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Moisson [1/2] : une récolte catastrophique pour certains agriculteurs au bord du gouffre

Par Clara Serrano , Mise à jour le 30/07/2024 à 06:00

Pour les agriculteurs de France, et donc de Haute-Loire, la période de la moisson des blés a débuté, et le moins que l'on puisse dire, c'est que la récolte n'est pas bonne. Après les sécheresses à répétition, le surplus d'eau est un nouveau coup de massue pour certains. 

« En blé tendre, les premiers retours d’agriculteurs laissent craindre une récolte nationale catastrophique, si ce n’est la plus faible de ces 40 dernières années : la production est attendue autour de 26,5 millions de tonnes seulement (contre 35,6 Mt en 2023), avec un rendement moyen de 6,2 t/ha (contre plus de 7 t/ha en moyenne, Ndlr). »

Ainsi la plateforme participative moissonlive.com qualifie la nouvelle moisson qui vient tout juste de débuter, selon les informations qu'elle a récoltées auprès des agriculteurs eux-mêmes. 

Une situation alarmante, confirmée, mais nuancée par les agriculteurs altiligériens contactés par Zoomdici.

« Vous ne pouvez pas mieux tomber. C'est un vrai merdier. Le moins qu'on peut dire, c'est que cette année est particulière. » Émilien Boudon, GAEC des Rives

Habitués à des années de sécheresse, cette fois, ce sont un surplus d'eau et d'humidité, ainsi qu'un manque d'ensoleillement qui ont saccagé les récoltes. 

Pour Émilien Boudon, cogérant du GAEC des Rives, à Saint-Privat-en-Dragon, ce manque d'ensoleillement a notamment empêché le développement naturel des plantes. À tel point que sur ses 45 à 50 hectares de plantations, Émilien Boudon craint de perdre l'équivalent de près de 10 hectares.

« Honnêtement, j'ai peur pour la qualité des céréales. Outre la quantité et les pertes brutes, les grains risquent de manquer de protéines pour être homologué, mais aussi d'être trop humides pour être conservés dans de bonnes conditions », déplore l'agriculteur installé depuis seulement quatre années. 

« Les calculs sont rapides à faire. La meilleure solution, c'est la vente. »

Un coup dur de plus, qui vient s'ajouter aux difficultés déjà accumulées des années précédentes. « Depuis 2020, lorsque je me suis installé, j'ai essuyé une grêlée (perte de 80 %), deux années de sécheresse, et une année de "trop d'eau" ». 

Il poursuit, "dégouté" : « En plus de cela, il y a quatre ans, on m'achetait mon blé entre 500 et 550 euros par tonne, je payais mon gazole à 70 centimes. Aujourd'hui, je le paie 1,20 euro, et on m'achète le blé entre 208 et 320 euros la tonne. Les calculs sont rapides à faire. La meilleure solution est la vente. »

Les syndicats demandent des mesures d'urgence

Selon nos confrères de La France Agricole, les syndicats demandent sans exception des mesures d'urgence auprès du gouvernement, déplorant un manque à la fois de quantité, et de qualité. Ils rapportent : « Dans un communiqué du 24 juillet 2024, la Coordination rurale demande à rencontrer le ministre de l’Agriculture "dans les plus brefs délais", afin de "réfléchir à un plan de sauvetage des exploitations céréalières". "Les perspectives de rendement [de la moisson de 2024] sont extrêmement inquiétantes", justifie-t-elle. » 

Avant de poursuivre : « "La qualité des grains est inférieure aux normes, ce qui provoque des réfactions et pour ne rien arranger, les producteurs doivent faire face à la concurrence des prix de la mer Noire", abonde le syndicat. Il plaide également pour une année blanche de cotisations de MSA et bancaires : "Cette solution s’impose d’urgence, les céréaliers ne pourront pas payer." De leur côté, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs demandent le 25 juillet que soient élaborées "des mesures exceptionnelles de trésorerie" ».

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