Dans un premier temps, les enquêteurs de la sûreté urbaine, assistés des gardiens de la paix de la BAC (brigade anti-criminalité), ont tenté, en vain, d'interpeller les acheteurs « qui semblaient bien connaître le quartier accessible par plusieurs ruelles piétonnes », confie le commandant Pascal Mazière. Les enquêteurs ont alors mis en place un dispositif de surveillance physique durant plusieurs semaines, jour et nuit. Cette surveillance a payé puisque les auteurs du trafic ont été identifiés.
Grâce à un des locataires, les dealers avaient pris possession "grâcieusement" d'un petit hall d'immeuble et d'un appartement situé en sous sol, un lieu sale et insalubre, une sorte de cave communément appelée "le four". C’est là qu’ils conditionnaient les produits stupéfiants, essentiellement de l'herbe et de la résine de cannabis ainsi que de la cocaïne. Les acheteurs se présentaient à une fenêtre du rez-de-chaussée et, après un signal bien rodé, le dealer remettait le produit contre l'argent. L'acheteur quittait alors rapidement les lieux en direction du centre ville.
Un business model bien huilé
« Le nombre des transactions était en moyenne d'une quarantaine par jour, parfois plus », précise le commandant Mazière. Le trafic persistait également à toute heure de la nuit et les dealers se relayaient pour assurer une présence 24/24h. À l'image d'une petite entreprise, un "chef" alimentait le business en produits et quatre autres dealers étaient toujours disponibles à tour de rôle. « Une sorte de click and collect qui générait pas mal d'échanges », commente le haut gradé.
Ce mardi 1er décembre, au petit matin, une opération d'interpellation a été organisée par la sûreté urbaine du commissariat du Puy. Un individu occupant un appartement qui servait de base logistique aux dealers a été interpellé et placé en garde à vue. Un autre a pris la fuite en escaladant des murs de cours intérieures, obligeant même un riverain à le laisser passer de force par son domicile.
Des produits stupéfiants, dont le l'herbe de cannabis, ont été découverts dans l'appartement en sous-sol ainsi que tout le matériel de conditionnement et divers objets de provenance frauduleuse : trottinettes électriques, outillage, matériel audio-vidéo.
Les investigations durant la journée ont permis d'interpeller quatre autres individus, dont le fuyard et une femme. Ils se étaient hébergés dans des domiciles du centre-ville et dans un hôtel proche. De l’argent liquide et de petites doses pré-conditionnées de cocaïne ont été saisis.
Objets volés cherchent propriétaires
Certains objets découverts dans la cave provenaient de vols par effraction commis ces dernières semaines au Puy. Des procédures incidentes ont donc été ouvertes.
Les suspects ont été entendus par les enquêteurs. « Ils minimisaient largement l'ampleur du trafic qui durait depuis plusieurs mois », remarque le commandant Mazière. Certains sont connus des services de police. Ils sont âgés de 28 à 58 ans. Quatre d'entre eux seront convoqués à une audience du tribunal judiciaire. Le cinquième a été déféré et jugé en comparution immédiate. Il a été condamné à deux ans d'emprisonnement dont un avec sursis.
« Cette enquête de plusieurs semaines a permis de mettre fin à un trafic de produits stupéfiants important et bien organisé dans un quartier tranquille de la vieille ville où les riverains étaient excédés par les allées et venues incessantes nuit et jour », se réjouit le commandant Mazière qui ajoute que « les investigations ont été compliquées face à la méfiance des auteurs qui n'avaient aucun domicile connu et se rendaient tous les jours sur leur "lieu de travail" ».