Une édition 2024 légèrement remaniée du fait des intempéries
Au vu des conditions atmosphériques du début du week-end, qui avaient obligé les services de l'Etat à placer le département en vigilance pour diverses intempéries , on aurait pu s'attendre à ce que le TGV, qui avait fait le plein de ses wagons l'an dernier, ne se transforme cette année, en petite Micheline ou pire encore, ne prenne des allures de Transsibérien voire même de Titanic.
C'est pourtant sous un soleil, certes un peu timide au début mais bien présent par la suite que la machine s'est élancée dès 8h30, ce dimanche matin. Il aura même fallu raccrocher quelques wagons supplémentaires par rapport à l'an dernier. Au moins pour le train des coureurs, puisqu'ils n'étaient pas loin de 530 à avoir chaussé leurs crampons pour partir à l'assaut de l'un des trois parcours proposés. Une belle réussite, pour les organisateurs de ce jeune rendez-vous sportif qui n'en est qu'à sa troisième édition mais qui va de succès en succès.
" Ce n'était pas gagné d'avance, nous confesse Xavier, l'un des organisateurs. On a surveillé les conditions météo toute la journée d'hier, et je ne vous cache pas qu'on a un peu flippé". Mais en sportif accompli, Xavier ne déchante jamais et a pris un malin plaisir à relever les défis météo tout en pariant sur l'avenir : " On a gardé espoir, on s'est adapté, et regardez le soleil qu'il y a ce matin. Les paysages sont magnifiques sous la neige et sous le soleil, et puis les coureurs sont au rendez-vous. D'après les premiers chiffres qui tombent, on a fait mieux que l'an dernier, au moins pour les coureurs".
Mais il a tout de même fallu s'adapter. Pour ne faire courir aucun risque inutile aux participants, le département ayant été placé en vigilance jaune pour des risques de crue et d'inondations.On craignait la montée du niveau de la Loire ou les petits ruisseaux susceptibles de devenir des torrents. Alors Xavier et tous les bénévoles du club Velay Athlétisme se sont levés aux aurores pour revoir le balisage : " On a du raccourcir le 31, notre épreuve phare, qui devient du coup un 24. On a zappé toute la partie du parcours qui se trouvait en bordure de Loire ou qui traversait des ruisseaux".
Pas de quoi démotiver Damien et Rémy les deux athlètes du club " Courir en Emblavez " qui participent cette année pour la première fois à l'épreuve phare du TGV. Lorsque les organisateurs annoncent que la distance sera amputée de quelques kilomètres, on aurait presque tendance à croire que c'est une bonne nouvelle pour eux : " On le prend plutôt bien. Sur le parcours y'a un dénivelé de ouf, c'est les montagnes russes. Alors franchement, l'idée d'avoir à courir quelques kilomètres en moins, on va arriver à gérer. Et de toute manière, on n'est pas venu forcément pour faire du résultat, on a prévu d'y aller cool, et on est là aussi pour aider Théo".
Les résultats c'est par ici
Des muscles (un peu de boue), du coeur et beaucoup de soleil
Théo Liffaud a 26 ans. Il gère des projets dans le domaine de la coopération internationale, ce qui fait de lui un grand voyageur. Il est également passionné de foot et non-voyant . Ses parents, Huguette et David, qui tiennent la caisse du matin, parlent de lui comme d'un battant, un humaniste dans l'âme qui a été sauvé par le foot et entend désormais "sauver les autres par le foot". Il vient de créer le club de CeciFoot " Clermont Jocker's" dont l'unique particularité est d'avancer sur le terrain les yeux bandés afin de déconstruire tous les stéréotypes liés aux situations de handicap. Son club veille également à améliorer la vie des personnes déficientes visuelles. Sa personnalité et son combat ont séduit les organisateurs du TGV, puisqu'une partie des bénéfices de la journée sera reversée à son association. Un genre d'initiative qui fait l'unanimité parmi les sportifs rencontrés qui mettent tous en avant leur volonté de s'inscrire dans une action humanitaire en plus de profiter d'une course entre amis.
C'est le cas de Sandrine, dite "MudGirl". Cette habitante de Montbrison, d'une quarantaine d'années, observe la boue qui recouvre les chemins autour de Polignac avec un immense sourire et en se frottant les mains : " Courir dans la boue et finir l'épreuve crottée de bas en haut, faut pas forcément chercher à comprendre, mais j'adore ça". Elle ajoute toutefois : " Ce qui me motive encore plus c'est de donner mes yeux et surtout mes muscles à cette association qui vient en aide à des personnes qui n'ont pas forcément la possibilité de s'éclater comme moi, dans la boue".
D'après Xavier, l'organisateur, du fait de la boue justement, il y aura certainement moins de marcheurs cette année qu'à l'accoutumée.Ces derniers ne partagent pas forcément la passion de Sandrine pour les chemins détrempés. Mais le soleil qui se lève doucement pourrait lui donner tort. A 10 heures, les conditions semblent réunies pour une belle ballade autour de la citadelle de Polignac. C'est l'heure qu'ont choisie Typhaine et Coralie pour débuter leur randonnée de 17 kms. En plus du " magnifique panorama qui les attend, de la citadelle sous la neige, et des prairies verdoyantes " , ce qui les a décidées à tenter l'expérience c'est également" l'histoire de Théo", qu'elles ont lue dans la presse et qui les a touchées. Tout particulièrement. Alors malgré la boue, les kilomètres qu'ils leur restent à parcourir et les dénivelés qui s'annoncent au loin, elles ont le coeur à l'attaque. Comme les centaines d'autres voyageurs de ce TGV interminable qui s'enroule autour des reliefs de Polignac. Un nouveau succès pour les chefs de gare.