La librairie des Arts enracinés, le salut nazi en justice

« Le Premier ministre a bien rappelé qu’aucune tolérance à l'égard du racisme et de l’antisémitisme ne pouvait être admise. L’Antisémitisme, le racisme, le communautarisme me sont, personnellement, intolérables, des lignes rouges à ne jamais franchir ». Ainsi s’exprime le préfet de la Haute-Loire, Yvan Cordier, lors d’un rendez-vous avec la presse, mercredi 2 octobre.

Le sujet abordé est la vidéo mise en public par le libraire de la boutique des Arts Enracinés, rue Raphaël au Puy-en-Velay. Sur ce post du 20 septembre, Maxime Sanial y apparaît dans l’objectif de récolter des dons sur sa cagnotte Tipeee, au profit de sa librairie.

En voix off, une femme explique le contexte pendant que Maxime Sanial fait face à l’objectif : « Je me suis converti au gauchisme et à une nouvelle religion qui est le simiétisme ». Avant d’ajouter : « En fait, je suis d’extrême droite », complétant la voix off avec un salut nazi qui s’avère sans équivoque possible.

C’était juste pour rire, selon Maxime Sanial

La rédaction de Zoomdici avait demandé au patron de la librairie sa propre interprétation quant à ce geste judiciairement répréhensible. Il avait alors nuancé la chose en affirmant : « C'est absurde, ce n'est pas du tout un salut nazi, j'ai levé la main une seconde en souriant. Je ne vois pas le rapport ».

Et encore : « La vidéo que j'ai faite était humoristique. Il n'y a aucune provocation de faite. J'ai d'ailleurs retiré la vidéo de mon canal Telegram, car il comporte des personnes sérieuses, qui auraient pu mal prendre un tel trait d'humour. Je me suis dit :"au cas où", il suffit de faire des traits d'humour comme ça, un peu "à la Dieudonné" pour être pris pour un pitre. Ça peut être mal interprété. Les membres du Réseau Antifasciste de Haute-Loire (les lanceurs d’alerte, Ndlr) n'ont pas beaucoup d'humour visiblement. »

« Les données dont on dispose montrent que nous sommes sur des quantités faibles de personnes qui sont partenaires de cette librairie et de ses idées. Nous restons très vigilants avec le commissaire de police, les services du cabinet et le renseignement territorial. » Yvan Cordier, préfet de la Haute-Loire

« J’ai caractérisé ma saisine, avec copie d’écran, le 12 octobre 2023 »

Apparemment, cela n’a pas fait rire beaucoup de monde, et encore moins le préfet de la Haute-Loire. Yvan Cordier a confié à la presse avoir effectué « un signalement à la Procureure de la République sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénal ».

Il précise : « Suite à cette vidéo publique où nous voyons le propriétaire des Arts enracinés faire un salut nazi et tenir des propos et des comportements antisémites, j’ai caractérisé ma saisine, avec copie d’écran, le 12 octobre 2023. Actuellement, c’est entre les mains de la justice ». Yvan Cordier souligne sur le fait qu’il va y avoir une suite judiciaire et que « les services de la préfecture ne restent pas inactifs sur le sujet ».

Article 40 : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs »

Des maillots qui prônent la légitime défense par arme à feux

À la question de savoir ce que le représentant de l’État pense de certains articles mis en vente dans ce commerce, comme les t-shirt incitant à la légitime défense, avec un revolver dessiné au-dessus d’un drapeau tricolore, il partage : « Je n’ai pas dénoncé ces faits à la Procureure de la République, car ils ne me paraissaient pas suffisamment caractérisés pour relever de la loi pénale ».

Que dit la loi ?

En France, le salut nazi est considéré comme une incitation à la haine, tout comme d'autres gestes, symboles ou actions.

Selon le site du gouvernement service-public.fr, « l'incitation à la haine est le fait de pousser par ses actes des tiers à manifester de la haine, inciter à la violence ou à la discrimination à l'égard de certaines personnes, en raison de leur couleur de peau, de leur origine, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur handicap. Il s'agit d'une infraction punie par la loi. Elle est publique si elle a pu être lue ou entendue par plusieurs personnes sans lien entre elles : dans la rue, sur un réseau social public,... »