Issoire : l'histoire de l'ancêtre de Constellium

, Mise à jour le 22/02/2024 à 17:00

Pour les 150 ans de la naissance d'Auguste Perret, architecte français, le réseau national des Villes et pays d’art et d’histoire a organisé un cycle de conférences en ligne retraçant sa vie et ses ouvrages, dont l'usine de l'ex-société centrale des alliages légers d'Issoire. 

C'était l'un des premiers à avoir employé le béton armé dans la construction, Auguste Perret, architecte français, toujours accompagné de ses frères Gustave et Claude, est à l'origine de nombreuses constructions parmi lesquelles le théâtre des Champs-Elysées en 1913, l'église du Raincy en 1923,  la Tour d'orientation de Grenoble en 1925, la Chapelle de la Colombière, Chalon-sur-Saône en 1929, et des reconstructions d'après guerre, comme la ville du Havre. 

À l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, en 1939, l’État et les industriels français élisent la ville d'Issoire pour construire une usine de laminage destinée à produire des tôles pour l’aviation militaire.
Le projet est confié au fameux Auguste Perret, qui conçoit une usine monumentale en béton armé, celle de l'ex-société centrale des alliages légers (SCAL) d'Issoire, aujourd'hui devenue l'usine Constellium, bien connue des Issoiriens et Puydômois. 

L'actionnaire principal de la SCAL dès 1943 est Cegedur (Compagnie Générale du Duralumin et du Cuivre). qui deviendra à partir de 1954 le principal propriétaire de l'usine avant de muter en Gégédur Pechiney, Pechiney, Pechiney Rhenalu, puis Alcan, et aujourd'hui Constellium.  

Myriam Bayol, cheffe de projet Pays d’art et d’histoire, de l'Agglo Pays d’Issoire, et Christophe Laurent, historien de l'architecture et du patrimoine, qui a mené des recherches universitaires sur les frères Perret et écrit des ouvrages sur l'histoire et l'urbanisme en Auvergne, sont intervenus durant ce cycle de conférences dédié à Auguste Perret, afin d'aborder l'histoire de cette usine Issoirienne.  

"L'idée fondatrice de cette usine c'était de produire en très grande quantité des tôles et profilés en duralumin, un alliage d'aluminium qui a une très forte résistance mécanique", Christophe Laurent.

"Si Issoire bénéficie de la présence de cette usine de transformation d'aluminium, elle le doit à trois personnages, Jean Matter, directeur général de la société du duralumin*, le principal industriel de ce métal ; Marcel Lamourdedieu, ingénieur, directeur de l'usine de l'aluminium français à Chambéry et Raoul Dautry, Ministre de l'armement" explique Christophe Laurent. 

*Alliage d'aluminium particulièrement utilisé dans l'aéronautique à cette période là.

La naissance de cette construction en chiffres

  • À partir de 1934 : face au besoin du ministère de l'air, Marcel Lamourdedieu, conduit de nombreuses visites américaines, et a l'idée d'adapter au laminage à froid des alliages légers, le procédé de laminage en continu utilisé dans les aciéries américaines. Une manière d'augmenter la production et de baisser les coûts de revient.
     
  • En septembre 1938 : la guerre est en approche et inévitable. Jean Matter cherche un site favorable à l'établissement d'une nouvelle usine de production. Il confie ce projet à l'un de ses directeurs d'entreprises, dont le beau frère est un notaire issoirien. En avril 1939 ils visitent plusieurs sites à Issoire.
     
  • Le 27 août 1939 : le domaine est acheté, soit 55 hectares, au nord d'Issoire. "Le site n'est pas choisi au hasard" explique Christophe Laurent. "Avec une ligne importante chemin de fer, la proximité de la rivière allier, de la route nationale, des terrains avec une partie rocheuse permettant d'installer des machines très lourdes, un climat pas trop rigoureux, une agglomération pour loger le personnel et les familles, et un important réservoir de main d'œuvre à l'époque à Issoire." 
     
  • Le 3 septembre 1939 : déclaration de guerre. "Apparait l'impréparation totale de l'armée française avec le constat de la carence de l'industrie de l'armement et de l'industrie de l'aéronautique." Le ministre de l'armement Raoul Dautry constate que seuls 40 % des besoins en duralumin sont couverts par l'industrie française.
     
  • Le 11 novembre : il réunit les principaux industriels de l'aluminium dont la société du duralumin. Jean Matter amène le projet de l'usine Issoirienne alors en gestation, avec le procédé de laminage en continu.
    Des accords sont signés ce même jour entre les industriels et l'État, et pour Issoire, le ministre désigne comme architecte à construire les frères Perret, réputés et spécialistes du béton armé, indispensable alors pour protéger l'usine des bombardements.

La rue yves lamourdedieu

Marcel Lamourdedieu est le père d'Yves Lamourdedieu, jeune homme entré en résistence sous l'occupation et qui a été assassiné par les nazis en 1944 à Clermont-Ferrand.

C'est pour cela que la rue qui mène à l'usine Constellium à Issoire porte son nom. 

Le financement est assuré intégralement par l'État, à hauteur de 750 millions de francs (1,2 milliards d'euros), "la plus coûteuse opération engagée par le ministère de l'armement en association avec des partenaires privés à ce moment là."

Au départ l'objectif ambitieux était une production de 54.000 tonnes de produits finis ou semi-finis, par an, revu à la baisse et même divisé par deux durant la guerre. 

Pour connaître la suite de l'histoire de cette construction, et en savoir plus sur le travail architectural d'Auguste Perret, le replay de la conférence est disponible ici.

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