J'ai testé pour vous : une immersion dans une eau à 4 degrés
Vers des coupures d'électricité cet hiver ?
Alors que les températures commencent à baisser, les prix de l'électricité et du gaz eux s'envolent et des pénuries de certaines énergies se font ressentir. Une situation qui inquiète. François Chaumont, délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes pour RTE, gestionnaire du réseau de transport d'électricité détaille les prévisions pour l'hiver.
Faîtes-vous face à une situation inédite ?
C'est une situation exceptionnelle qui s'explique pour différentes raisons. Tout d'abord, l'Europe vit une importante crise gazière. La France connaît quant à elle une crise sur le parc nucléaire. Plusieurs réacteurs font l'objet d'une maintenance qui nécessite un arrêt de la production. Ces contrôles ont été désorganisés suite à la crise sanitaire. De plus, des phénomènes de corrosion sous contrainte, c'est à dire la fissuration d'un matériau au contact d'un environnement chimique, affectent certains réacteurs. Nous suivons les retours de disponibilités du parc nucléaire pour vérifier à quel moment la production pourra reprendre au début de l'hiver. Avant la crise de la COVID-19, la production annuelle du parc nucléaire était d'environ 400 TWh (Terrawatt-heure) contre environ 280 TWh prévus cette année. Dernière explication, la sécheresse historique de l'été qui a réduit les capacités de production hydraulique.
La France compte 56 réacteurs nucléaires
Selon des données communiquées sur le site d'EDF, en France le nucléaire est la première source de production de consommation d'électricité. Elle proviendrait de 56 réacteurs nucléaires de différents niveaux de puissance constituant un parc réparti sur l'ensemble du territoire. En 2019, 80% de la production française d'électricité d'origine nucléaire était assurée par 4 régions : l'Auvergne-Rhône Alpes à 22,4%, le Grand-Est à 21,8%, le Centre Val-de-Loire à 19,2% et la Normandie à 17,6%.
Pour rappel, une centrale nucléaire est composée de 4 parties principales : un bâtiment contenant le réacteur dans lequel a lieu la fission, la salle de machines où est produite l'électricité, les départs de lignes électriques qui évacuent et transportent l'électricité et des tours de refroidissement uniquement en bord de rivière.
D'après des informations mises à jour ce mercredi 12 octobre sur le site de RTE, la production d'électricité par filière serait assurée à 68% par le nucléaire, 12% par le gaz, 10% par le solaire, 7% par l'hydraulique, 2% par l'éolien et 2% par les bioénergies.
Quels risques prévoyez-vous pour l'hiver ?
Nous avons mis en place une vigilance depuis le mois d'octobre jusqu'en mars 2023. D'ordinaire, cette vigilance court de décembre à février. Nous travaillons sur plusieurs scénarios en prenant en compte les différents aléas : retours des réacteurs nucléaires, échanges avec les pays voisins pour l'importation d'électricité ou un risque météo important en France. Nous sommes également tributaires de la température. C'est pour cela que chaque mois nous réactualiserons nos études sur le système électrique. La prochaine sera publiée le 18 octobre 2022 sur le site de RTE.
Avez-vous déjà quelques prévisions sur d'éventuelles coupures ?
Nous travaillons sur différentes hypothèses pour sortir des scénarios sur l'ensemble de ces six mois d'hiver. Pour l'heure, ils montrent qu'on va être dans la majorité sur quelques journées sensibles, entre 5 et 10 journées complètes que l'on identifie compliquées à gérer au niveau du système électrique. Si on n'agit pas, il pourrait y avoir des coupures. Nous avons obtenu ces estimations en croisant différentes prévisions notamment la consommation d'électricité liée à la température, le respect des gestes de sobriété par l'ensemble des citoyens, les données autour du parc de production ou encore la capacité à importer. Si nous parvenons à diminuer la consommation entre 1 et 5% sur ces quelques journées et jusqu'à 15% dans les scénarios les plus extrêmes alors nous réussirons à passer ces journées sans générer de coupures.
Comment suivre l'évolution de la situation ?
Nous avons lancé le site Mon éco Watt. C'est un site qui permet de qualifier en temps réel la consommation électrique des français. Si une situation devient tendue dans un secteur, un signal orange apparaît et nous rappelons l'importance d'appliquer les éco-gestes. Si le signal devient rouge, cela signifie que la situation devient difficile et que si aucune action n'est effectuée des coupures pourraient être générées. Tout le monde peut s'inscrire sur ce site pour suivre en direct l'évolution. Certaines collectivités et industriels peuvent s'engager à baisser leur consommation lorsqu'ils reçoivent des signaux d'alerte. Une application devrait prochainement être disponible.
Les coupures seront-elles inévitables ?
Nous sommes convaincus que nous pourrons les éviter. Il est nécessaire que les citoyens répondent aux signaux et baissent leur consommation le cas échéant. Les pics de concentration d'utilisation de l'électricité sur une journée sont identifiées entre 8 heures et 13 heures puis entre 18 heures et 20 heures. Avant d'arriver aux coupures d'électricité, il existe d'autres moyens. En France, certains industriels sont capables de baisser leur consommation totale d'environ 1200 mégaWatt en quelques secondes. Un tiers de cette puissance provient d'entreprises situées dans la région Auvergne Rhône Alpes. Nous pouvons également procéder à une baisse des tensions sur le réseau de distribution. Cette diminution serait presque imperceptible par les usagers. Par exemple, les ampoules éclaireraient avec une plus faible intensité, l'eau pourrait mettre un peu plus de temps à bouillir... Les coupures sont nos ultimes recours. Toutefois si nous devions en effectuer, il s'agirait de coupures localisées, d'environ 2heures et réparties équitablement sur le territoire. Nous avertirons les citoyens concernés la veille de la coupure. Les créneaux sans électricité seront entre 8heures et 13 heures et 18 heures et 20 heures.
Comment ces coupures seront-elles gérées sur les sites sensibles tels que les hôpitaux, écoles... ?
Les coupures ne toucheront pas les clients dits prioritaires. Nous calculons le besoin de la baisse de consommation que nous transmettons ensuite aux différents distributeurs. Ce sont les réseaux locaux de distribution qui respectent ces besoins en suivant une liste de priorisation des clients. Cette liste est étudiée directement avec l'Etat.
Quels éco-gestes pour faire baisser sa facture d'électricité ?
L'association France Nature Environnement de Haute Loire a mis en ligne quelques conseils pour diminuer sa consommation d'énergie et donc faire la différence sur la facture. Les voici :
- Isoler ses canalisation d'eau et de chauffage pour éviter les déperditions de chaleur
- Entretenir ses installations
- Baisser le chauffage d'un degré
- Comparer les offres de fournisseurs d'énergie sur le site je change
- installer des économiseurs d'eau sur les robinets
- éteindre les appareils en mode veille
- brancher le matériel électroménager sur des capteurs solaires ou une chaudière à bois
- vérifier les heures creuses sur son contrat d'abonnement
- mettre une paroi en aluminium derrière les radiateurs
- effectuer un suivi de sa consommation pour connaître les postes de dépense.
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