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Le père Dursapt : "la vacance épiscopale est toujours une période particulière"
L'administrateur diocésain a présenté ses voeux et fait le bilan de l'année écoulée tout en dressant des perspectives pour les mois qui viennent.
Une période toujours un peu spéciale dans l'attente d'un nouvel évêque.
Le Père Dursapt a voulu aborder trois moments et trois dimensions majeures: la vacance du siège épiscopal, la démarche synodale et la lutte contre la pédocriminalité.
"Pour l'instant il n'y a pas d'information à propos de la nomination du prochain évêque."
Au sujet de la vacance épiscopale: "Depuis le 12 avril dernier nous n'avons donc pas d'évêque. C'est toujours un temps particulier pour un diocèse, avec un rythme différent: il n'y a plus de conseils (conseils presbytéral, conseil diocésain de pastorale, conseil épiscopal). C'est donc à l'administrateur diocésain que revient la mission, en lien avec le collège des consulteurs, de gérer le diocèse dans toutes ses composantes. Il ne peut rien lancer de nouveau mais il doit assurer la continuité de tout ce qui est en oeuvre. Pour l'instant il n'y a pas d'information à propos de la nomination du prochain évêque."
Il qualifie le bilan ce cette année d'intense et paisible: "Intense parce qu'il y a quand même une charge de responsabilités et de travail à assumer. Paisible parce que précisément, si nous assumons et si nous travaillons, les dossiers avancent, les gens se sentent écoutés et accompagnés. ils n'attendent pas que nous fassions des miracles mais que nous essayions de faire au mieux."
Affermir le « marcher ensemble » et pour ce faire, il faut réfléchir ensemble
Second point abordé: la démarche synodale. Le pape François a demandé à ce que soit universellement lancé une réflexion sur la synodalité.
De quoi s’agit-il ? "Affermir le « marcher ensemble » et pour ce faire, il faut réfléchir ensemble. La synodalité nous questionne sur deux grandes dimensions : d’abord une dynamique qui caractérise le vivant et s’oppose à l’inertie ; ensuite le terme ensemble suppose par définition que nous ne le fassions pas seuls. Chacun-chacune est à l’écoute des autres y compris dans les désaccords." explique le Père Dursapt.
"Cette démarche a eu d’abord un temps préparatoire de mise en œuvre et de lancement avec la constitution de deux niveaux d’équipes : deux référents (une femme laïque, un prêtre) qui ont la double responsabilité de faire le lien entre le national et le diocèse et d’assurer une dynamique et des perspectives. Pour les aider, ils ont constitué autour d’eux une équipe d’une bonne douzaine de personnes qui d’une part les aide à porter le projet, d’autre part ont une disponibilité pour aider plus localement. Il y a à la fois un rôle d’accompagnement sur le plan local et de renseignement."
"N’ayons pas peur de laisser les gens s’exprimer sur l’Église et n’ayons pas peur non plus de nous laisser rejoindre et bousculer."
Cette démarche s'accompagne de moyens pratiques: "Des fiches existent avec différents thèmes. Notre diocèse en a retenu dix. Ces thèmes guident et soutiennent la réflexion des équipes : comment sommes-nous compagnons de route ?; l’écoute ; l’importance du ‘’célébrer ensemble’’ ; le partage de la responsabilité ; le dialogue dans l’Église et dans la société ; l’œcuménisme ; autorité et participation. Au niveau du fonctionnement, dans chaque équipe, il est bon de prévoir un animateur et d’envisager de répondre à partir d’une ‘’fiche retour’’ d’ici le 15 avril."
Qui est concerné ? " Il y a trois grands niveaux : les paroisses, les mouvements, mais aussi des personnes qui seraient intéressées par la réflexion tout en ayant une appartenance à l’Église moins définie ou moins engagée. N’ayons pas peur de laisser les gens s’exprimer sur l’Église et n’ayons pas peur non plus de nous laisser rejoindre et bousculer."
"Le rapport de la CIASE du 5 octobre dernier est accablant mais nécessaire pour discerner et y voir plus clair"
Enfin, l'administrateur diocésain aborde la question de la lutte contre les abus sexuels dans l’Église : "Il y a eu la parution du rapport de la CIASE le 5 octobre dernier, rapport accablant mais nécessaire pour discerner et y voir plus clair. Un mois plus tard, les Évêques rassemblés à Lourdes ont pris un certain nombre de décisions que chaque diocèse est invité à s’approprier et à concrétiser au mieux."
Il lui semble important de travailler dans trois directions : "D'abord, accueillir les victimes : c’est un travail qu’il nous faut faire en priorité et de façon sérieuse. Ce travail est mené par une cellule d’écoute mise en place par Mgr Luc Crepy il y a six ans qui, non seulement continue à fonctionner mais d’une part s’est enrichie d’un nouveau membre, d’autre part, prend les moyens pour être connue et donc plus facilement jointe ( des éléments sur le site diocésain, fiches dans les églises, un numéro de téléphone et une adresse mail ont été mis en place)."
"Il faut accueillir rapidement la demande des victimes à être écoutées"
"Il faut accueillir rapidement la demande des victimes à être écoutées ; prendre leur déposition et vérifier avec elles si ce que l’on a noté est bien ce qu’elles ont dit ; transmettre le signalement au Procureur pour que la justice fasse son travail. J’ai eu l’occasion de rencontrer Mr le procureur le 8 décembre dernier."
"Il est parfaitement légitime par ailleurs que les victimes, soit par le passé, soit dans le présent ou l’avenir, aient besoin d’aide pour ‘’se reconstruire’’. C’est à ce titre en particulier qu’a été décidé par les Évêques, la mise en place d’un fond de dotation appelé ‘’fond SELAM’’.
Où en êtes-vous sur ce plan dans notre diocèse ?
"Sensibiliser à la vigilance"
"Le principe d’une participation est validé ; nous nous sommes dirigés du coté de legs faits par des prêtres, auteurs de faits dénoncés ; les modalités et la hauteur de la participation doivent être validées par deux instances : le Conseil économique qui a été interrogé ce jeudi 27 janvier et le collège des consulteurs qui sera interrogé le vendredi 4 février."
L’information du niveau de participation sera ensuite transmise aux personnes responsables du fond SELAM sur le plan national.
"Protéger les personnes et spécialement les mineurs"
"Sensibiliser à la vigilance, sachant qu’on ne peut être artisan de vigilance que si l’on est convaincu de sa nécessité. Et c’est à partir de là que des actions concrètes peuvent être posées. Sur le plan diocésain, je soulignerais deux moments qui sont allés dans ce sens ces dernières semaines :
Le 17 janvier dernier, les catéchistes et animateurs en pastorale ont eu un long temps de partage avec la Cellule d’Accueil Spécialisé de l’Enfance en Danger avec deux questions : Quels critères pour repérer des situations possiblement préoccupantes ? Quelles démarches entreprendre ?
Notre cellule d’écoute a aussi participé à cette rencontre, si bien que je lui ai fait appel pour qu’une rencontre ait aussi lieu avec les prêtres du diocèse."
Cette rencontre a eu lieu le 25 janvier dernier. La cellule a pu à la fois repartir sur les questions posées et partager sur sa mission.
"De la vigilance sans pour autant tomber dans la suspicion et la formation."
Et il précise: "Protéger les personnes et spécialement les mineurs. C’est forcément le point le plus compliqué puisque, j’allais dire par définition, les abus sexuels ne se commettent pas de façon publique. La protection passe par deux dimensions : l’exercice concret de la vigilance sans pour autant tomber dans la suspicion et la formation."