Ce mercredi matin, comme tous les jours depuis 2016, Mathieu Jouve s'occupe de son exploitation située à Rilhac à Siaugues-Saint-Romain dans la Haute-Loire. Lui qui a repris l'exploitation de ses parents, subit de plein fouet cette année 2022 marquée par une sécheresse inédite dans la région et même partout dans l'Hexagone. "Ce qui est vraiment frappant, c'est que l'an dernier il avait beaucoup plu et en un an d'intervalle, on se retrouve avec une différence de pluviométrie qui se répercute sur tout le monde".
Dans son exploitation à Rilhac, Mathieu Jouve dispose de 35 vaches laitières réparties sur la trentaine d'hectares de terrain qu'il possède dans le hameau. Comme chaque jour, il commence sa journée très tôt le matin. "J'ai commencé la traite ce matin à 6h30. C'est le meilleur moment parce qu'il fait encore frais. On est bien et les bêtes aussi, et cela fait plaisir de les voir profiter de la fraîcheur également".
"D'habitude, les bêtes mangent à 80% à l'extérieur. Cette année, on est tombé à 20% facilement"
A bord de son utilitaire, il part voir quelques unes de ses vaches laitières dans un de ces prés situés à quelques centaines de mètres de son exploitation. L'herbe de la parcelle est complètement asséchée par le climat actuel. "On voit bien qu'elles n'ont plus rien à manger par terre. Certains confrères coupent des branches aux arbres pour leur donner, mais c'est vraiment pour le geste. Il n'y a plus rien à manger en extérieur", déplore Mathieu Jouve.
Au milieu du pré, un râtelier où quelques vaches sont regroupées pour pouvoir s'alimenter. "On est obligé de taper dans le stock qui était prévu pour cet hiver, on n'a plus le choix. Normalement, elles mangent ce qu'elles trouvent dehors. 80% de ce qu'elles mangent provenaient de l'extérieur et on complétait avec des céréales. Cette année, c'est catastrophique. Vous pouvez prendre le même chiffre mais au total inverse", souffle Mathieu Jouve.
"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase"
Mathieu Jouve et la grande majorité des agriculteurs subissent de plein fouet ce manque d'eau. "Habituellement, on faisait quelques cultures de céréales et de fourrage pour nourrir les bêtes. Cette année, en plus d'attaquer le stock prévu pour l'hiver, on va être obligé de commander pour tenir jusqu'au printemps prochain", lâche le jeune agriculteur.
Et pour prévenir les futurs été secs comme cette année, Mathieu Jouve pense déjà à quelques alternatives. "J'ai beaucoup réfléchi et je pense m'orienter vers la commande de maïs pour commencer. Pourquoi pas s'orienter sur de la luzerne également, c'est un végétal qui tient un peu plus la chaleur et le manque d'eau. Il n'y a pas le choix, il va falloir s'adapter pour ne pas revivre le même été que cette année. On ne pourra pas tenir sinon", avoue-t-il.
D'ici la fin du mois d'août, Mathieu Jouve va se séparer de quelques vaches de son troupeau pour pouvoir subvenir aux besoins de son cheptel. "D'habitude, j'attendais mi-octobre pour faire partir quelques vaches. Cette année, je ne vais pas pouvoir attendre après la fin du mois. C'est une vision à court terme mais je n'ai pas le choix pour cette année", déplore l'agriculteur.
"Une vache, c'est quasiment 180 litres d'eau par jour"
Si dans son exploitation située à Rilhac, Mathieu Jouve peut compter sur la présence d'une source, il sait aussi que l'eau n'est pas une ressource illimitée. "On a la chance de pouvoir faire boire les bêtes au ruisseau, même s'il n'a pas un débit optimal. Il faut savoir qu'une vache laitière boit aux alentours des 150 litres d'eau par jour en règle générale. Dans des conditions climatiques comme depuis le début de l'année, c'est beaucoup plus. C'est quasiment 180 litres d'eau par jour. C'est normal, d'autant plus qu'elles mangent plus sec", souligne Mathieu Jouve.