Près d'une centaine de personnes s'est mobilisée ce matin du 1er février 2024, pour demander de nombreux changements dans la politique nationale. Parmi eux, une augmentation immédiate des salaires.
Dans un lutte commune, les syndicats de l'Éducation Nationale, CGT, FO, FSU, SUD et UNSA s'accordent à demander une augmentation des revenus des personnels.
Évoquant une inflation de 9 % sur deux ans, et le gel du point d'indice pour l'année 2024, l'intersyndicale revendique ainsi une hausse des revenus à hauteur de 10 %.
« Le choc des savoirs, c'est le chaos annoncé dans les collèges »
Pour l'intersyndicale, cette réforme sensée booster le niveau des élèves français est en fait, pour l'intersyndicale, une réforme qui enterre les groupes de classe au profit de groupes de niveaux, sans moyen, en dégradant les conditions de travail des personnels et des élèves.
En effet, ils dénoncent : « Outre le fait que ce soit un non-sens pédagogique, cela a un aspect stigmatisant pour les élèves. Et puis c'est surtout une désorganisation totale pour les emplois du temps et la logistique des établissements. On fait exploser les classes. »
La situation des plus petits établissements est d'ailleurs mise en avant : « Quand il n'y a que deux ou trois classes par niveau, il n'y aura probablement pas assez d'enseignants sur place. Si vous faites trois groupes de niveau en mathématiques par exemple, mais qu'il n'y a que deux professeurs dans l'établissement, ce n'est pas possible. Donc ça va grandement dégrader les conditions de travail des enseignants. »
Mais surtout… créer des classes plutôt que d'en supprimer
Les revendications des syndicats sont nombreuses : la fin du PACTE, la création de postes d'enseignants et d'administratifs, le soutien des enseignements spécialisés et professionnels, etc. Sur toutes les lèvres… et pancartes, c'est tout de même la carte scolaire proposée par le Directeur de l'Inspection académique qui fait jaser.
Nous vous en parlons déjà depuis plusieurs jour. Un premier comité social d'administration s'est déroulé mardi 30 janvier pour le vote de la carte scolaire pour la rentrée 2024. Une réunion qui s'est soldée par un renvoi, à la prochaine qui se tiendra le 9 février prochain.
Détails et réactions à lire ici :
Mais avant cette date fatidique, à laquelle la carte scolaire sera votée, y compris si aucun compromis n'est trouvé, enseignants, syndicats, parents d'élèves et élèves eux-mêmes ne comptent pas se laisser faire, et de nouvelles mobilisations sont déjà dans les esprits.
Pour Julien Cavalli, parent de trois petites filles à Fontannes, montrer son désaccord à l'administration et son soutien à son école est un enjeu de taille. « Notre école, c'est l'âme de notre village. S'il n'y a plus d'école, il n'y a plus rien » dénonce-t-il.
Un propos d'ailleurs repris par Élodie Haon, enseignante à Fontannes, également présente devant l'Inspection académique : « Comme le dit Julien, l'école, c'est l'âme d'un village. Il y a eu énormément de travaux réalisés à l'école de Fontannes, on a un cadre vraiment exceptionnel avec des structures de jeu, un parc. Donc il faut vraiment que cette école garde cette attractivité, sans quoi ces efforts auront été vains. C'est pourquoi on va se battre jusqu'au bout », lance-t-elle, les larmes aux yeux.
« Donner une chance à tous les enfants, quelque soit leur territoire », Élodie Haon
Un combat qu'elle mène pour elle, pour ses conditions de travail, mais également pour l'éducation des enfants de la commune, et de la ruralité en général.
En effet, elle souligne : « On a récemment appris que l'école risquait de fermer une classe à la rentrée prochaine. Ça soulève une grande inquiétude parce que défendre notre école rurale, c'est participer à donner une chance à tous les enfants, quelque soit leur territoire. Une classe qui ferme, ça veut dire qu'ils seront plus nombreux dans celles qui restent, que davantage de niveaux sont mélangés, que l'enseignant a moins de temps à accorder à chaque élève. »
Une situation qu'elle met en opposition avec les besoins qu'elle ressent sur le terrain : « On voit de plus en plus d'enfants avec des besoins éducatifs particuliers. Ils ont un besoin accru de la présence d'un professeur, et les autres aussi par ailleurs. On veut simplement donner la meilleure chance à tous les élèves pour qu'ils réussissent. Fermer une classe va à l'encontre de cet objectif. »
À Saint-Germain-Laprade, la menace persiste
Du côté de l'école de Saint-Germain-Laprade, la situation est un peu particulière, puisque la classe en question est pour l'heure ni fermée, ni conservée. C'est à dire qu'il a été négocié durant le CSA du 30 janvier, un blocage à la fermeture. C'est à dire que « le nombre d'élèves inscrits qui détermine le sort de cette classe... le jour même de la rentrée. »
Une situation « insoutenable pour la maitresse », selon Aurélie Bonnet, mère de famille sur la commune et présidente de l'association des parents d'élèves de l'école publique de Saint-Germain-Laprade. Venue soutenir son école, elle ajoute d'ailleurs : « Vous imaginez, elle saura le jour même, si elle peut rester travailler à Saint-Germain, ou si elle n'a plus de travail, où si elle doit être mutée ailleurs. Comment se projeter dans une telle situation ? C'est impossible. »
« Pourtant, de nombreux logements vont être construits très prochainement à seulement 300 mètres de l'école, avec très certainement des familles qui voudront inscrire leur enfants. Mais si il n'y a plus de classe, ils les inscriront sur une autre commune, ou ne viendront même pas s'installer » dénonce la mère de famille.
« Une classe de 35 tout petits, c'est ingérable ! »
D'autant plus qu'elle ajoute que cette suppression entrainerait dans cette école une « surcharge des classes ».
« On veut que nos enfants aient droit au meilleur enseignement possible. On se battra jusqu'au bout pour cela. J'estime qu'à cet âge, les enfants ont besoin d'avoir leur maitresse, leur enseignement adapté. Donc il ne faut pas les mélanger avec les plus grands et inversement. Une classe de 35 tout petits, c'est ingérable ! », déplore-t-elle avant de conclure qu'à Saint-Germain-Laprade, le maintien de cette classe, « c'est seulement l'histoire de quatre ou cinq élèves manquants. »