Un jeune Yssingelais ambassadeur de la France...au G7

Par Ombéline Empeyta Brion , Mise à jour le 18/04/2023 à 06:00

Louis Moulin, élève en classe de terminale du lycée Saint Gabriel à Yssingeaux, a représenté la France au G7. Il a été sélectionné début mars pour participer à une visio de préparation en vue de la 49e réunion du G7 qui aura lieu en avril prochain au Japon. Rencontre.

Une des réunions annuelles les plus importantes en matière d'environnement. Un rendez-vous des sept pays les plus industrialisés de la planète dans les domaines de l’agriculture et de l’environnement.

Le sommet du G7 (aussi appelé Groupe des sept) réunit chaque année les dirigeants de sept pays parmi les plus puissants du monde. États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, chaque Président se rend dans un des pays membres.

Cette réunion permet des discussions et des partenariats économiques entre chefs d'État. Le rôle de ce sommet est de définir les orientations à suivre à l'échelle mondiale et de prendre des mesures.

Louis Moulin, 17 ans, a donc été retenu comme unique représentant pour porter la voix de la France dans cette instance. Deux réunions de travail en visio ont été programmées les 4 mars et 11 mars 2023. Elles ont réuni un représentant de chacun des pays du G7 et 20 jeunes Japonais de la province de Miyazaki, région qui accueillera la réunion des ministres de l'Agriculture au mois d'avril. Les jeunes ont fait alors un ensemble de propositions, en anglais, dans le domaine de l'agriculture et de l'environnement. 

Screenshot de la visioconférence du G7 avec les représentants de chaque pays. Photo par ESCY FORMATION

Lors de ces réunions, chaque pays a pu échanger et faire l'état des lieux de la situation de son pays. Louis Moulin a été vivement intéressé par le projet et avait préparé un ensemble de propositions qui a particulièrement intéressé les membres de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

Il a notamment pu évoquer la relation que la France a avec la nourriture comme la surconsommation, le gaspillage (comme l'exemple des légumes moches dans les magasins) ou encore la distance de la chaîne alimentaire entre le producteur et le consommateur.

Qui est Louis ? 

Louis est un jeune lycéen de Saint Gabriel à Yssingeaux. En terminale, option mathématique et HGGSP (Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques), le jeune homme se définit comme quelqu'un "d'assez anxieux". Alors forcément, face au dérèglement climatique, ces angoisses sont grandissantes. C'est pour ça qu'il s'informe depuis son jeune âge sur le sujet de l'environnement. Il s'informe tant par l'actualité que par les livres. Ayant grandi à la campagne, dans une famille d'agriculteur, il est alors particulièrement touché par l'environnement.

"Être en contact avec la nature depuis que je suis petit joue beaucoup, ça me donne envie de la préserver", nous confie Louis. Des valeurs qu'il explique aussi par son éducation, même si ses parents ne sont pas forcément l'exemple parfait : "Mes parents ne sont pas les plus écologistes, mais on apprend ensemble". 

Alors trier, faire attention à sa consommation ou à son chauffage. Des petits gestes qu'il a souhaité mettre en place avec sa famille, à son échelle. "On a pris conscience un peu en même temps de l'urgence d'agir, c'est une question d'empathie vis à vis de nous et nos générations futures". 

Une génération qui bouge

En terminale et malgré son jeune âge, Louis a pris conscience de l'urgence à changer les choses. Une génération qui est de plus en plus impliquée dans ce combat. En France, selon une étude réalisée par le Crédoc, 32 % des jeunes de 18-30 ans sont préoccupés par l'environnement, loin devant les problèmes d'immigrations (19 %) et de chômage (17 %).

Des chiffres qui mettent en lumière un phénomène de plus en plus évoqué ces dernières années : l’éco-anxiété. Appelés aussi dépression verte, deuil climatique ou solastologie, ces jeunes peuvent ressentir une anxiété liée à la crise climatique mondiale et à la menace d’une catastrophe environnementale. Louis a donc beaucoup de mal à se projeter dans les années qui viennent, comme ses camarades. 

"D'un coté je sais qu'il y a des solutions, et je veux y croire, de l'autre, je ne sais pas si j'ai bien grand espoir"

Un phénomène que partage de nombreux jeunes. Selon les chiffres validés par The Lancet Planetary Heart, 56 % considèrent que l’humanité est condamnée, 55 % jugent qu’ils auront moins d’opportunités que leurs aînés, 52 % pensent que la sécurité de leur famille « sera menacée » et 39 % hésitent à avoir des enfants.

