Clermont-Ferrand : Animations gratuites à l'Hôtel du département
Puy de Dôme, le re-Tour du roi
Cette fois, on y est ! Après de longues années d'attente, le volcan symbolique du département va accueillir l'arrivée de la neuvième étape du Tour de France 2023, ce dimanche 9 juillet. L'occasion de parler un peu du protecteur mais aussi animateur de tout un territoire.
On vous parle d'un temps, que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. D'une ère sans train à crémaillère, quand il fallait absolument rejoindre le sommet du puy de Dôme à pied, par le chemin des Muletiers. C'était encore la Guerre froide, Internet n'en était qu'à ses balbutiements.
La dernière fois que le Tour de France est passé par le géant des dômes, c'était en 1988. Depuis, plus rien, même si le puy de Dôme a connu bien d'autres combats. De l'agriculture à la question de ces accès, son plus grand défi a sûrement été l'inscription à l'UNESCO, qu'il finira par surmonter en 2018.
Le puy de Dôme du peuple
Il peut être complexe pour les étrangers de comprendre le lien étroit qui existe entre un volcan et ses habitants. Ses 1 465 mètres d'altitude, dominent la ville de Clermont-Ferrand, mais plus largement tout le département qui lui doit son nom. Dans l'étude de la marque Auvergne, la première phrase qui résume l'Auvergne pour les sondés c'est : "Quand je rentre de vacances, que je vois le puy de Dôme, je me sens enfin à la maison".
Comme la Bonne Mère de Marseille, il est le point de repère de chacun, qu'on soit dans les Combrailles, dans la Limagne, ou dans la ville de Clermont. Parfois, on le perd de vue, caché par un bosquet, un immeuble, mais on retrouve vite, au virage suivant, le patriarche de cette terre. Il fait partie de ce type de patrimoine qui appartient à tous, mais surtout à chacun. Dimanche, les caméras de millions de téléspectateurs dans le monde découvriront ses courbes et ses pentes. Dans le Puy-de-Dôme (tirets et majuscule au P pour le département) au contraire, la plupart des vitrines de magasin, des baies vitrées de maison sont orientées vers lui. Comme si chacun ici, voulait un bout de son géant.
Petite histoire de volcan
Tentons de retracer l'Histoire de ce volcan. C'est un petit jeune dans son style, seulement 11 000 ans, un gamin à l'échelle de la chaîne des Puys. Les monts du Cantal par exemple, auraient pour les plus vieux trois millions d'années. Enfin, il est assez vieux pour avoir connu les Romains. Ces derniers ont d'ailleurs installé à son sommet au 1er ou 2e siècle, un temple dédié à Mercure. Les touristes du monde romain affluaient déjà d'au-delà du Rhin pour visiter les lieux.
Après la découverte du site archéologique en 1872, au moment de la construction de l'observatoire atmosphérique, un musée et des visites en 3D permettent aujourd'hui aux visiteurs de découvrir le temple de l'époque. Depuis sa première utilisation monumentale par l'Homme, il a toujours été mis à contribution par la population locale.
Blaise Pascal, qui fête ses 400 ans cette année, l'a utilisé pour démontrer ses préceptes sur la pression atmosphérique en 1648, une éruption artificielle a été organisée pour la venue de Napoléon III en 1862, à grand renfort de 600 fagots, d'une tonne de résine et d'huile. Le pastoralisme a également toujours été présent, mais nous y reviendrons.
L'ère moderne marque un tournant pour le volcan, entre sciences, sports et techniques, il va connaître une seconde jeunesse. La science d'abord. Depuis 1876, le sommet supporte une station d'étude météorologique, une antenne TDF (télécommunication et diffusion), qui lui donnera la silhouette qu'on connaît tous, apparaîtra en 1956. Ce que l'on sait moins, c'est qu'une station militaire de l'armée de l'air et du ministère de l'Intérieur cohabite avec les scientifiques. Là-haut, un "aspirateur à nuage", permet aux chercheurs d'analyser avec précision la météorologie et la "santé" des nuages.
Lié au sport et à la science
Avant-gardiste, il a aussi participé, à sa manière, à la révolution industrielle. En 1908, Michelin lance un défi aux ingénieurs et courageux du monde entier. Avec une compétition incongrue. L'objectif parait simple aujourd'hui, mais au début du 20e siècle, c'est une autre paire de manches.
Il fallait s'élancer de Paris, en avion, survoler l'Arc de Triomphe, puis les flèches de la cathédrale de Clermont-Ferrand, avant d'atterrir, sans s'écraser, ni s'arrêter en route, sur le sommet du puy. Le tout en moins de six heures et avec un passager. Suicidaire à l'époque, puisqu'aucun avion n'avait encore parcouru une telle distance. Mais, la prime de 100 000 francs offerte par Michelin pousse des aventuriers à essayer. Après plusieurs échecs, Eugène Renaux et Albert Senoucque, réalisent l'impensable, en 5 heures et 10 minutes ! Une stèle, installée en 1923, commémore toujours cet exploit, au sommet du géant.
