À l'occasion de la 26e édition du Festival des solidarités le thème "La souveraineté alimentaire" sera mis à l'honneur, avec différentes animations, visites, conférences-débats, à Issoire et dans les villages alentours, coordonnées par Cédric Allegre, passionné de nature et curieux des approches différentes de l'agriculture, notamment la permaculture.
C'est d'ailleurs pourquoi il a proposé, mercredi 29 novembre, de visiter le domaine de Philippe Boudias, au lieu-dit Fontenille. Un havre de paix à une dizaine de minutes d'Issoire.
Photo par ZoomDici Issoire Brioude
Une trentaine de personnes ont assisté à la visite, actifs et retraités, amoureux de la nature, maraichers, cultivant un potager personnel ou des jardins partagés, ainsi que des agents du chantier d'insertion de l'Agglo pays d'Issoire, curieux et désireux d'en apprendre plus sur la permaculture, et de s'abreuver des précieux conseils et de l'expérience de leur hôte.
"Au départ c'était une vaste prairie avec un sol pauvre, sans arbre. Maintenant il y en a des centaines", explique-t-il. Une véritable forêt fruitière, riche de sa diversité, "à l'image des humains" comme aime le souligner Philippe, selon les principes de permaculture, avec pour objectif, plutôt bien atteint, l'autonomie alimentaire.
"On remet les arbres au cœur du système"
"Le principe de la permaculture c'est d'amener de la matière organique pour fertiliser les sols. Et ce sont les arbres qui apportent le plus de bio-masse. Donc on remet les arbres au coeur du système. Au début je broyais les branches que je récupérais à l'extérieur, maintenant j'ai assez d'arbres pour produire ce dont j'ai besoin."
La visite se poursuit d'arbres en arbres, pommiers, amandiers, néfliers, cormiers, vignes, poivriers... et de conseils en astuces. "On a perdu la culture de manger des fruits, et de reconnaître quand ils sont vraiment mûrs. On peut être tentés de les manger directement en les cueillant sur l'arbre, mais par exemple la bon-papa, une variété de poire, est délicieuse mais seulement quand elle est gardée en cave et qu'elle a jaunit."
"C'est un peu comme les enfants, les arbres..."
Outre la récolte, plusieurs sujets ont été abordés : quand et comment réaliser les greffes, ainsi que l'importance de la qualité du compost... "Il faut qu'il soit équilibré. S'il reste des matières non dégradées c'est que c'est trop sec, et s'il a une mauvaise odeur c'est que c'est trop humide".
Tout est question d'équilibre dans la vie, selon Philippe, comme le soin qu'il porte à ses arbres. "C'est un peu comme les enfants, les arbres. Il faut les aider à grandir, leur apporter le soutien pour démarrer, mais pas trop les bichonner non plus, sinon ils ne font plus le travail seuls."
On reprend les bases
Sur cette note philosophique... direction maintenant le potager. Il explique alors aux visiteurs quelques clés essentielles. "Il faut que le sol soit plat, pour qu'en cas d'orage tout reste en place. Et si ce n'est pas plat, c'est bien de faire des terrasses. Utiliser du bon compost, c'est le levain de la terre. On peut mulcher*, c'est à dire recouvrir la terre, moi je fais des semis d'engrais verts, là ce sont des salades, pour créer en plus de la racine, donc de la vie. Et bien penser à la succession : dès qu'une planche de culture est terminée on la remplace par une autre."
A contrario d'un jardinage classique où la terre se retrouve mise à nue, il s'agit ici de couvrir le sol avec des matières organiques, comme de la paille, de l'herbe coupée, des feuilles... afin de protéger la terre et d'éviter notamment la prolifération de mauvaises herbes.
La visite s'est achevée par une étape vers l'habitation de Philippe, conçue et construite selon des techniques de bio-construction avec des matériaux locaux (bois, pierre, paille, chaux, terre cuite et crue).
Le Festival des solidarités se poursuit à Issoire, le programme est ici.
