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Les Estables : la neige artificielle, incompatible avec les enjeux énergétiques ?
Le domaine skiable des Estables repousse l’ouverture de sa station par manque d’enneigement et devra sans doute utiliser davantage les canons à neige pour lancer la saison. Face aux possibles coupures d’électricité à cause d’une production insuffisante, la question de l’utilisation de ces machines peut se poser. Un usage que dénonce l’association France Nature Environnement.
Perchée à 1350 m d’altitude, la station des Estables, en Haute-Loire ne risque pas de manquer le lancement de sa saison hivernale. 30 km de piste de ski de fond sont déjà ouverts au public, mais il faudra encore attendre que la vraie neige tombe pour pouvoir faire du ski alpin.
Pour pouvoir assurer le lancement de la saison, elle ne manquera pas d’utiliser ses 4 canons qui déploient la neige de culture. « La neige de culture aux Estables, c’est uniquement de l’air et de l’eau. Il n’y a aucun produit ajouté », a précisé Yves Gayton, directeur de la station des Estables pour Zoomdici.
« Les canons nous servent à fabriquer notre matière première : la neige. Il y a des secteurs ou l’enneigement est primordial comme chez nous. Cela nous permet de garder une activité économique stable », a ajouté le directeur de la station.
« On n’a pas loupé une seule saison depuis qu’on a des canons à neige. »
Les canons fonctionnent surtout en début de saison puis pour pallier des manquements de neige comme appoint. Ces machines sont indispensables selon le directeur des Estables pour définir une ouverture de la station et faire vivre une dizaine d’employés : « La neige de culture est un moyen sécurisant et essentiel pour conditionner la saison. Les canons permettent de sécuriser l’emploi d’une dizaine de moniteurs dont la fonction est essentielle pour l’économie de la station. »
Et pour produire cette neige, il faut de l’énergie et de l’argent. Un mètre cube de neige de culture revient à 2,5 euros. À titre d’exemple, 6 000 m3 ont été produits l’année dernière. Cela correspond à la consommation d’environ 15 000 kilowatts. « Sans canons à neige, les saisons précédentes auraient été très aléatoires. Aujourd’hui avec les canons, l’enneigement est quasiment garanti. On n’a pas loupé une seule saison depuis qu’on a cette technologie. Pour les stations de moyenne altitude, c’est indispensable », a affirmé Yves Gayton.
« C’est un investissement criminel de vouloir maintenir une activité qui est vouée à disparaître. »
Mais en cette période de crise énergétique, la question de l’utilisation de ces machines peut se poser. En effet Éric Feraille, président de France Nature Environnement de l’antenne Auvergne-Rhône-Alpes, qui a étudié le dossier de la neige artificielle de près, réfute totalement l’utilisation de ces canons dans une période où l’énergie est rare :
« C’est un investissement criminel de vouloir maintenir une activité qui est vouée à disparaître. Il faut créer une économie différente pour les stations de moyennes altitudes. En dessous de 1800m, dans dix ans, il n’y aura plus de neige. »
Une perte de 30 % de l’eau par évaporation
En plus de la crise énergétique, il y a la crise climatique qui menace aussi la production de neige artificielle. Pour projeter les cristaux dans l’air, il faut puiser de l’eau, environ 1.000 litre pour 2 à 2,5 m3 de neige. « Pour faire notre neige de culture, on puise de l’eau au sein de nos retenues collinaires, un ouvrage de stockage des eaux de pluies et de ruissellement. Ensuite, cette eau est restituée dans son milieu naturel au moment de la fonte », a affirmé Yves Gayton.
Des arguments que démonte Éric Feraille : « La méthode actuelle de production fait perdre en moyenne 30 % d’eau par évaporation, mais aussi avec les pertes mécaniques. Et l’eau qui reviendrait dans les sols, rentre au moment où les terres en ont le moins besoin ».
« On ne fait pas de planche à voile quand il n’y a pas de vent. Alors pourquoi ferai-t-on du ski s’il n’y a pas de neige. »
Pour Eric Feraille, « il suffirait simplement d’ouvrir lorsqu’il y a de la neige naturelle et fermer quand il n’y en a pas. Il faudrait se tourner vers une autre activité s’il n’y a pas de neige. On ne fait pas de planche à voile quand il n’y a pas de vent. Alors pourquoi ferait-on du ski s’il n’y a pas de neige. On ne va pas créer des ventilateurs pour faire de la voile. On marche sur la tête ! », a-t-il dénoncé.
Du côté du gérant de la station, on assure que « grâce aux nouvelles technologies, moins énergivores, on peut faire des économies d’énergie de 10 % à 15 %. De plus, les canons à neige seront utilisés la nuit, une période où il y a des surplus d’électricité. De cette manière-là, il y a de l’électricité pour tout le monde », a estimé le directeur de la station. Le débat est ouvert.