"La Chine, alors qu'ils sont 1 milliard, pollue moins que les Français qui sont 67 millions. S'il n' y avait que des Français en Chine, ce serait horrible". Louis

Une population passive face au changement

Mais même s'il a tendance à perdre parfois espoir, ce n'est pas pour autant que Louis baisse les bras. Au contraire, il ne se dit pas que ses actes sont inefficaces. La preuve, en participant à cette réunion de préparation du G7. Mais il remarque que beaucoup ont tendance à attendre des autres et à repousser la faute.

"On est tous conscients et personne ne peut aujourd'hui nier le réchauffement climatique et pourtant il n'y pas de changement de comportement". Un mode de vie qui n'est pas soutenable pour l'avenir de la planète. "La Chine, alors qu'ils sont 1 milliard, pollue moins que les Français qui sont 67 millions. S'il n' y avait que des Français en Chine, ce serait horrible".

Une passivité qu'il justifie par une dualité de la population. "On attend que les autres fassent mieux, le consommateur pointe du doigt les entreprises, et les entreprises le consommateur, et personne ne bouge". 

"Acheter des vêtements peut-être plus cher mais de meilleure qualité qu'on gardera plus longtemps". Louis

Des solutions proposées 

Pour Louis, chacun peut contribuer à son échelle, sans trop faire de concession. "Il ne faut pas se forcer si l'on n'est pas prêt, il faut faire du cas par cas." Car oui, dire à un habitant de la campagne de prendre les transports en commun ne va pas marcher. Il nous donnait comme exemple le jeune lycéen. "Ici, on n'a pas le métro parisien, c'est compliqué de faire la concession sur le transport, mais on peut le faire sur autre chose".

Des "efforts" qui doivent pouvoir s'adapter à la vie de chacun. "Comme pour moins consommer de vêtements, acheter des vêtements peut-être plus cher mais de meilleure qualité qu'on gardera plus longtemps", nous explique Louis. Ou encore changer ses lieux de consommations "On peut acheter sur H&M par exemple au lieu d'acheter sur Shein, ce n'est pas le top, mais c'est déjà mieux". 

Le but, il le rappelle, n'est pas de se punir, mais plus le temps passe, "moins la transition sera souple". Rappelant le rapport du GIEC, Louis évoquait des améliorations, mais était déçu, comme beaucoup, par la lenteur de ces évolutions. " Ça évolue dans le bon sens, mais pas assez vite".

Un attrait qui a séduit le jury et le lycée 

Avec ses arguments, Louis a donc été sélectionné parmi plusieurs lycéens de toute la France. C'est le Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire qui avait lancé l'appel à candidature auprès des établissements scolaires. Louis avait été recommandé auprès du directeur par plusieurs professeurs et avait été remarqué par son enthousiasme. 

Louis et le directeur du lycée Franck Copin Photo par Ombéline Empeyta Brion

" On est très très content pour Louis, tout le monde le soutenait". 

Le directeur du lycée Franck Copin montrait sa grande fierté d'avoir un élève de son établissement sélectionné pour représenter la France. "On est très très content pour Louis, que ce soit les enseignants et même les élèves, tout le monde était fier de Louis, il y a eu une véritable émulation au sein des élèves".

"C'est même devenu l'aventure de tout le monde", nous confiait le chef d'établissement, "tout le monde le soutenait". Le directeur a d'ailleurs annoncé la nouvelle aux autres élèves, comme traditionnellement à la cantine de l'établissement. "Tout le monde l'a applaudi". Des parents d'élèves sont même venus féliciter Louis.  

Pour l'heure, les sujets discutés durant la réunion dont a participé Louis sont confidentiels (il a d'ailleurs dû signer des accords de confidentialité). Mais le G7 terminé, l'établissement entend bien pouvoir retravailler avec les élèves sur le sujet.

Le jeune Yssingelais lui, qui passe son bac cette année,  aimerait pour la suite continuer ses études avec toujours une fibre pour l'environnement. Sur Parcoursup, il a en tout cas demandé d'intégrer un cycle pluridisciplinaire sur Lyon pour étudier le développement durable, l'économie et la science politique.

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