C'était quoi, déjà, le projet porté par la Communauté de communes Loire Semène ? Construire une Zone d’Activité dans le Bois de Bramard à Saint-Didier-en-Velay avec la promesse de 5 200 nouveaux emplois d'ici à 2035. Sauf que, comme dit l'adage, "on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs". Et les œufs, ce ne sont pas moins que la destruction de 11 hectares de forêt.
80% d'avis contre le projet... mais
Dès le mois d’avril, un bras de fer s’engage entre la « Com Com » Loire Semène et des associations écologistes. Et malgré 80% d’avis défavorables au projet émis lors de l’enquête publique qui s’est déroulée du 26 avril au 30 mai 2022, le commissaire enquêteur donne un avis favorable le 17 juin 2022. Le préfet Eric Etienne en poste à ce moment-là, signe le 16 septembre 2022, un arrêté préfectoral allant dans le même sens que l’avis du commissaire enquêteur.
Un bon coup de marteau sur les doigts pour rappeler à l'ordre
Mais parce que le marteau de la justice se doit, normalement, de taper sur tous les doigts, même des plus influents, elle annule, le 5 avril 2024, "l’autorisation préfectorale de création d’une zone d’activité sur le site du bois de Bramard à Saint-Didier-en-Velay". Un camouflet percutant pour le représentant de l'État et une victoire pour les centaines de personnes défavorables au projet.
"Le mal aurait pu être évité car d’autres alternatives avaient été proposées !" Les associations de défense de l'environnement
"Ils sont aujourd’hui les seuls responsables de cette situation ubuesque"
Par le biais d'un courrier partagé le 22 avril dernier aux presses locales, France Nature Environnement, Sauvegarde Environnement et Aurec Environnement, souligne que "les porteurs du projet n’ayant pas écouté leurs concitoyens, ils sont aujourd’hui les seuls responsables de cette situation ubuesque où l’on peut promettre une infrastructure sous couvert d’un probable développement économique, sans le soutien des habitants et sans respecter le Code de l’environnement".
"Tout projet économique crée de l'emploi. Si le juge n'exigeait pas un minimum de garanties quant au nombre et à la réalité de ces emplois, alors tous les porteurs de projets se verraient délivrer des dérogations pour porter atteinte à des espèces protégées." Maître Clerc Antoine
"Nous vivons une crise écologique sans précédent"
Le trio écologique rappelle également un fait que tout humain éprouve actuellement et de plus en plus. "Nous vivons une crise écologique sans précédent, caractérisée par un déclin alarmant de la biodiversité, contre lequel la France s'est engagée à lutter".
Avant d'ajouter : "S’il existe une Charte de l’Environnement depuis 2005, annexée à la Constitution et ayant ainsi la même valeur, en revanche, il n’existe pas à ce jour de Charte de la réindustrialisation".
"Le territoire de la Haute-Loire reste relativement préservé mais il devient fragile face aux atteintes qui viennent de l'activité humaine dans sa globalité et nous sommes là pour le défendre fermement, en toute légalité et transparence". Guillaume Charmasson, de la FNE 43
La Haute-Loire, un diamant qu'il faut tailler dans les règles de l'art et de la justice
Pour Guillaume Charmasson, le Président de France Nature Environnement Haute-Loire (FNE 43), l'emploi est indispensable pour dynamiser les territoires ruraux. Mais pas à n’importe quel prix. "Nos territoires ruraux sont des joyaux, essentiellement agricoles, sylvicoles et artisanaux, lance-t-il. Ils sont prisés pour leurs charmants villages, leurs commerces locaux, leurs zones artisanales à taille humaine, ainsi que pour leurs services de proximité variés".
Il appuie alors : "Mais surtout, ils sont appréciés pour leur nature préservée, leurs forêts, et l'harmonie de vie qu'ils offrent à leurs habitants et visiteurs".
"Le projet de Z.A. de Bramard incarne tout ce que nous devons rejeter catégoriquement. La forêt de Bramard représente précisément ce que nous devons protéger : un patrimoine naturel vital face aux défis climatiques et aux enjeux de préservation de l'eau". Guillaume Charmasson
Des implantations d'entreprises, oui, mais sous certaines conditions
Le Président de la FNE 43 lance que tous les projets socio-économiques, développant de l’emploi, touchant à la santé, l’éducation, l’environnement... réalisés hors zones humides, n’impactant pas les sources et ne portant pas atteinte aux corridors écologiques, forêts anciennes et toutes les espèces protégées inféodées à ces différents sites, recevront l'approbation des associations de défense de l'environnement. À bon entendeur...