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Dermographiste : "Je redessine ce que la vie la maladie a abîmé ou effacé"
Installée depuis le mois de juillet 2022 dans le centre médical Saint Cosme et Damien du Puy-en-Velay, Cécile Chenard à la tête du cabinet Skin Dermo est spécialiste du maquillage permanent et de la dermopigmentation réparatrice. Une profession qui permet notamment de redessiner des aréoles mammaires en 3D après une mastectomie.
" Je redessine ce que la vie ou la maladie a abîmé ou effacé", confie Cécile Chenard. Blouse blanche sur les épaules, gants de protection enfilés sur les mains et le sourire aux lèvres, cette dermographiste compte désormais une quinzaine d'années d'expérience. Un métier très en vogue actuellement mais mal connu du grand public.
Elle se souvient comment tout a commencé. "C'était il y a une vingtaine d'années. A l'époque, j'exposais mes peintures dans les couloirs du centre Régional De Lutte Contre Le Cancer Georges-François Leclerc à Dijon. J'étais en train d'accrocher un tableau d'un buste de femme sans bras, sans jambes mais avec deux beaux seins et deux très belles aréoles mammaires en forme de tournesol bleu. Un professeur du centre m'a interpellé pour féliciter mon travail et m' a demandé si je pouvais dessiner la même chose sur une vraie dame", retrace avec émotion cette bourguignonne d'origine.
A la découverte du métier de démographiste
" Se faire dessiner une aréole mammaire est moins lourd qu'une opération"
" J'ai rencontré Cécile grâce aux recommandations d'un cancérologue de l'Hôpital du Creusot", confie Patricia.
Cette dernière a été atteinte à deux reprises d'un cancer du sein. "J'ai subi une première mastectomie. On m'a ensuite posé une prothèse puis reconstruit un mamelon en me prélevant une partie de mon autre mamelon et de la peau entre mes jambes", poursuit-elle.
C'est pour sa deuxième reconstruction qu'elle décide de se tourner la dermopigmentation. " Se faire dessiner une aréole mammaire c'était moins lourd que subir une opération. Après deux séances, je me sentais plus femme, c'était très ressemblant", avoue Patricia. Cela fait maintenant 4 ans qu'elle vit avec ce dessin et "il n'a pas bougé".
Cécile Chenard décide alors de se renseigner sur ce métier dont elle n'avait jusqu'alors jamais entendu parler. "J'avais dessiné sur de nombreux supports mais pas sur de la peau. Ce n'est pas anodin. C'est emprunt des émotions de la personne, de son histoire..." détaillet-elle. Cette dernière se forme tout d'abord seule puis se rend à la rencontre de spécialistes pour apprendre l'utilisation des outils de travail. "La plupart exerçaient aux Etats-Unis ou en Angleterre. J'ai suivi des formations plutôt couteuses", poursuit-elle.
Après l'apprentissage, place à la pratique. Cécile Chenard commence à dessiner sur des peaux de cochons ou des peaux synthétiques et se rend alors chez des spécialistes sa petite glacière à la main et ses différents travaux à l'intérieur. " J'essayais de montrer du concret sur des peaux de cochons tatoués. Aujourd'hui, le cancer du sein touche 1 femme sur 8 et seulement 30% d'entre elles se font reconstruire par la suite. Tous les chirurgiens n'effectuent pas de reconstruction. Il faut donc les trouver et leur présenter son travail afin de se faire connaître", explique la spécialiste. Cette bourguignonne, se souvient de la première fois qu'elle a dessiné une aréole. Un moment émouvant pour cette quinquagénaire très empathique. " Je voulais faire quelque chose de beau mais pas trop pour qu'on ne puisse pas percevoir la différence", se remémore-t-elle.
"Je me suis demandée pourquoi elle venait me voir"
Nostalgique, elle se souvient de ses patients. Depuis 15 ans, des hommes et des femmes ont fait appel à elle pour redessiner des cheveux là où il n'y en avait plus, corriger un maquillage semi-permanent raté, cacher une vilaine cicatrice ou encore réparer l'irréparable. " J'ai déjà eu une femme reconstruite après excision. Elle avait subi une greffe de tissus mais la peau n'était pas forcément vascularisée de la même façon et on pouvait remarquer des différences de pigmentation. Quand je l'ai vue arriver dans mon cabinet je me suis demandée pourquoi elle venait me voir. Elle était magnifique. Lorsqu'elle m'a montré ce pour quoi elle était venue je ne m'y attendais pas du tout", confie-t-elle.
Une profession très règlementée
Arrivée depuis quelques mois dans le département, Cécile Chenard a décidé de s'installer au sein d'un cabinet médical. " Je veux travailler auprès des médecins. Si je devais avoir recours à ces techniques en tant que patiente, j'aimerais être dans un espace propre et aux normes. C'est important", alerte-t-elle. Selon cette professionnelle, il est interdit d'exercer ce métier à son domicile. Un décret publié en 2008 précise que toutes les personnes même les tatoueurs doivent avoir suivis une formation en hygiène et salubrité de trois jours avant d'exercer. " Le fait d'être avec des médecins, c'est aussi travailler avec des partenaires. Ils vont pouvoir orienter les femmes après un cancer et une reconstruction mammaire", espère la dermographiste.
Dominique, 69 ans victime d'alopécie témoigne.
"Je souffre d'alopécie depuis plus de 7 ans. Je n'ai plus de cheveux à certains endroits. J'ai fait appel à de nombreux spécialistes en vain. Je faisais des réactions allergiques lorsque j'effectuais mes colorations et devais systématiquement prendre un antihistaminique chaque mois. J'étais complètement malheureuse. C'est terrible pour une femme de perdre ses cheveux. J'ai découvert l'institut grâce à un flyer dans une boutique. J'ai vu qu'elle proposait de faire de la tricopigmentation ( technique de micro-tatouage du cuir chevelu qui vise à masquer une calvitie). Je suis venue en juillet et elle a tout de suite compris mon problème. Elle m'a comblé certains trous sur le crâne et elle m'a fait changer mes habitudes avec des produits plus naturels. Ce n'est pas terminé mais je revis".
" Ces soins ont un coût en raison du prix du matériel. Je ne le réutilise pas. Il faut compter 450 euros pour un dessin d'aréole mammaire", précise Cécile Chenard.
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