À vos baskets pour la Corrida du Puy-en-Velay
Des femmes altiligériennes à l'honneur pour le 8 mars
Le 8 mars prochain, ce sera la journée internationale d'action, de sensibilisation et de mobilisation en faveur des droits des femmes. De nombreux évènements et initiatives diverses auront lieu partout dans le monde sur le sujet.
En Haute-Loire, des femmes ont œuvré pour immortaliser la grâce, la beauté et le combat de toutes les femmes du monde. Portraits.
Elles sont cinq. Cinq femmes à porter ce projet. Angela, la photographe, Audrey, la coiffeuse, spécialisée dans l'évènementiel, Céline, l'esthéticienne, Isabelle et Chadia en charge de la communication. Elles ne veulent pas être perçues comme des féministes. Ne font pas de politique. Elles sont actives, pourtant. Sur le terrain. Bénévoles dans de nombreuses associations. Toujours soucieuses d'aider. Elles connaissent les fragilités et les failles des femmes d'aujourd'hui. Elles en parlent sans faux semblant: la maladie, la charge mentale, le baby blues, le handicap, la précarité, le vieillissement, le manque de reconnaissance.
Elles veulent aider les femmes à retrouver confiance en elle, quelle que soit leur situation et cela passe par un travail sur leur image : " On vient quasi toutes du petit monde de l'image et du paraître, avec une immense volonté de prendre soin. Notre dernier projet, s'appelait Maman Emoi. Souvent, après une naissance, certaines jeunes mamans perdent totalement confiance en elles. Elles se sentent moches, fatiguées et incompétentes. On organisait donc avec elles une séance de relooking et de shooting pour les aider à se sentir à nouveau belles et à remonter la pente. On est aussi intervenu auprès des femmes malades du cancer, afin de les aider à redécouvrir leur identité et à se trouver belles à nouveau, une fois la maladie surmontée".
"On était pas à la recherche de top modèles, mais de vraies femmes, dans la vraie vie. On voulait également de la diversité "
"Chez nous aussi on a des femmes exceptionnelles"
Dans l'optique de la journée de la femme, elles ont décidé de se lancer dans un nouveau projet : mettre en valeur les femmes de Haute-Loire dans toute leur diversité : " On voulait montrer que chez nous aussi on a des femmes exceptionnelles. On voulait avoir un échantillon représentatif de toutes les femmes qu'on peut croiser ici, raconter quelque-chose de leur difficulté d'être femme et rendre hommage à leur force et à leur énergie. On a donc organisé un casting. Sur les quatre-vingts femmes qui ont participé, nous en avons retenues vingt-quatre. Il y avait beaucoup d'instagrameuses et d'influenceuses qui ont répondu. Ce n'est pas ce qu'on voulait. On était pas à la recherche de top modèles, mais de vraies femmes, dans la vraie vie. On voulait également de la diversité ".
Femmes d'origine étrangère, femmes en situation de handicap, étudiantes, mamans solo, femmes en surpoids : "On les a toutes préparées, maquillées, coiffées mais sans jamais les transformer. Le but était de mettre en valeur leur personnalité de la manière la plus naturelle possible".
Nakasi
Nakasi a une trentaine d'années. Elle vient de Sainte-Florine, à l'autre bout du département. D'origine congolaise, elle est arrivée en France il y a 22 ans. Le haut du visage peint, elle défie l'objectif d'Angela. Fière et gracieuse. Elle se définit comme pleine de joie et très ambitieuse, s'étend un moment sur les difficultés d'être la mère d'un petit autiste, puis évoque son parcours.
Son histoire de femme de couleur dans un petit département rural : " J'ai du beaucoup me battre pour me faire accepter. j'ai subi énormément de moqueries à cause de ma couleur de peau. Et je ne cesserai jamais de me battre pour venir en aide aux femmes victimes de racisme. Un homme ça peut se défendre dans cette situation. Une femme n'en a pas les moyens physiques".
Lisa
Lisa a une vingtaine d'années. Originaire de Haute-Loire, elle suit des études de Droit à Clermont et s'engage actuellement dans une formation dans le secteur de la communication. Petite brune élancée, ses gestes sont précis et professionnels face à l'objectif. C'est elle qui dirige le shooting. Elle n'a pas besoin d'être conseillée.
Elle a été élue " Miss Petite Universe" pour la région AURA : " J'ai voulu participer à ce concours, parce qu'il me correspondait totalement. C'est un concours qui a pour but de casser les codes et de rendre possible l'opportunité de vivre une aventure de miss à des femmes qui n'ont pas accès à l'industrie de la mode traditionnelle à cause de ses critères physiques hyper rigides. Il n'y a aucun critère de poids. Les femmes y sont totalement libres. Elles peuvent être tatouées, percées, mariées, mamans, divorcées et même avoir eu recours à la chirurgie. J'aime cette liberté qui correspond beaucoup plus à la femme moderne. C'est triste qu'aujourd'hui, certaines femmes doivent encore se battre à cause de leur physique! ".
A la question de savoir quel est le mot qui la définit le mieux, elle répond, sans réfléchir : " Proud ! La fierté ! Je suis fière, à mon âge, d'avoir fait tout ce que j'ai fait. Je travaille depuis que j'ai quatorze ans. Je travaille pour payer mes études, je mène plusieurs combats de front".
Noémie
Noémie à vingt ans. Elle habite à Brives et fait de l'intérimaire. Moins à l'aise que Lisa devant l'objectif, elle rayonne pourtant devant la toile de fond noire qui met délicatement en valeur la blancheur de sa peau. Pas besoin de beaucoup de prises de vue pour parvenir au bon cliché. Elle choisit le mot "acceptation" pour définir sa personnalité
"Cette séance de shooting est très importante pour moi. C'est une sorte d'aboutissement. Quand on est une fille en surpoids comme moi, c'est hyper difficile de s'accepter comme ça. Les gens nous regardent en se disant, elle pourrait manger un peu moins celle-là, sans savoir que peut être il y d'autres raisons qui se cachent derrière. Ce qui m'énerve le plus, c'est que les hommes, eux, ont le droit d'être en surpoids, personne ne leur fait jamais aucune remarque. Ils n'ont pas à affronter au quotidien ce regard accusateur qui m'a tant fait souffrir. Au collège, j'en ai énormément souffert. Je me faisais harceler, c'était hyper dur. Je remplissais des feuilles et des feuilles de mots, pour poser ma souffrance. Après je les brûlais. Aujourd'hui, je m'en fous. Je suis grosse et belle. Et puis de toute manière, les femmes ne sont pas là pour répondre aux besoins de critères physiques inventés par des hommes !"
Sabine
Sabine vient de Vals. Elle a 44 ans et est responsable de magasin. Sa joie de vivre est communicative. Lorsqu'elle prend la pose on croit qu'elle chante. Elle élève seule ses enfants et le revendique. Elle se définit comme "une maman battante" mais reconnait que c'est de plus en plus dur d'être à la fois, femme, maman et travailleuse : "J'ai jamais de temps à moi, je cours partout tout le temps. Elever seule ses enfants c'est un deuxième travail mais qui n'est pas du tout reconnu et jamais pris en compte !"
L'exposition sera visible à la mairie du Puy-en-Velay à l'occasion de la journée des femmes puis à Cussac sur Loire.
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1 commentaire
belle initiative propulsée par un beau reportage.