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Retenues collinaires : un projet cristallise l'opposition des riverains à Chaspuzac

Par . . , Mise à jour le 22/11/2021 à 17:00

Alors qu'à Chaspuzac, un un collectif de riverains s'oppose à la construction d'un plan d'eau de près de 22 000m2 à 44 mètres de la première maison, la Chambre d'agriculture défend le principe des retenues collinaires suite à la polémique lors de la venue du ministre de l'agriculture en début de mois.

Le 14 décembre 2020, le conseil municipal de Chaspuzac a approuvé l'achat d'un terrain de 24 395m2 situé à Mauriac, pour la somme de 80 000€, afin d'en faire un plan d'eau.

« Nous avons été désagréablement surpris lorsque nous avons appris que la municipalité de Chaspuzac comptait réaliser à notre insu une retenue collinaire d’environ 100 000 m3 d’eau à proximité de nos maisons, à 44 mètres de la première habitation sur une surface équivalente à notre village, soit 21 740m2 ». Au village de Mauriac, hameau de Chaspuzac, un collectif de riverains vient de se créer. Il estime que la mise en œuvre de ce projet déprécierait la valeur des habitations et impacterait la qualité de vie de ses membres par l’impact visuel devant les habitations (digues de retenues, grillage, un niveau très bas l’été après irrigation pas vraiment propice à la baignade), par la pollution sonore lors du chantier et ensuite en situation d’exploitation, ou encore par les nuisances engendrées par l’eutrophisation de l’eau (moustiques, cyanobactéries, algues, mauvaises odeurs).

Le collectif a deux objectifs. Tout d’abord, essayer de dégager un consensus pour que « si le besoin en irrigation lié à la retenue collinaire était avéré », dit-il, « nous puissions collectivement arrêter une zone à distance raisonnable de toutes les habitations de la commune ». Il considérait cette solution de compromis assez aisée à atteindre compte tenu des espaces agricoles disponibles à distance des maisons, soit environ 600 hectares. « Nous nous sommes jusque-là heurtés à une position de blocage, déplore-t-il. La municipalité s’arque boute sur son projet de départ situé à proximité des maisons arguant que ce serait le seul endroit compatible avec les contraintes de réalisation sur l’ensemble du territoire communal ».

Distances du plan d'eau des premières maisons. Photo par Collectif de Mauriac

Deuxième objectif, répertorier les ressources en eau de la commune et les besoins de manière à optimiser l’utilisation de l’eau en fonction de sa provenance. Le collectif explique que la commune est traversée par deux ruisseaux dont un à sec en été. Elle a aussi deux sources : la source du village de Fontannes qui fournit actuellement l’eau potable à l’ensemble de la commune et la source du Meynial située sur la commune de Saint-Jean de Nay qui pourvoyait la commune de Chaspuzac en eau potable. « Son utilisation a été stoppée il y a quelques années parce qu’une ferme a été construite aux abords du captage ; l’eau s’en est trouvée dégradée », explique le collectif. « Courant 2020, la commune de Chaspuzac a acheté la source et les terrains alentours à la commune de Saint Jean de Nay, poursuit-il, cette eau a donc vocation à être utilisée pour des besoins communaux ». Le collectif demande à prioriser l’utilisation de la source du Meynial pour les entreprises de la commune ainsi que l’alimentation animale.
Il a donc contacté les entreprises de la zone d’activité de Chaspuzac, utilisatrices d’eau et pourvoyeuses d’emplois, de manière à les sensibiliser à cette possibilité. « Cette option leur permettrait de valoriser leur image éco responsable tout en abaissant leurs coûts de production liés au prix de l’eau consommée », précise le collectif.

Enfin, il regrette que « l’action des agriculteurs, appuyée par la municipalité, [soit] exclusivement axée sur la volonté d’irrigation des terres ». Actuellement, l’alimentation en eau pour la consommation animale par d’autres moyens que l’eau du réseau d’eau potable ne semble pas être à l’ordre du jour selon le collectif.

 

NB. Nous avons sollicité Michel Joubert, maire de Chaspuzac, et attendons son rappel.

 

  • La Chambre d’Agriculture défend les retenues collinaires

Suite à la venue du ministre de l'agriculture Julien Denormandie en Haute-Loire le 4 novembre dernier et la polémique qui s'en est suivie sur le bien fondé des retenues collinaires, le président de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Loire Yannick Fialip (FDSEA) diffuse ce communiqué.

"De la retenue en Haute-Loire
Je souhaite revenir sur le protocole « Retenues collinaires » signé en présence de Monsieur le Ministre Julien Denormandie lors de sa visite dans notre département.
Tout d’abord ce protocole est travaillé au niveau départemental depuis de nombreux mois et les associations environnementales font parties du Comité départemental de l’eau. Il fait suite à la signature de protocoles similaires dans de nombreux départements voisins. Ce document vise à asseoir de bonnes pratiques, que nous avions déjà par le passé, en préservant l’environnement, en compensant les zones humides, en respectant le cycle de l’eau. Les exigences environnementales et réglementaires sont toutes scrupuleusement respectées pour ces projets dont les services de l’Etat et de l’OFB [Office français de la biodiversité, Ndlr] sont consultés en amont.
Seule une petite dizaine de projets par an doit voir le jour dont l’objectif est de sécuriser les systèmes fourragers des élevages de notre département tout en évitant des achats de fourrage effectués à des centaines de kilomètres avec un bilan carbone très négatif.
Une retenue collinaire c’est aussi une opportunité pour les producteurs se lançant dans une activité de maraichage ou de petits fruits de pouvoir disposer d’eau indispensable à ces productions. A ce titre, nous rappelons qu’une grande partie de la production de petits fruits en production biologique de notre département est possible grâce à l’irrigation.
Ces retenues sont à 95% alimentées par de l’eau de ruissellement d’un bassin versant et non pas par un cours d’eau ou un forage comme l’insinuent certains. On n’intercepte d’ailleurs que 1% de l’eau qui s’écoule.
Nous connaissons tous l’eau « qui court » sur les prés lors de fortes pluies, c’est cette eau là que les agriculteurs stockent pour l’utiliser à bon escient lors des périodes où les plantes en ont besoin. Ce stockage peut même servir de tampon lors d’épisodes cévenols et éviter des dégâts en aval.
Personne ne remet en cause la grande richesse de l’écosystème et la biodiversité autour des retenues collinaires et d’ailleurs, je vous invite à venir le voir par vous-mêmes sur les retenues existantes.
Je tiens à rassurer nos concitoyens, les agriculteurs n’ont aucunement l’intention de transformer la Haute-Loire, si belle et dont la qualité de vie nous tient tous à cœur. Ils veulent vivre correctement de leur travail, prendre en compte leur environnement et s’assurer de vous offrir une alimentation locale, de qualité et diversifiée, l’enjeu étant notre souveraineté alimentaire.
"

À l'appui, Yannick Fialip fournit les photos ci-dessus d'une retenue de trois ans conçue pour l’arrosage des fruits rouges en Haute-Loire, notant "l’évolution rapide du biotope et de l’écosystème".

> Lire la position de la Confédération paysanne sur les retenues collinaires

> Lire la position de la Coordination rurale sur les retenues collinaires

 

 

 

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