Interdiction du plastique à usage unique dans les restaurants depuis le 1er janvier 2023
Depuis un an, les restaurants pouvant accueillir au moins vingt couverts simultanément, sont dans l'obligation de fournir à leurs clients de la vaisselle réutilisable, pour les consommations sur place.
Dans le viseur, la restauration rapide, qui était alors responsable selon www.ecologie.gouv.fr de l'émission de 719 000 tonnes de déchets issus d'emballages à usage unique, en consommation sur place et à emporter.
Grandes chaines et indépendants ont du se plier à cette mesure sous peine de se voir infliger des sanctions pénales et administratives.
Une nouvelle étape était donc franchie pour la restauration rapide, après s'être déjà débarrassée un an auparavant des jouets en plastique offerts dans les menus pour enfants.
Damien, 21 ans, client chez Burger King à Brives Charensac, constate : « En consommation sur place, on dispose de verres, cuillères, cups pour les glaces en plastique dur, réutilisables. Seuls les sandwiches sont servis dans un emballage jetable, en papier. »
Quid de la restauration à emporter ?
Sans être inquiétée directement par ces nouvelles dispositions, la restauration à emporter avait auparavant déjà du s'adapter aux interdictions généralisées de la vente de certains objets en plastique à usage unique. Étaient alors concernés les pailles, touillettes et couvercles en plastique, les boîtes et gobelets en polystyrène expansé.
Élodie, 31 ans, cliente chez McDonald's à Vals-Près-Le-Puy constate : « Il n'y a plus de couvercle sur les pots de glace, et les opercules des boissons sont en carton. Pour les glaces, ce n'est pas très pratique pour le transport, même si le haut des contenants en carton est repliable. »
La loi prévoit toutefois la possibilité pour les clients de retirer leur commande dans leurs propres contenants (boite, gourde…). L'établissement est tenu d'accepter, sauf constat d'un récipient sale ou inadapté. Mais le client est-il informé de cette alternative plus écologique ?
« Je ne le savais pas ! Et on ne me l'a jamais proposé. » affirme Damien.
Dans les faits, la mise en œuvre n'est pas une évidence.
En plus d'ignorer également cette possibilité, Élodie nous fait part de sa réflexion : « Je me demande bien comment ça peut être géré. Si on passe au drive, on commande à une borne, on paie et on retire la commande. À aucun moment il y a une interaction avec quiconque. Surtout à l'allure où les commandes s'enchainent, je vois mal comment, entre deux, on peut proposer notre propre contenant. »
En plus des contraintes pratiques, se posent aussi les questions d'hygiène. Le sujet est tout particulièrement sensible, dans cette ère post-pandémie.
Élodie se montre réticente : « Un récipient peut sembler propre et être plein de bactéries. Je n'ai pas envie par exemple que mon burger soit à côté du récipient de quelqu'un qui propose cette même gamelle à son chien. »
Damien aurait quant à lui moins de difficultés à sauter le pas : « S'il y a une remise sur la consommation, alors oui, je suis prêt à le faire. »
La loi prévoit que lorsque le consommateur apporte son récipient réemployable, les vendeurs de boissons à emporter doivent appliquer une baisse de la tarification.
Force est de constater que la restauration à emporter peut encore améliorer son rapport à l'écologie. Élodie relève malgré tout des changements dans les habitudes d'emballage des commandes à emporter chez McDonald's : « Je note qu'il y a des efforts de faits, dans la diminution du volume des emballages, notamment avec l'utilisation de papier à la place des boîtes pour les hamburgers. Et puis, les emballages utilisés sont recyclables. »
C'est ainsi que chez Quick, boulevard Cluny, les poubelles de tri imposées par la loi sont en place. On remarquera toutefois qu'elles mentionnent toujours le plastique parmi les déchets collectés.
Rétrospective des interdictions concernant le plastique, promulguées avant 2023
- Interdiction des sacs en plastique jetables distribués aux caisses depuis le 1er juillet 2016, étendue à tous les sacs hors caisses depuis le 1er janvier 2017.
- Interdiction à la vente des cotons-tiges contenant du plastique depuis le 1er janvier 2020.
- Interdiction à la vente des objets en plastique suivants : pailles, couverts jetables, couverts des gobelets à emporter, boites en polystyrène expansé, piques à steak, tiges pour ballons, confettis et tous les objets en plastique oxodégradable depuis le 1er janvier 2021.
- Nouvelles restrictions concernant les emballages en plastique pour les fruits et légumes, et les sachets thés et tisanes depuis le 1er janvier 2022.
Sortir du plastique jetable d'ici à 2040
La loi AGEC prévoit des objectifs de Réduction, Réemploi et Recyclage des emballages en plastique (Stratégie nationale des « 3R »), qui sont fixés par des décrets quinquennaux. Les prochaines étapes prévues par le premier décret sont les suivantes :
- 2024 : interdiction de vendre des dispositifs médicaux contenant des microplastiques
- 2025 : restrictions quant aux contenants alimentaires en plastique utilisés par les services des collectivités territoriales
- 2026 : interdiction de vendre des produits cosmétiques rincés (shampooings, gels douche, démaquillants, colorations) contenant des microplastiques
- sans date définie pour le moment : l'interdiction des bouteilles en plastique, des tubes de dentifrice, des bidons de lessive, des sachets de salade…
La suppression totale de ces plastiques est prévue pour 2040, mais d'ici là, ce sont autant d'années durant lesquelles leurs méfaits sur l'environnement continuent à œuvrer. Selon un communiqué de presse publié par WWF le 8 février 2022, « si la production mondiale de plastique double bel et bien d’ici à 2040 comme l’affirment les projections, la quantité de débris plastiques dans les océans aura, elle, quadruplé d’ici à 2050. »
Si la France se montre bonne élève à avoir été le premier pays au monde à fixer des objectifs de sortie des emballages plastiques à usage unique, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'une responsabilité d'ordre mondial.