« Le réchauffement climatique s'est accéléré ces 15 dernières années, entrainant évidemment un manque d'eau, mais permettant également la prolifération de ravageurs. » Ainsi, l'Office National des Forêts (ONF) amorce le sujet épineux de cette coupe qui sera effectuée dans les prochaines semaines sur la forêt de Montbarnier, forêt communale Yssingelaise.
La pissode pour le sapin ainsi que le scolyte typographe pour l'épicéa commun sont deux espèces de ravageurs qui se sont largement développées ces dernières années. Avec des larves qu'ils pondent entre le bois et l'écorce, ces deux insectes empêchent alors la sève de circuler dans l'arbre, ce qui le tue petit à petit.
Comme l'un des techniciens de l'ONF, leur développement est en effet lié au réchauffement climatique, puisque « l'été étant plus précoce, et l'hiver et l'automne étant plus doux, la période de nidification est plus large. Il y a donc 5 ou 6 générations pondues en une année, contre 2 ou 3 précédemment. Et c'est exponentiel ! »
« Une coupe essentielle et raisonnée »
Évidemment, la suppression d'autant d'arbres au sein d'une forêt ne ravit ni la commune d'Yssingeaux, ni l'ONF et ses techniciens. Mais selon l'un d'eux, elle est essentielle pour son avenir. En effet, il précise que : « Cette prolifération d'insectes tue une très grande partie des arbres, qui deviennent dangereux pour les promeneurs, et qui n'assurent plus leurs rôles de puits de carbone et d'habitat pour les oiseaux. »
Et d'ajouter que malgré un dérangement inévitable pour la faune, le nécessaire sera fait pour les épargner d'un maximum de nuisances, et « les arbres porteurs ou identifiés comme pouvant abriter des nids ne seront pas concernés par la coupe. Par ailleurs, l'ONF, grâce à sa surveillance permanente, s'est assuré qu'aucun spécimen de faucon (protégé), n'ait établi son nid à proximité. »
« Nous faisons tout pour que cette forêt fasse partie des forêts de demain. »
Alors pour que les fonctions principales de la forêt soient bel et bien assurées, la coupe de la forêt de Montbarnier a été étudiée, et fera l'objet d'une réimplantation. « Cette coupe va être assez impressionnante parce qu'assez importante en termes de nombre d'arbres coupés. Mais les gens ne doivent pas s'inquiéter, puisque nous faisons tout pour que cette forêt fasse partie des forêts de demain », précise le technicien.
Cette fois donc, ce sont des espèces différentes qui seront plantées, issues de climats un peu plus chauds, et donc plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Le changement pourra également être impressionnant pour les riverains puisque des arbres adultes, parfois hauts d'une vingtaine ou trentaine de mètres, seront remplacés par d'autres d'à peine une vingtaine ou trentaine de centimètres. Il ne restera plus qu'à laisser le temps à la nature de renaître et grandir, en continuant d'en prendre soin.
Et le technicien rappelle : « Cette coupe a lieu aujourd'hui à Montbarnier. Mais il y en a beaucoup, partout en France et ailleurs et il continuera d'y en avoir tant que le climat évoluera de cette manière. C'est la seule solution que nous avons pour aider la nature à s'adapter, puisque nous menons une politique écartant tout usage de pesticides. »