"Enfin la vérité !" Tel est le titre du communiqué de presse signé par le fils de Laurent Duplomb, Julien Duplomb, Président des Jeunes Agriculteurs, Yannick Fialip, Président de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Loire, et Nicolas Merle, Président de la FDSEA 43.
Les représentants des adhérents de la FDSEA et des JA 43 introduisent leur texte par ces mots : "Nous souhaitons rétablir la vérité sur la loi dite "Contrainte", portée par les sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville, qui revêt une importance capitale pour nous, agriculteurs de Haute-Loire".
Il est ajouté : "Cette loi répond directement aux revendications exprimées lors des mobilisations agricoles de 2024. Elle vise une simplification de la gestion administrative et un allègement des contraintes pesant sur notre activité quotidienne, tout en maintenant un cadre responsable et sécurisé pour la production agricole française".
Dans le communiqué, jamais les mots "néonicotinoïde" et "acétamipride" n'apparaissent. Pourtant, ce sont justement là, les points de frictions principaux de cette loi, cette dernière griffée par désormais (du jamais vu) 2 millions d'opposants à travers cette pétition
Un certificat phytosanitaire plus espacé
Selon le fils de Laurent Duplomb, "Cette loi supprime l’obligation de repasser tous les deux ans le Certificat phytosanitaire (CSP), représentant une économie de 700 à 1 000 euros par agriculteur, sans remettre en cause la formation initiale".
Le CSP est un conseil obligatoire et individualisé qui aide l’exploitant à réfléchir et raisonner l'usage de produits phytosanitaires contre les parasites de ses cultures.
Cette loi allégerait également "les démarches administratives liées à la construction de bâtiments d’élevage. La suppression de l’enquête publique, souvent lourde et coûteuse, permettra aux exploitants de réaliser une économie de 10 000 à 20 000 euros, tout en accélérant l’instruction des permis de construire".
Retenues collinaires et méga bassines
Sans user des termes qui semblent brûler certaines lèvres, le syndicat agricole souligne que "cette loi facilite la gestion de la ressource en eau en permettant aux agriculteurs de stocker de l’eau plus facilement, un enjeu crucial dans le contexte du réchauffement climatique, pour sécuriser nos productions face aux sécheresses répétées".
L’article phare prévoit une présomption d’« intérêt général majeur » pour les ouvrages de stockage ce qui vise à simplifier leur procédure d’autorisation en réduisant notamment les délais d’instruction et le nombre d’études d’impact obligatoires.
Autrement dit, elle permettrait la multiplication des méga bassines (souvent remplies en hiver par pompage dans les nappes. Elles sont critiquées pour leur impact environnemental et leur contribution à l’accaparement de l’eau) des retenues de substitution, et des retenues collinaires...
Certains scientifiques expriment leur crainte sur les effets à long terme des retenues. En exemple, Florence Habets, directrice de recherche au CNRS en hydrométéorologie, souligne "les effets pervers des barrages et réservoirs en cas de sécheresses longues".
Les Nations Unies ont rendu public un courrier signé par six rapporteurs de l’ONU et adressé au Président français dans lequel ils se disent « profondément préoccupés » par la poursuite des projets de méga bassines en France
Pour que l'OFB s’immisce moins dans les affaires
Elle poursuit avec un dossier qui a fait couler pas mal d'encre dans les médias de tout bord : la relation compliquée entre les agents de l'OFB et les agriculteurs. Pour rappel, Laurent Wauquiez, député de la Haute-Loire, souhaitait lui-même la suppression totale de l'Office Française de la Biodiversité.
"Cette loi permet une simplification des contrôles avec l’OFB, en réduisant les pressions judiciaires sur les agriculteurs. En parallèle, la loi d’orientation agricole, votée en début d’année et censée porter sur l’avenir de l’agriculture, soulève une interrogation : quel avenir sans la loi Entrave ?"
Autre volet de la loi celle concernant les prairies :
"Cette loi introduit une mesure de justice pour les exploitants assurés contre les pertes de prairies : si les systèmes satellitaires ne sont pas efficaces, un recours à une analyse locale sera désormais possible", mentionne également la FDSEA.
"Privilégier les produits agricoles français, issus de normes rigoureuses"
La Chambre d'agriculture, la FDSEA et les JA de la Haute-Loire terminent leur communiqué de presse en rappelant, à juste titre, qu'il est "de notre responsabilité de privilégier les produits agricoles français, issus de normes rigoureuses, plutôt que de dépendre d'importations provenant de systèmes sans exigences équivalentes".
Non, tous les agriculteurs n'adhèrent pas à la loi Duplomb
Avant de conclure avec ces mots : "Face au déferlement médiatique souvent éloigné de notre réalité, les agriculteurs se sentent blessés alors qu’ils font leur métier avec passion, dans un seul but : nourrir les Français dans les meilleures conditions possibles, objectif qui est déjà bien rempli".
Bien que majoritaire, la FNSEA ne regroupe pas tous les agriculteurs et donc les orientations du syndicat. Le modèle productiviste est remis en cause par des agriculteurs comme ceux qui appliquent le cahiers des charges "Nature et Progrès", pour ne citer qu'eux, et qui sont fermement opposés à la loi agricole de Laurent Duplomb.