Puis viens le tour de l'automobile. La route, que le peloton empruntera dimanche, la seule qui rejoint le sommet, a été inaugurée le 12 juillet 1926. Mais, en 1905, Auguste Fraignac était parvenu au point culminant en voiture, en passant par le chemin des Muletiers. Itinéraire escarpé et réservé aux bipèdes désormais.
Et puis bien sûr, le cyclisme
Bien entendu, c'est le cyclisme qui a gravé en lettres d'or, la légende du Tour de France. Entre 1952 et 1988, la Grande Boucle a emprunté 13 fois la montée du puy de Dôme. Depuis la création du train à crémaillères ralliant le sommet, le 26 mai 2012, on annonçait impossible que le Tour remonte sur le géant des dômes. Les cyclistes y sont d'ailleurs interdits, le train coupant la route et sa construction réduisant l'axe à peau de chagrin.
Pourtant, ils sont nombreux, dès six heures du matin, à passer sous la barrière pour tenter de gravir le puy de Dôme avant l'arrivée de la sécurité. Ses passionnés veulent rouler dans les roues de légendes du Tour, qui se sont distinguées ici. Les plus grands champions ont levé les bras à son sommet. Fausto Coppi, le premier en 1952. L'italien était, l'un des plus grands de son temps, il remportera d'ailleurs son deuxième Tour de France en 1952 (après 1949).
Ensuite, c'est au tour de celui qui est considéré comme le plus grand grimpeur de tous les temps, Fédérico Bahamontes, l'aigle de Tolède l'emporte en 1959. Ensuite Jimenez, Gimondi, Ocana, Van Impe s'y sont imposés, des noms qui résonnent pour les amoureux de vélo. Mais ce sont deux autres faits qui ont marqué l'Histoire.
Un duel de légendes
En 1964, la France est coupée en deux. Entre Poulidor des champs et Anquetil des villes. Deux sportifs français, diamétralement opposé, qui divise l'opinion publique entre le côté chaleureux, rural, bourru de Raymond Poulidor, et la réserve et l'élégance de Jacques Anquetil.
Quand le Tour de France 1964 arrive au puy de Dôme, les deux Français sont au coude-à-coude au classement général. Jacques Anquetil a 56 petites secondes d'avance sur son rival. Si Jimenez part seul gagner l'étape, la guerre pour le maillot Jaune fait rage derrière. L'image va alors être saisie par un photographe et marquée définitivement l'épreuve. Dans la douleur, les deux champions sont littéralement épaule contre épaule, dans un effort commun. Poulidor met trop de temps à comprendre qu'il est plus fort aujourd'hui. Et ne grappillera que 40 secondes, insuffisantes pour lui permettre d'enfin gagner.
L'autre événement marquant du Tour sur le puy, c'est le 11 juillet 1975. Le "Cannibale", Eddy Merckx écrase la concurrence, comme personne avant lui. Il a déjà remporté cinq Tour, il n'en remportera plus aucun. Lors de l'étape, on ne réalise pas trop pourquoi, mais à 150 mètres du sommet, en plein effort, le géant Belge s'effondre. Il parvient à finir avec une extrême difficulté, après être remonté sur son engin. Un homme d'une cinquantaine d'années, originaire de Cusset, avait en réalité frappé le champion d'un coup-de-poing durant l'ascension. Identifié par Merckx lui-même, il sera condamné, mais versera seulement un franc symbolique.
Aujourd'hui, il fourmille de vie
Depuis, plus de Tour, plus d'exposition mondiale. Il a donc fallu trouver d'autres biais. Après deux échecs retentissants, la chaîne des Puys est enfin inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 2018. Et le puy de Dôme en est bien sûr la star. Il est le terrain de jeu quotidien des coureurs, des VTT, des parapentes, des montgolfières, des guides touristiques aussi.
Il appartient encore aujourd'hui, à un regroupement de plusieurs éleveurs. Ce sont d'ailleurs les brebis et autres moutons ou vaches qui entretiennent le site. Sans faire de dégâts, les brebis pâturent et relookent le géant. Les agriculteurs locaux ont d'ailleurs préparé des surprises pour dimanche. Ce 9 juillet, quand 3,5 milliards (selon l'organisateur) de téléspectateurs vont observer... le puy de Dôme.
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1 commentaire
Merci pour ce reportage sur le Puy de Dôme,à l'occasion du tour de France,trés bien documenté dans plusieurs domaines,et qui nous rappelle de bons souvenirs.