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Brivadois : un prof en difficulté dans l'exercice de ses fonctions
Tout part d'un regrettable incident. Un fait divers malheureusement inhérent au milieu scolaire. Voici la version du professeur et des syndicats.
Dans une classe de quatrième reconnue comme "difficile", dans un collège du Brivadois, qui compte environ 70 enseignants, un professeur contractuel, Louis Hossin, ancien ingénieur proche de la retraite, est nommé pour effectuer un remplacement en mathématiques.
Un coup de poing dans le visage du professeur
Le 24 novembre 2015, un important chahut débute dans le couloir et se poursuit dans la classe. Plusieurs adolescents sont debout. Un élève monte sur sa table, le professeur lui demande de s'asseoir, mais il n'écoute pas. "De peur que l'élève ne se fasse mal", le professeur allie le geste à la parole pour le faire descendre. Ce n'est pas du goût de l'adolescent, qui assène un coup de poing dans le visage du professeur...
Il s'agit de la version du professeur et des syndicats mais le dossier est très épais. Ceux-ci affirment en tout cas que l'élève a finalement reconnu avoir frappé le professeur et qu'il a aussi reconnu n'avoir subi aucune agression de Louis Hossin. Une procédure pénale a été déclenchée contre l'adolescent et il reste à l'encontre du professeur des violences verbales et le fait d'avoir saisi l'adolescent par le bras, un geste qui n'est pas autorisé et que les services de gendarmerie ont qualifié "d'acte d'exaspération".
Le témoignage du professeur agressé
Louis Hossin est un ancien ingénieur, aujourd'hui professeur contractuel en mathématiques, au coeur d'une procédure disciplinaire jugée "abusive" par les syndicats.
Comment expliquez-vous que l'on en soit arrivé à cet incident regrettable ? Vous avez eu l'impression que la communauté pédagogique et la hiérarchie ne vous ont pas soutenu ?
Cet incident remet-il en cause votre envie d'exercer ce métier ?
"Sans l'aide d'un syndicat, on m'aurait massacré"
Très rapidement, le professeur apprend qu'une procédure disciplinaire a été entreprise à son encontre. Des insultes et des actes de brutalité lui sont reprochés. "Dans l'échelle des sanctions, c'est la mesure la plus grave", constate Véronique de Marconnay, secrétaire de Sud Education 43. "Sans même avoir été interrogé", poursuit-elle, il est aussitôt reconnu comme coupable par l'administration et son licenciement lui est annoncé dans la foulée (sans indemnités). "C'est une réaction précipitée de l'administration", dénonce Eric Durupt, de Sud Education, "dans un dossier qui est au final complètement vide".
"Sans l'aide d'un syndicat, on m'aurait massacré", témoigne Louis Hossin, car finalement, le syndicat va contester le fond et la forme et obtenir la fin de la procédure disciplinaire : le rectorat revient sur sa décision et ne lui inflige finalement "que" deux mois d'exclusion sans salaire. Un moindre mal "mais c'est encore injuste selon nous", explique Eric Durupt. D'autres démarches vont donc être entreprises pour revenir à la situation de départ (avec un remboursement du salaire rétroactivement).
----Une réunion est proposée par Sud Education le mercredi 9 mars à 14h à la maison des syndicats, 9 rue de la Passerelle au Puy-en-Velay, pour informer des droits et devoirs des enseignants, contractuels ou non.-----L'explosion de la précarité et des souffrances
Pour le syndicat Sud Education, cette histoire est un parfait symbole de l'explosion de la précarité et des souffrances dans l'enseignement. "Aujourd'hui, pour des raisons budgétaires, on est contraint de recruter à Pôle Emploi, ou de faire appel à des retraités de l'Education Nationale", observe Eric Durupt, alors que Véronique de Marconnay souligne le problème de la formation : "on nie la spécificité de notre métier : comment on mène une classe, comment on prend en compte la psychologie des élèves, etc".
Le syndicat a d'ailleurs une revendication : la titularisation de tous les précaires, avec une formation, dans l'Education Nationale, sans condition de nationalité et sans condition de concours. Car pour eux, la performance pédagogique importe plus que la compétence technique dans une matière donnée. Le recours aux contractuels, "c'est le résultat des politiques passées", déplore Eric Durupt, "et c'est du personnel fragile, docile, maléable... Ils sont souvent sur plusieurs établissements et leurs frais de déplacements ne sont pas remboursés".
Les prof' sont-ils plongés dans la précarité, ou sont-ils des "planqués" ?
Véronique de Marconnay est secrétaire de Sud Education 43. Elle fait valoir que les professeurs, même s'ils sont insultés ou frappés, n'ont, en aucun cas, le droit de répondre, sous peine d'exclusion. C'est finalment très loin des clichés qui véhiculent l'image que les fonctionnaires, et en particulier les enseignants, sont comme on dit vulgairement des "planqués" ? Au contraire, il y a une forte précarité dans cette profession ?
Une crise des vocations
François Hollande avait promis 60 000 postes lors de son quinquennat. Pour Eric Durupt, secrétaire de Sud Education, le compte n'y est pas du tout. Il est difficile de trouver assez de professeurs. Alors peut-on parler d'une crise des vocations, et si c'est le cas, quels en sont les principaux facteurs ?
Contacté, le rectorat ne peut pas exposer les faits publiquement. Il déclare qu'il assume sa décision et qu'il ne fait qu'appliquer les règles de droit.
Le chef d'établissement du collège concerné n'était pas disposnible ce mercredi après-midi ; un message lui a été adressé et la possibilité de réagir lui est toujours offerte.
Maxime Pitavy
- Photo d'illustration / Archive Zoomdici.fr -
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