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Un lieu chargé d'Histoire(s) et pourtant méconnu en plein cœur du Puy

Par Clara Serrano , Mise à jour le 21/08/2024 à 06:00

Souvent méconnu des ponots, le Couvent des cordeliers est pourtant resté une institution locale depuis 1221/1222 et jusque dans les années 1795. À l'heure où Vals n'était que champs agricoles, il est édifié à la demande de l'évêque du Puy.

Depuis, le bâtiment a subi des transformations, et vu passer de grands noms entre ses murs.

Selon le récit de Stanislas Gallet de Santerre.

Bien que très peu d'informations soient parvenues à traverser les siècles depuis la construction en 1221 et 1222 du Couvent des Cordeliers, quelques vestiges sont toujours là, et permettent d'émettre des hypothèses sur la vie passée de ce lieu chargé d'histoire.

Grâce à de nombreuses recherches et au peu de documents et d'informations qu'il a pu dénicher sur les pierres de la demeure, Stanislas Gallet de Santerre retrace un bout de l'Histoire. 

Aujourd'hui salle à manger, cette pièce reprend les codes architecturaux d'une cathédrale. Photo par Clara Serrano

De 1221 à 1795, un couvent stratégique pour le Puy

Le couvent des cordeliers est initié en dans les années 1220 par l'évêque du Puy, Étienne de Chalençon. À l'heure où Vals n'est que terre agricole, il occupe une place stratégique pour le Puy, sur le chemin de Saint-Gilles, et à bonne distance pour surveiller les champs. 

La structure s'étend alors sur un espace devenu inimaginable aujourd'hui, ralliant l'église Saint-Louis et le Dolaizon. 

Selon Monseigneur Yves Baumgarten, ce couvent a également joué un rôle important dans la vie de la cité mariale : « Issu de l'ordre des franciscains, ce couvent était d'un ordre mendiant. Il apportait des services caritatifs, et subvenait aux besoins des plus pauvres, qui étaient nombreux à cette époque. » Il raconte d'ailleurs : « Lors de sa construction, saint Antoine de Padoue a séjourné au Puy durant quelques semaines, voire quelques mois, pour participer à son organisation. »

On remarque d'ailleurs dans la salle à manger un esprit monastique, reproduit bien plus tard, ce qui pousse notre guide à s'interroger : « Mes ancêtres ont ils culpabilisé de la destruction du couvent ? Ont-ils souhaité conserver cet esprit ? »

Reynaud, un grand nom des campagnes de l'Empire

Nicolas Reynaud a fait un grand nombre des campagnes de l’Empire, y compris celle de l’Égypte, où s’illustre. C'est là que Napoléon Bonaparte le récompense d’un sabre d’honneur, conservé au Musée Crozatier. En 1813, en Russie, où il tombe gravement malade, et doit poser les armes. 

Baltazar Reynaud, son frère, continuera, lui, à combattre durant les campagnes, dont celle des Cent jours. Il reste de lui un casque, marqué d’un coup de sabre, gravé de la mention « coup de sabre reçu à la bataille de Waterloo ».

Une institution détruite à la Révolution

Ce sont les notables de la famille Dugone qui acquièrent alors le couvent et ses terres aux enchères.

Grande famille ponote, connue depuis le 15ᵉ/16ᵉ siècle, ce sont eux qui vont détruire trois côtés du couvent, le réaménager pour en faire une maison. Ils en resteront propriétaires jusqu’aux années 1880-90, avant qu'elle ne revienne aux Reynaud.

Lucien Reynaud, petit-fils de Nicolas, petit-neveu de Baltazar et parent de Lucien, épouse alors une Dugone, et investit les lieux.

Quittant le château de Bonnassous, fief des Reynaud, à côté de l’actuelle zone de Chirel, il y ramène les armes de guerre de ses aïeux. 

 

Une visite hors (des) temps

Au fil de l'avancée de la visite proposée par Stanislas Gallet de Santerre, les pièces se succèdent, mais aussi ne se succède. Au rez-de-chaussée, l'entrée s'imprègne de l'histoire des sabres et autres armes de l'Empire ; la salle à manger arbore des airs de Cathédrale ; la cuisine est à mi-chemin entre vestige du couvent, et de toutes les époques qu'elle a traversées. 

Photo par Clara Serrano

Sur la droite, un escalier, resté dans son jus, dessert lorsque le couvent est encore actif, les cellules devenues des lieux de vie. Aujourd'hui, il en reste les alignements et ce long couloir qui traverse la maison de tout son long, mais surtout ce salon, dont les tissus sont inventoriés aux Monuments Historiques. Cette pièce illustre parfaitement la période Empire de la demeure.

« Beaucoup ont cru que Nicolas Reynaud avait vécu ici, des articles de presse l'affirmant ont d'ailleurs été retrouvés, mais ce n'est en fait pas le cas », confirme celui qui a travaillé comme vacataire au musée des tissus de Lyon. Il raconte : « Ce salon a été réalisé par la famille Dugone. Alors maire du Puy, François Dugone. »

Le mobilier, lui aussi, devrait être inventorié prochainement. 

On retrouve même, exposées là, les armoiries des Reynaud : « Ce sont un renard et trois étoiles. Un renard parce que Reynaud, en occitan, signifie renard. On voit également l'épée de baron, ainsi qu'un palmier et un obélisque, références à la campagne d'Égypte. »

« J'aimerais tellement que ces pierres puissent me parler. Elles doivent avoir vécu tant de moments, de la vie quotidienne, mais aussi de l'Histoire de France. »

Des ouvrages et documents ont été conservés au fil des années, et des siècles. Photo par Clara Serrano

Le jardin, gardien des secrets

Si le bâtiment et ses murs ont pu être étudiés de près, le jardin, lui, reste empli de mystères. Galeries souterraines, sépultures de grands noms ponots et autres secrets restent pour l'heure enfouis, avant que le temps ne fasse son travail, ou qu'il soit aidé par des fouilles.

« Ce qu'il reste du couvent c'est surtout des pierres. Quelques chapiteaux, quelques colonnes, un bénitier et une grande pierre tombale. »

Sur chaque pierre, des détails sculptés ou gravés sont déchiffrables. Un réel terrain de jeu pour tout amateur d'histoire ou simple curieux, qu'il est possible de visiter en se renseignant auprès du Musée Crozatier. Prochaine visite le 25 août 2024, de 15 h 30 à 17 heures.

Au coeur du jardin, se côtoient pierres du XIIIe siècle et transats du XXIe. Photo par Clara Serrano

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