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Retenue collinaire : De plus en plus de crispations à Chaspuzac

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 18/10/2022 à 06:00

Mercredi 19 octobre à Clermont-Ferrand, les avocats vont jouter à coup d’arguments opposés au sujet du projet de la retenue collinaire de Mauriac. Si le trou de 52 600m³ n’existe pas encore, il fait déjà couler...beaucoup d’encre.

Des modifications du projet initial…

Sur le dossier de Présentation du contexte environnemental du projet par la Chambre d’Agriculture de la Haute-Loire rédigé en décembre 2021, ce devait être une retenue collinaire de 60 000m³ en projet permettant « d’irriguer environ 55 ha de maïs par an, à raison de 1 000 m3/ha/an ».

Sept mois plus tard, le même dossier mais intitulé « Création d’une Retenue Collinaire collective, Déclaration Loi sur l’Eau » revoit les chiffres à la baisse en amputant tout de même 12,3 % à la capacité de stockage initiale, mentionnant à présent un réceptacle de 52 600m³ pour irriguer non pas 55 hectares de terres appartenant à 3 Gaec et une Earl (exploitation agricole à responsabilité limitée) mais 48 hectares.

Selon...

Selon le site wikifarmer, il faut environ entre 5 et 9 tonnes d’eau pour irriguer un hectare de maïs dans l’année.
Selon terraeco et les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, un hectare de maïs sirote 5 750 m³ d’eau en un an.
Selon le Cemagref dans un article du Monde, l'Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement avance la fourchette de 1 000 et 3 000 m³.
Selon l’Association des Producteurs de Maïs dans un article de Limagrain, c'est entre 4 et 10 tonnes d’eau par hectare.

...mais des incohérences qui font grincer des dents

« La première maison est située à 85 m et en amont de la retenue », est-il inscrit dans la Déclaration Loi sur l’Eau. « Faux ! », s’indigne l’association Bien Vivre à Chaspuzac dont les habitants du village de Mauriac, premiers concernés. D’après les résidents, 44 mètres séparent la première maison du projet ou encore 69 mètres de la seconde.

« Le seuil des 100 ha de surfaces irriguées par le projet est outrepassé »

Toujours d’après la Déclaration Loi sur l’Eau, la retenue collinaire permettrait d’irriguer en partie 48 ha de surface agricole. Mais selon la requête en référé pour une Étude d’impact déposée par la FNE 43, l’association Bien Vivre à Chaspuzac et 14 autre personnes, l’addition des surfaces en question est deux fois plus grande.

« En additionnant les seules trois surfaces omises et présentées supra, le seuil des 100 ha de surfaces irriguées par le projet est outrepassé, est-il indiqué en page 24 du dossier de justice. Le projet devait être soumis à examen au cas par cas compte tenu de ce qu’il prévoit d’irriguer une superficie de plus de 100 ha, outrepassant le seuil prévu à la rubrique 16 du tableau annexé à l’article R.122-2 du Code de l’environnement ».

« Le contenu du dossier déposé étant manifestement non conforme à la législation, nous avons déposé un double recours auprès du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand, l’un en annulation et l’autre en référé-suspension ». L’association Bien vivre à Chaspuzac

Potable pour les uns, non potable pour les autres

Du côté de l’alimentation de la retenue collinaire, le rapport semble nager en eau trouble. 68 % soit 36 650 m³ d’eau devraient être extraits de la source du Meynial (et 23 350 avec le ruissellement). Cette eau s’avère potable d’après une analyse effectuée le 8 avril 2022 par le laboratoire Terana.

Ce qui ne semble pas être le cas pour les porteurs du projet : « Cette source qui habituellement se déverse dans le ruisseau du Say est la propriété de la commune de Chaspuzac, est-il marqué en page 24 de la Déclaration Loi sur L’eau. Celle-ci est désaffectée depuis environ 10 ans, car devenue non potable ».

50 000 m³ ? C’est l’équivalent de 32 piscines de la taille du grand bassin de la Vague au Puy-en-Velay ou la capacité de 500 semi-remorques ou plus de 4,5 millions arrosoirs de 11 litres

« Une incohérence absolue avec ce que nous vivons actuellement avec les problèmes d’eau »

L’association Bien vivre à Chaspuzac tape du poing sur la table : « Les difficultés d’approvisionnement en eau potable ont été constatées l’été dernier dans le département de la Haute-Loire à l’instar du Bouchet St Nicolas. Le projet prévoit l’utilisation de la source d’eau potable du Meynial ce qui s’apparente à une incohérence absolue avec ce que nous vivons actuellement avec les problèmes d’eau. »

Les membres de l’association ajoutent : « Les états de sécheresse constatés l’été dernier dans le département seront de plus en plus fréquents du fait du réchauffement climatique, ce qui rend d’autant plus important le bon respect des SAGE (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, Ndlr) et SDAGE (Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux, Ndlr) et de la loi sur l’eau ».

Non prise en compte de l’impact sur la faune et la flore

Le dossier ne mentionne pas la présence des réservoirs biologiques identifiés sur le site. Des espèces protégées ont pourtant été identifiées sur le site par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).

« Le dossier aurait dû comprendre une demande de dérogation espèces protégées, soulèvent les opposants. Nous signalons à ce sujet que nous avons fait une demande à Monsieur le préfet pour qu’il sollicite la commune de manière à ce qu’elle demande une dérogation espèces protégées ».
À ce jour, d’après l’association Bien Vivre à Chaspuzac, aucune réponse n’a été formulée ni par Eric Etienne, Préfet de la Haute-Loire, ni par les services de la préfecture compétents.

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