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Un deuxième Choc des savoirs sous très haute tension

Par Clara Serrano , Mise à jour le 14/11/2024 à 06:00

Ce mardi 12 novembre, le ministère de l'Éducation nationale a fait connaître le calendrier de ses prochaines actions dans le cadre de l'acte II du Choc des savoirs. Après un acte I plus que controversé, qu'en sera-t-il cette fois ?

Alors que le niveau des élèves de primaire est apparu très bas lors de la dernière évaluation nationale, et qu'un premier Choc des savoirs avait été annoncé par Gabriel Attal, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet souhaite lancer un acte II.

Le ministère communique ainsi sur les objectifs de ce second volet : « : Élever le niveau de notre École, c’est défendre la République, c’est assurer l’avenir de notre démocratie et la cohésion de notre société. En alliant ambition, rigueur et soutien, ce plan pour l’avenir de notre École vise à ancrer les savoirs fondamentaux au cœur du parcours de chaque élève, pour que l’École soit, plus que jamais, un creuset d’égalité et d’émancipation. »

Mais qu'est-ce qui va changer réellement ? 

« Il est incompréhensible de faire un acte II quand on voit à quel point l'acte I a été rejeté par la profession », Louise Pommeret, cosecrétaire déparementale FSU

Parmi les nouvelles mesures qui entrent en vigueur dès l'année scolaire en cours, la mise en place d'évaluations de français et de mathématiques généralisées à tous les niveaux de l'école élémentaire ; la mise en place de manuels scolaires labellisés ou encore les fameux groupes de niveaux dans les deux matières principales en 6ᵉ et 5ᵉ, avec des effectifs réduits pour les élèves en difficulté. 

Co-secrétaire départementale de la FSU en Haute-Loire, Louise Pommeret revient sur ce "choc des savoirs", et ses groupes de besoin : « On a là une ministre qui insiste envers et contre tous alors que les groupes de besoin n'ont même pas pu être mis en place à la rentrée 2024. Pour nous, c'est inacceptable, alors on continue de demander l'abrogation pure et simple de ce choc des savoirs, que ce soit l'acte I ou l'acte II. »

En effet, la syndicaliste rapporte que très peu de collèges ont en fait adopté ce dispositif, d'abord parce que les enseignants s'y sont opposés « par les grèves et les manifestations, mais également, en dernière instance, en saisissant les conseils d'administration de leurs établissements », parce que les établissements n'en avaient pas les moyens, ou encore parce que « cela pose un gros problème d'organisation. »

Une complexification des tâches

Louise Pommeret complète : « Ça complique le travail de tout le monde, aussi bien les personnels qui créent ces emplois du temps, que les collègues de français et de mathématiques. Parce qu'on a des enseignants qui ont une heure par-ci, deux heures par là, et donc une perte de maitrise de son emploi du temps. Dans un travail comme celui-ci, on a, certes, 18 heures devant la classe, mais il y a aussi beaucoup de travail personnel, pour la préparation des cours. »

« Il va y avoir une standardisation de la pédagogie, qui ne laissera aucune place à la liberté de l'enseignant », Louise Pommeret

En dehors de la création de groupes de besoin, les syndicats de l'éducation nationale dénoncent différentes mesures de cet acte II de la réforme du choc des savoirs. C'est notamment le cas de la mise en place de manuels scolaires labellisés, et d'évaluations généralisées. 

Louise Pommeret redoute en effet une « standardisation de la pédagogie, qui ne laissera aucune place à la liberté de l'enseignant. »

« Ces évaluations seront le plus souvent hors sol, c'est-à-dire pas du tout à la main des enseignants. Même chose avec les manuels. Nous, on défend la liberté des professeurs, qui doivent être les concepteurs de leur propre enseignement », souligne-t-elle avant de confirmer la tenue de nouvelles mobilisations dans les prochains jours. 

Des annonces et des déclarations qui ne passent pas

Louise Pommeret revient sur les dernières annonces et déclarations du gouvernement et autres personnalités politiques. 

« Les enseignants sont assez violemment attaqués. D'abord, c'est l'Éducation nationale qui paie le plus lourd tribut dans les coupes de budget. Et puis je dois vous dire que les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le travail des professeurs des écoles ont créé l'indignation. Connaissant la charge de travail de nos collègues, entendre dire qu'ils ne travaillent que six mois par an, c'est vraiment très dur. »

« La profession est difficile, et la preuve en est qu'elle peine à recruter. Nous n'avons pas besoin d'être insultés en permanence, par un ancien Président ou par un ministre de la Fonction publique qui nous criminalise parce qu'on est malade. » Louise Pommeret

« On est très très pessimistes. On se doute bien que ça va être l'hécatombe dans les territoires ruraux. »

Enfin, elle conclut en soulignant que l'ensemble des revendications devraient être soulevées dans les prochains jours ou prochaines semaines par les syndicats, à savoir le vote du budget et l'annonce de 4 000 suppressions de poste en France, donc 3 200 dans le premier degré : « On ne sait pas encore quels vont être les chiffres dans le département, mais on est très très pessimistes. On se doute bien que ça va être l'hécatombe dans les territoires ruraux. »

Ainsi que les dernières annonces quant aux salaires des fonctionnaires, à la prise en charge des jours de carence et des arrêts maladie ou encore au gel des points d'indice :  « Il y aura aussi des mobilisations de l'ensemble de la fonction publique qui s'opposent aux récentes annonces à propos des jours de carence, de la désindemnisation des arrêts maladie, mais aussi du gel des points d'indice. »

 

 

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