Colère agricole : actions coup de poing de la Coordination Rurale
Retenue collinaire : De plus en plus de crispations à Chaspuzac
Mercredi 19 octobre à Clermont-Ferrand, les avocats vont jouter à coup d’arguments opposés au sujet du projet de la retenue collinaire de Mauriac. Si le trou de 52 600m³ n’existe pas encore, il fait déjà couler...beaucoup d’encre.
Des modifications du projet initial…
Sur le dossier de Présentation du contexte environnemental du projet par la Chambre d’Agriculture de la Haute-Loire rédigé en décembre 2021, ce devait être une retenue collinaire de 60 000m³ en projet permettant « d’irriguer environ 55 ha de maïs par an, à raison de 1 000 m3/ha/an ».
Sept mois plus tard, le même dossier mais intitulé « Création d’une Retenue Collinaire collective, Déclaration Loi sur l’Eau » revoit les chiffres à la baisse en amputant tout de même 12,3 % à la capacité de stockage initiale, mentionnant à présent un réceptacle de 52 600m³ pour irriguer non pas 55 hectares de terres appartenant à 3 Gaec et une Earl (exploitation agricole à responsabilité limitée) mais 48 hectares.
Selon...
Selon le site wikifarmer, il faut environ entre 5 et 9 tonnes d’eau pour irriguer un hectare de maïs dans l’année.
Selon terraeco et les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, un hectare de maïs sirote 5 750 m³ d’eau en un an.
Selon le Cemagref dans un article du Monde, l'Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement avance la fourchette de 1 000 et 3 000 m³.
Selon l’Association des Producteurs de Maïs dans un article de Limagrain, c'est entre 4 et 10 tonnes d’eau par hectare.
...mais des incohérences qui font grincer des dents
« La première maison est située à 85 m et en amont de la retenue », est-il inscrit dans la Déclaration Loi sur l’Eau. « Faux ! », s’indigne l’association Bien Vivre à Chaspuzac dont les habitants du village de Mauriac, premiers concernés. D’après les résidents, 44 mètres séparent la première maison du projet ou encore 69 mètres de la seconde.
« Le seuil des 100 ha de surfaces irriguées par le projet est outrepassé »
Toujours d’après la Déclaration Loi sur l’Eau, la retenue collinaire permettrait d’irriguer en partie 48 ha de surface agricole. Mais selon la requête en référé pour une Étude d’impact déposée par la FNE 43, l’association Bien Vivre à Chaspuzac et 14 autre personnes, l’addition des surfaces en question est deux fois plus grande.
« En additionnant les seules trois surfaces omises et présentées supra, le seuil des 100 ha de surfaces irriguées par le projet est outrepassé, est-il indiqué en page 24 du dossier de justice. Le projet devait être soumis à examen au cas par cas compte tenu de ce qu’il prévoit d’irriguer une superficie de plus de 100 ha, outrepassant le seuil prévu à la rubrique 16 du tableau annexé à l’article R.122-2 du Code de l’environnement ».
« Le contenu du dossier déposé étant manifestement non conforme à la législation, nous avons déposé un double recours auprès du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand, l’un en annulation et l’autre en référé-suspension ». L’association Bien vivre à Chaspuzac
Potable pour les uns, non potable pour les autres
Du côté de l’alimentation de la retenue collinaire, le rapport semble nager en eau trouble. 68 % soit 36 650 m³ d’eau devraient être extraits de la source du Meynial (et 23 350 avec le ruissellement). Cette eau s’avère potable d’après une analyse effectuée le 8 avril 2022 par le laboratoire Terana.
Ce qui ne semble pas être le cas pour les porteurs du projet : « Cette source qui habituellement se déverse dans le ruisseau du Say est la propriété de la commune de Chaspuzac, est-il marqué en page 24 de la Déclaration Loi sur L’eau. Celle-ci est désaffectée depuis environ 10 ans, car devenue non potable ».
50 000 m³ ? C’est l’équivalent de 32 piscines de la taille du grand bassin de la Vague au Puy-en-Velay ou la capacité de 500 semi-remorques ou plus de 4,5 millions arrosoirs de 11 litres
« Une incohérence absolue avec ce que nous vivons actuellement avec les problèmes d’eau »
L’association Bien vivre à Chaspuzac tape du poing sur la table : « Les difficultés d’approvisionnement en eau potable ont été constatées l’été dernier dans le département de la Haute-Loire à l’instar du Bouchet St Nicolas. Le projet prévoit l’utilisation de la source d’eau potable du Meynial ce qui s’apparente à une incohérence absolue avec ce que nous vivons actuellement avec les problèmes d’eau. »
Les membres de l’association ajoutent : « Les états de sécheresse constatés l’été dernier dans le département seront de plus en plus fréquents du fait du réchauffement climatique, ce qui rend d’autant plus important le bon respect des SAGE (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, Ndlr) et SDAGE (Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux, Ndlr) et de la loi sur l’eau ».
Non prise en compte de l’impact sur la faune et la flore
Le dossier ne mentionne pas la présence des réservoirs biologiques identifiés sur le site. Des espèces protégées ont pourtant été identifiées sur le site par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).
« Le dossier aurait dû comprendre une demande de dérogation espèces protégées, soulèvent les opposants. Nous signalons à ce sujet que nous avons fait une demande à Monsieur le préfet pour qu’il sollicite la commune de manière à ce qu’elle demande une dérogation espèces protégées ».
À ce jour, d’après l’association Bien Vivre à Chaspuzac, aucune réponse n’a été formulée ni par Eric Etienne, Préfet de la Haute-Loire, ni par les services de la préfecture compétents.
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5 commentaires
Et toujours cette agriculture intensive qui détruit la terre, l'eau, l'air... alors que d'autres paysans réflechissent à des pratiques durables conciliant réalité écologique, économique et social (ex charte Nature et Progrès, ou Agriculture biologique). A lire cet article et en croisant d'autres infos, on voit que des agriculteurs du coin, dans une fuite en avant, foncent droit dans le mur: emprunts démesurés irremboursables, utilisation massive de pesticides allant jusqu'à développer des maladies chez eux et leur proche, conditions de travail aliénantes... Avec certains syndicats productiviste complices ainsi que de nombreux politiques locaux et nationaux tout autant responsables!
Tout ça pour cultiver du maîs !
il n'y a pas si longtemps, on nous demandait de ne pas laisser d'eau stagnante dans les assiettes des pots de fleurs et là on veut créer une grande bassine de 50000m3 ....d'une eau qui peut être potable ou non selon les sources ! On a prévu de démoustiquer grâce à une subvention ?
les moustiques vont aller vers les pots de fleurs ? Cherchez l'erreur !
Donc si on traduit les tonnes en litres c'est entre 4000 et 10000m3 d'eau qu'il faut pour irriguer un hectare de maïs selon Limagrain
Et encore un sujet qui concerne Mr Joubert Michel, après la pollution du Say à Pralhac maintenant voilà qu'il veut l'assécher avec sa bassine olympique. Il doit avoir un problème avec l'eau. Mais quand il en aura plus pour boire, il sera comme tout le monde. Pour une petite commune mettre autant d'argent dans ça, n'est-ce pas exagéré?. Rappelons les chiffres connus: 80000e une parcelle agricole de 24000m2, un projet a environ 1500000e dont 70% de subventions, le reste emprunté par la commune,sans compter les frais d'études que l'on ne connait pas. Quand on paie des impôts, je pense que dans une commune,il y a des choses plus importantes à faire: économiser l'énergie par exemple...l'argent public ne finance pas des projets personnels, sinon où va t-on. A quand la retraite MJ