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Une gigantesque mine de Lithium dans l'Allier ? Le débat public est ouvert

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 11/03/2024 à 12:00

Si elle ouvre, cette exploitation auvergnate du minerai Lithium deviendra la deuxième plus grande...d'Europe. Le débat public démarre ce 11 mars et jusqu'au 7 juillet 2024. Un sujet qui provoque de l'électricité dans l'air. 

On ne parle pas d'Emilie Jolie mais de sa jumelle maléfique Emili (Exploitation de Mica Lithinifère) un projet en naissance à Echassières dans l'Allier, qui vise à exploiter un gisement de lithium, découvert par la société minière Imerys sur son site des kaolins* de Beauvoir. 

*Kaolins : argiles blanches à la base de la fabrication de la porcelaine

De quoi équiper 700 000 véhicules électriques

Avec un objectif de production annuelle de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium pendant 25 ans minimum, afin d'équiper l'équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion, il s’agit du plus gros projet minier en métropole depuis plus d’un demi-siècle. Cette exploitation de lithium deviendrait la deuxième plus importante en Europe (après celle du projet Vulcan en Allemagne).
Selon Imerys, ce projet s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone en 2050 de l’Union européenne et "en faveur d’une souveraineté française et européenne" en matière de fourniture de lithium. 

Lancé en octobre 2022, le projet avait alors été salué et qualifié "exemplaire sur le plan environnemental et climatique", par Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie, réduisant "drastiquement nos besoins d’importation de lithium. Il contribuera à l’objectif fixé par le Président de la République de produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici 2030 et sera soutenu par le Gouvernement."

"700 000 véhicules par an annoncés par Imerys ! A quels besoins répond ce chiffre ? Vraisemblablement à celui de berlines type SUV !"  France Nature Environnement

Transition énergétique versus sobriété

Selon l'association France Nature Environnement, dans toute cette histoire, la notion de sobriété est passée aux oubliettes, et la voiture électrique comme "fausse bonne solution", a des besoins de fabrication conséquents. "Le problème doit être pris à la racine, il y a urgence. La question centrale est « comment moins consommer ? » car il ne faut pas oublier d’en laisser pour après (...) 700 000 véhicules par an annoncés par Imerys ! A quels besoins répond ce chiffre ? Vraisemblablement à celui de berlines type SUV !" dénonce-t-elle dans un communiqué.

Depuis plusieurs années, une série de mesures législatives a été prise en direction d’une réduction de l’empreinte carbone du secteur de l’industrie et des transports.

Le lithium et les autres matériaux dits « critiques » (dont les possibilités d’approvisionnement sont restreintes) constituent un enjeu majeur pour développer les énergies renouvelables et les mobilités électriques.

L’Union européenne a récemment approuvé le 28 mars 2023, la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035, dans l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément au plan climat européen.

Une première mine de lithium en France donc, qui promet une production de l'équivalent de 700.000 batteries de voitures électriques chaque année.  

Le Lithium c'est quoi ?

Le lithium est un minerai métallique que l’on trouve dans la roche ou dans les eaux salées. C’est un des composants principaux des batteries dites « lithium-ion » qui équipent la plupart des véhicules électriques.

Les étapes industrielles du projet seront réparties sur trois sites :

  • La mine, d’où est extrait le granite contenant le minerai et l’usine de concentration du minerai pour obtenir le mica lithinifère (Echassières);
  • La plateforme de chargement ferroviaire (Saint-Bonnet de Rochefort et Naves);
  • L'usine de conversion pour produire l’hydroxyde de lithium (Saint-Victor)

Une mine qui fait grise mine

S'il coche la case des objectifs de transition énergétique, le projet n'est pas vu d'un bon oeil par tous, notamment les associations France Nature Environnement Allier et Préservons la Forêt des Colettes qui, dans un plaidoyer commun en date du 7 mars, dénoncent l'impact environnemental, notamment la pollution de l'eau, des sols et de l'air, l'impact sur la biodiversité, sur les ressources en eau et s'interrogent sur l'utilité réelle d'un tel projet, laissant une trace indélébile sur le sol qui l'a accueilli.

Imerys répond à cela que la profondeur de la mine (30 et 50 ha) devrait réduire les nuisances sur l'environnement notamment sonores, et que 90% de l’eau sera recyclée, avec l'utilisation des eaux de la STEP (station d'épuration).

Autre argument d'Imerys, "l'acheminement se fera par canalisation et par rails, afin de limiter le transport par camion." explique Mathieu Gratiot , chargé de la relation presse. "Depuis plusieurs années on étudie l’environnement proche en partenariat avec des ONF et on observe le cycle de l'eau, c'est un projet, rien n'est fait comme on peut le lire partout, il y aura plusieurs étapes et discussions avec les associations de protection de la nature". 

Le concentré de mica lithinifère provenant d'Echassières, serait acheminé par canalisation sur 15 km serait chargé par train au lieu-dit de La Fontchambert, sur les communes de Saint-Bonnet-de-Rochefort et de Naves, et transitera par la ligne ferroviaire Gannat - Montluçon, jusqu'à l’usine de conversion de La Loue (St Victor). 

Un débat public pour informer et recueillir les avis

La Commission nationale du débat public (CNDP) a décidé d’organiser un débat public du 11 mars au 7 juillet 2024, afin que les habitants et habitantes des communes directement impactées par le projet mais aussi l’ensemble des publics, puissent s’informer et donner leur avis, notamment lors de réunions, ateliers, sur un site en ligne et par téléphone via un répondeur prévu à cet effet. 

Calendrier des prochaines réunions : 

  • Réunion d’ouverture demain 12 mars, à Moulins et en visio
  • "Vos grandes questions" : Le 14 mars, à Gannat
  • "Une mine à Échassières ?" : Le 26 mars, à Échassières
  • "Une plateforme ferroviaire à Saint-Bonnet ?" : Le 27 mars, à Saint-Bonnet-de-Rochefort
  • "Une usine de lithium à Saint-Victor ?" : Le 4 avril, à Montluçon

Le site internet du débat avec plateforme participative et parcours guidé en ligne, « Mon avis en 10 minutes », pour comprendre l’essentiel du projet et se forger une opinion, c'est sur ce LIEN.

Répondeur dédié : 09 70 80 82 49 (appel gratuit)

 

 

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