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Loudes : la ligne aérienne Le Puy/Paris trop chère, le directeur de l’aéroport se défend

Par . . , Mise à jour le 27/03/2023 à 17:00

Dans son rapport annuel rendu public fin février, la Chambre régionale des comptes a invité les gérants de l’aéroport de Loudes « à considérer la fermeture de la ligne commerciale » entre Le Puy et Paris. En cause : le coût trop élevé du maintien de cette ligne commerciale. L'Association des Usagers des Transports d'Auvergne est en accord avec ses conclusions. Pascal Rey, directeur de l’aéroport se défend. (en bas de l’article↓↓)

Après examen de la situation financière du plus petit des six aéroports commerciaux de la région, avec 6 700 passagers par an en moyenne (2016 à 2019), la Chambre régionale des comptes de la région Auvergne-Rhône-Alpes a conclu que le maintien de la ligne entre Le Puy-en-Velay et Paris est trop onéreuse pour les finances publiques, au vue de sa fréquentation.

« La gestion du syndicat mixte qui gère l’aérodrome appelle six recommandations de la chambre dont deux concernent les relations avec la société Twin Jet qui exploite, par délégation de service public, la seule et unique ligne commerciale, reliant Paris Orly. L’activité de la ligne est structurellement faible et a connu une érosion de la fréquentation dès avant la crise sanitaire. Ainsi le taux de remplissage des avions est faible, avec un nombre moyen de sept passagers par vol (sur 19 places disponibles) de 2017 à 2019. De plus, la clientèle régulière de la ligne n’est que de 77 passagers, ceux-ci représentant 25 % de l’ensemble de la clientèle. », explique l’analyse de la Chambre régionale des comptes.

« Ses dépenses consistent pour plus de la moitié à verser des subventions de fonctionnement destinées à combler le déficit de la ligne commerciale. »

« Ses recettes sont ainsi constituées à 90% par les contributions versées par ses membres et l’Etat »

L’analyse révèle aussi que « les comptes du syndicat connaissent une forte sollicitation des fonds publics occasionnée par le soutien apporté au fonctionnement d’une ligne structurellement déficitaire du fait de son médiocre taux de remplissage, mais aussi en raison du faible pouvoir de négociation d’un petit aéroport face aux compagnies aériennes ».

Il est également ajouté : « Ses recettes sont ainsi constituées à 90% par les contributions versées par ses membres et l’Etat. Ses dépenses consistent pour plus de la moitié à verser des subventions de fonctionnement destinées à combler le déficit de la ligne commerciale. La compensation versée à la compagnie aérienne Twin Jet s’établissait ainsi à 190 € par passager en 2017-2018, pour une moyenne observée de 69 € sur les autres lignes d’aménagement du territoire ».

Un service rendu insuffisant aussi pour l'AUTA

Dans un communiqué ce lundi, l'Association des Usagers des Transports d'Auvergne (AUTA) explique « avoir pris connaissance avec beaucoup d'intérêt du rapport de la Cour Régionale des Comptes concernant la ligne aérienne Le Puy/Paris » et affirme être « en accord avec ses conclusions. »

« Elle est même la plus coûteuse de France avec une subvention publique de 190 € par passager ! »

« Cette ligne aérienne est coûteuse pour les finances publiques et elle est trop peu utilisée. Un coût en subventions publiques de 1,2 millions par an qui est financé par l'Etat, l'Agglo du Puy, le département, la région. Compte tenu de sa très faible fréquentation (7 personnes par vol en moyenne) elle est même la plus coûteuse de France avec une subvention publique de 190 € par passager ! », a lancé l’association.

