La Rafistolerie, l'association qui crée du neuf avec de l’ancien

Le compte à rebours est lancé. Sous les voûtes de ce lieu de charme, une véritable fourmilière est à l’œuvre pour ajuster les nouveaux éclairages et agencer les espaces ayant bénéficié tout récemment de travaux d’agrandissement.

Louisa et Auriane sont aux manettes, aidées des bénévoles et jeunes en service civique.

La première détaille : « Nous sommes salariées de l’association depuis un an. C’est un projet qui n’a cessé d’évoluer depuis le début et qui aujourd’hui s’est professionnalisé. »

Un projet qui trouve son origine dans l’éco-anxiété et la volonté de construire quelque chose de durable

En 2019, les deux amies décident en parallèle de leurs études et de leur travail de lancer une friperie en itinérance. Le but de cette caravane installée sur les marchés et festivals : sensibiliser à l’impact de l’industrie du textile, convaincre d’acheter de la seconde main, aller chercher les personnes qui ne sont pas convaincues. Le tout sans moraliser.

Auriane : « Le but c'est d’amener les gens à se questionner sur la place du consommateur, son rapport au textile et, plus largement, au monde du futur. On a remarqué que les gens étaient très enthousiastes et on a fait beaucoup de rencontres. »

La friperie itinérante devient Rafistolerie

Au bout de deux saisons, le stock de vêtements devient trop conséquent et encombre les

granges et grenier personnels. Il est donc temps pour elles de prendre un local pour entreposer. C’est ainsi qu’elles arrivent au 2, rue Antoine Clet, au Puy. Mais le lieu de stockage voit rapidement sa fonction évoluer et le principe s’affine à partir de 2021.

La friperie itinérante est toujours présente sur les événements, mais le local se transforme alors en lieu associatif à part entière, accueillant une friperie sédentaire, une mercerie de seconde main, une matériauthèque de tissus, et des ateliers créatifs.

Louisa : « Nous récupérons absolument tous les tissus, dans tous états confondus, à la seule condition qu’ils soient propres, pas mouillés ni souillés. »

Les tissus, vêtements, linge de lit collectés sont ensuite triés. Environ 15 à 20 % des articles collectés peuvent être réemployés pour leur fonction et intègrent la friperie. Le reste est minutieusement trié, et trouve sa place dans la matériauthèque. Véritable mine de pépites, les adhérents, personnes physiques ou structures, peuvent ensuite venir s’y servir pour réaliser leurs propres créations.

Créer du neuf à partir de tissus de récupération

Pour encourager les créations à partir de matériaux déjà existants, une dizaine d’ateliers autour des arts du fil est proposée.

Auriane : « On porte vraiment notre attention sur ce qui ne peut être réemployé comme tel, on utilise les tissus endommagés comme matière première. Le but de ces ateliers c’est de pouvoir apprendre à recycler, à donner une seconde vie à ce qui pourrait être défini à tort comme un déchet, et surtout de pouvoir ensuite reproduire cela chez soi. »

La teinture végétale, le crochet, la dentelle sont autant de savoir-faire qui sont associés à la réutilisation des tissus collectés.

Louisa : « Nos expériences précédentes dans les arts appliqués, le design textile, la photo, le cinéma, la scénographie, le théâtre, la musique… nous rendent sensibles à l’idée de donner envie à tout le monde de créer, tout en valorisant des savoir-faire qui se perdent. »

Un projet de développement d'une marque est en cours

Pour continuer à relancer une image positive du recyclage, Louisa et Auriane travaillent sur le développement d'une marque. Créer des objets tendances à partir de tissus de récupération, faire du neuf avec du vieux, faire du beau avec du “déchet ”, donner à voir le potentiel de seconde vie qui existe parmi ce qui est oublié dans les greniers, voilà l’ambition que portera la marque. Le lancement est prévu pour l'été 2024.