovation Sociales Clermont Auvergne) et AIR Coop (Coopérative d’activité et d’emploi ont réalisé le diagnostic de ce PAT selon quatre axes : l'agriculture, la transformation, la distribution, la consommation.
La dernière étape de ce forum s'est arrêtée à Issoire, au magasin de producteurs La Paysanne Rit. Un lieu où des agriculteurs du coin déposent leurs productions, pour qu'ils soient vendus sur place. Sept d'entre eux sont associés et tiennent le commerce bénévolement par roulement chaque semaine.
"Le concept c'est qu'il n'y a pas d'intermédiaire, que les producteurs restent propriétaires de leurs produits, ce qui implique que chaque producteur choisit ses prix, on a pas de droit de regard là-dessus, et tout le produit des ventes revient aux producteurs, hormis une commission qui est déduite (30%) et qui permet de payer les charges liées au magasin, qui n'a pas vocation à faire de bénéfices. Donc si l'entreprise un jour est bénéficiaire, l'idée est de baisser les commissions." Charlotte Lefebvre, cultivatrice locale de fruits et plantes et productrice de sorbets, Présidente de la Paysanne Rit.
"On s'est mis en collectif pour que tout le monde puisse vendre ses produits dans un même lieu est dans un même espace-temps"
Du Bio, du local, et un contrôle de la qualité
Une quarantaine de producteurs distribuent leurs produits à la Paysanne Rit. "On a majoritairement du bio, mais pas que. On ne voulait pas fermer la porte à certains producteurs qui n'ont pas demandé le label, mais qui travaillent quand même très bien", explique Charlotte, qui elle-même est en conversion bio, et sait à quel point cela peut être lourd administrativement de demander le label.
"On fait, dans la mesure du possible, au moins une visite de chaque ferme avant de collaborer avec un producteur, avec des critères importants pour nous. On privilégie des fermes où il y a une autonomie en alimentation pour les animaux par exemple ou en fumier, et de la transparence, il faut qu'on puisse comprendre comment les produits sont fabriqués pour pouvoir l'expliquer aux clients".
Quels avantages pour les producteurs ?
Le plus pour ces agriculteurs, est d'avoir une vitrine pour leurs produits, en vente directe plusieurs jours par semaine, sans qu'ils soient obligés d'être présents. C'est un bon coup de pouce pour les producteurs qui se lancent également. "Le magasin m'a aidé à me lancer" témoigne Charlotte. "Et c'est un beau réseau de solidarité entre agriculteurs".
Sur le papier, toutes les cases sont cochées : circuits courts, produits locaux (environ 50 kilomètres à vol d'oiseau), du Bio principalement, la rencontre avec les agriculteurs comme sur le marché. Mais en réalité, tout n'est pas si simple, car en coulisses, ils sont seulement sept associés, à donner de leur temps libre pour tenir et gérer la boutique, communiquer, animer les lieux, construire et pérenniser le réseau de producteurs partenaires. Ils aimeraient être plus nombreux pour augmenter le roulement des permanences notamment.
"On est tous des gens passionnés, on ne fait pas ça pour l'argent, sinon on ferait un autre métier", plaisante-t-elle. Ils souhaiteraient également dans l'idéal, que les membres puissent dégager un peu de temps dans l'année pour des animations ponctuelles, pour parler de leurs produits.
"Je crois qu'aujourd'hui, on est vraiment en recherche de contact, de vrais contacts humains. Le Covid nous a au moins rappelé ça"
Mais le temps est la bête noire de l'agriculteur, et outre ces questions de manque de présence et d'implication, la principale lutte réside, selon Charlotte, dans le changement des habitudes des consommateurs, qui parfois "comparent des prix, sur des produits non comparables" en termes de qualité, de transparence, et d'équité pour les producteurs.
Mais le gros avantage de ce lieu, qui fonctionne principalement par le bouche-à-oreille, faute de budget et de temps pour la publicité, c'est le rapport direct avec les producteurs. "Je crois qu'aujourd'hui, on est vraiment en recherche de contact, de vrais contacts humains. Le Covid nous a au moins rappelé ça".