« Son impact sur l'économie locale est hypothétique et non mesurable. Quant au bilan écologique, il est, lui, franchement désastreux avec un taux d 'émissions de gaz à effet de serre par passager exorbitant », a poursuivi l’AUTA

« Si la ligne venait à disparaître, ce serait pour les entreprises de Haute-Loire et l’ensemble des collectivités une véritable catastrophe. C’est inconcevable ! » Pascal Rey

Pascal Rey, directeur de l’aéroport répond

Suite à l’analyse de la Chambre régionale des comptes, le directeur de l’aérodrome de Loudes/Le Puy s’explique pour Zoomdici.

Le rapport est clair et démontre que cette ligne aérienne est trop coûteuse. Doit-on la supprimer ?

« Premièrement, c’est un rapport qui a uniquement été effectué sur le spectre du nombre de passagers. Il n’y a, à aucun moment de pondération sur la fracture territoriale. Cette analyse faite par la Chambre régionale de compte, est adaptée pour des aéroports ou des lignes qui ont un fort trafic. Mais dans des territoires comme le nôtre, moins densément peuplés, c’est une question d’aménagement du territoire. Si la ligne venait à disparaître, ce serait pour les entreprises de Haute-Loire et l’ensemble des collectivités une véritable catastrophe ! Ce serait une fracture voire un recul. On ne serait plus à égalité avec les autres territoires. Il n’y a pas d’alternatives, c’est inconcevable ! »

Pour l'AUTA, le bilan écologique de cette ligne commerciale est « désastreux » avec un taux d'émissions de gaz à effet de serre par passager « exorbitant ». C’est une réalité ?

« Oui s’il on prend une photo à l’instant T. Mais il faut savoir que l’on est certifié ACA2 (Airport Carbon accreditation de niveau 2). Depuis 2019, on est engagé dans de la réduction de nos émissions de carbone avec comme objectif d’être en neutralité carbone d’ici à 2050. À l’horizon 2030/2035, il y a des alternatives aux avions kérosène qui vont apparaître. Et l’aéroport du Puy est positionné pour accueillir ce type d’appareils dès qu’ils seront disponibles. Cela veut dire que dans quelques années, l’activité aérienne de la ligne Le Puy/Paris sera complètement décarbonée ou à très faible émission de carbone. »

« Si l’État, la région, le Département, l’Agglo du Puy, la CCI de Haute-Loire ont décidé de refinancé jusqu’en 2027 cette ligne d’aménagement du territoire, croyez-bien que ce n’est pas un caprice ! C’est essentiel pour le territoire ! ». Pascal Rey

L’AUTA pointe aussi l’importance d'améliorer les liaisons ferrées du Puy avec Lyon, en créant par exemple des trains supplémentaires accélérés, avec un seul arrêt à Bas/Monistrol et à Saint-Étienne. Cela permettrait des parcours en moins de 2 h et des relations Le Puy/Paris en 4 heures de centre à centre.

La Chambre régionale des comptes insiste sur le renforcement de la liaison en bus du Puy-en-Velay vers la gare TGV de Saint‑Étienne, mais aussi sur la fermeture de la ligne commerciale Le Puy-en-Velay / Paris en échange d’une transition vers une activité centrée sur l’aviation d’affaires, de services et de loisirs. Ce sont des solutions concrètes selon vous ?

« Ça fait longtemps que le sujet est sur la table et que des gens travaillent dessus. C’est pas le fait qu’il y ait une ligne d’aménagement du territoire qui freine le développement du réseaux ferré. Ça n’a aucun rapport. Il ne faut pas essayer d’opposer les modes de déplacements. Et puis, je trouve curieux, les propositions de la Cour des comptes sur le fait de proposer des vols privées ou élitistes. On s’interroge aussi sur le caractère environnemental. Quel est le sens de mettre les gens sur la route pour rejoindre un TGV à Saint-Étienne. Si l’État, la région, le Département, l’Agglo du Puy, la CCI de Haute-Loire ont décidé de refinancé jusqu’en 2027 cette ligne d’aménagement du territoire, croyez-bien que ce n’est pas un caprice ! C’est essentiel pour le territoire ! »

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