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Un fermier Auvergnat pour la défense du monde agricole
Installé à Valprivas en exploitation bovine laitière, Léo Boudet a plus d'une corde à son arc. Face au désamour du grand public, il a décidé, il y a deux ans, de prendre la parole à travers des vidéos diffusées sur YouTube.
Occupé pendant une bonne partie de la journée par ses quelque 130 bovins, Léo Boudet, jeune agriculteur de 24 ans est aussi un youtubeur. Depuis de nombreuses années maintenant, il publie, de temps à autre, des vidéos sur le thème de l'agriculture.
D'abord, c'étaient des contenus « comme ça, pour m'amuser à faire de jolies images avec le drone que je venais d'acheter », explique-t-il, puis il y a environ deux à trois ans, il s'est dirigé en un autre sens : « Je raconte mon métier en fait. J'explique toutes les tâches quotidiennes, toutes les méthodes que j'utilise, le fonctionnement d'une exploitation comme la mienne, les évolutions de notre système de montagne en comparaison d'autres systèmes, etc. Y compris ce qui est décrié. »
« Plutôt que d'attendre qu'on parle de nous, j'ai décidé de prendre la parole, pour que ce soit les agriculteurs eux-mêmes qui parlent de leur propre métier », Léo Boudet
Ce qui est décrié, justement, c'est ce sur quoi Léo Boudet aime se pencher. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il a choisi de prendre la parole sur YouTube, une plateforme fréquentée par 41,4 millions d'utilisateurs actifs chaque mois en France.
« À l'époque, c'était surtout une question d'image de l'agriculture. On était pas mal critiqués sur les réseaux sociaux et dans la presse. Alors plutôt que d'attendre que les gens parlent de nous, j'ai décidé de prendre la parole, pour que ce soit les agriculteurs eux-mêmes qui parlent de leur propre métier, et faire découvrir au grand public ce qui se passe réellement dans les fermes. »
Désherbage chimique, semis, ensilage, épandage, vêlages, Sommet de l'élevage et concours agricoles ou encore économie et petits travaux du quotidien, etc. il partage régulièrement tous les aspects de la gestion d'une ferme. « En particulier pour ce qui est controversé, je pense que ça mérite d'être expliqué, pour que les gens se rendent compte des enjeux, et montrer qu'on ne fait pas n'importe quoi, détailler pourquoi est-ce qu'on procède de cette manière », complète-t-il.
« Ce qui me plaît particulièrement, c'est l'échange avec les "viewers", lorsqu'ils commentent mes vidéos. »
Pour redorer l'image de sa profession, ce passionné n'aime pas seulement prendre la parole, il la donne aussi à ses "viewers" (comprenez les personnes qui regardent ses vidéos), dans son espace dédiés aux commentaires.
En effet, il explique que c'est aussi ce qu'il aime dans cette activité qu'il pratique parallèlement à son métier d'agriculteur : échanger avec ses "viewers", qui sont d'ailleurs, selon lui, majoritairement extérieurs au monde agricole. Une fierté pour lui : « Cela crée un échange constructif la plupart du temps, et ça peut même parfois faire réfléchir. »
Et d'ajouter : « C'est d'ailleurs aussi parce que le public qui regarde mes vidéos est extérieur au milieu, que c'est important d'expliquer les choses simplement, sans trop de détails extrêmement techniques. Il faut surtout leur faire découvrir la réalité, les objectifs et les enjeux de l'agriculture aujourd'hui en France, et en Auvergne. »
Un temps d'arrêt, avant le renouveau
S'il a depuis longtemps la passion de la création, de l'image, il a soudainement stoppé, en août dernier, son activité de créateur de vidéos sur YouTube, suite à un important incendie qui a ravagé sa ferme. Mais depuis plusieurs jours, il est revenu sur le réseau social, pour annoncer le début d'un « nouveau chapitre », avec la construction de son nouveau bâtiment. Il raconte :
« Ça fait aujourd'hui un an et demi que le bâtiment a brûlé. Par chance, notre robot de traite nous a alerté la nuit où l'incendie s'est déclaré, ce qui nous a permis de sauver la totalité de nos vaches. Dès lors, la question s'est posée de savoir ce qu'on allait faire, parce qu'on n'avait plus rien. Il restait seulement un bout de bâtiment qui n'avait pas brûlé, que nous avons réaménagé provisoirement, qui nous a permis de tenir 45 jours et de traire les vaches matin et soir, mais "à l'ancienne". C'était une période très compliquée, et les vaches étaient dehors jour et nuit malgré les fortes chaleurs. »
Et de poursuivre : « On s'est vite rendu compte que la situation ne pouvait pas durer. Par chance, un voisin agriculteur avait cessé son activité et a bien voulu nous louer son bâtiment, qu'on a totalement réaménagé, pour poursuivre notre production, et surtout garder nos vaches, contrairement à une proposition de l'assurance qui voulait qu'on vende notre cheptel le temps de la reconstruction avant d'en acheter un nouveau. Mais c'était inconcevable pour nous. Ce sont nos animaux, nous les avons élevés, c'est le résultat de notre travail sur la génétique notamment. On a quand même une certaine attache. »
Et de terminer : « Nous avons donc finalement décidé de repartir avec un nouveau bâtiment, ce qui n'a pas été de tout repos, vis-à-vis des assurances, du désamiantage, de la déconstruction, etc. Et enfin, depuis septembre, la construction a débuté, avec un projet bien plus adapté à nos besoins et bien plus moderne. On espère l'intégrer au mois de juin. »
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