Rentrer au Sommet de l'élevage, c'est pénétrer dans la fosse aux lions. Ou plutôt dans un immense parc d'attraction sans règles, où les bétaillères rivalisent de tailles avec les tracteurs titanesques. Ou l'odeur des moutons se mélange à celles des chevaux et des vaches. Un parc d'attraction très cher d'ailleurs, comme le souligne une famille qui hallucine devant l'entrée en découvrant le prix d'une entrée (14 € l'unité).
Problèmes après problèmes
Pour les passionnés de tracteurs et d'animaux de la ferme, c'est le rendez-vous à ne pas manquer. Marc Fesnau, le ministre de l'Agriculture est revenu aujourd'hui au Sommet après sa visite de l'an dernier. Toute la journée, accompagné d'Olivier Bianchi, le maire de Clermont, le ministre a pu profiter du concours de race Limousine, mais a ensuite surtout dû affronter problèmes après problèmes.
Chacun sa revendication
Il faut dire que dans une branche en difficulté comme l'élevage, le Sommet est surtout l'occasion de se faire entendre. De revendiquer. Et à chaque branche son combat. Pour les éleveurs ovins, on parle du loup, on réclame à pouvoir effectuer des tirs préventifs pour protéger les troupeaux.
Du côté des chevaux lourds on interpelle le ministre quant à la survie de l'activité. Les éleveurs d'agneaux craignent l'importation de viande étrangère de piètre qualité...Seuls les constructeurs de tracteurs ne se sont pas particulièrement plaints.
La question de la viande d'importation
Question de chauvinisme, nous avions l'oreille un peu plus attentive du côté des bovins. Et pas n'importe lesquels. Nos races locales, la Salers et l'Aubrac, même si on trouve des Limousines expatriées par chez nous également.
Depuis 2019 et les accords entre quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) et l'UE, l'importation de viande sud-américaine en France augmente. "On est inquiets, on a de plus en plus de contraintes, on nous demande de faire de la qualité, c'est comme si on faisait du bio. D'un autre côté, on importe la viande, alors qu'on pourrait fournir tout le monde", explique, Florian jeune éleveur de Salers en Auvergne. "En achetant en France, on est tellement contrôlés qu'on est sûr d'avoir de la qualité", abonde François, du Puy-de-Dôme.
"Ils se foutent de nous, ils ne veulent plus d'agriculteurs dans le pays"
"Le gouvernement nous impose des choses puis se fournit ailleurs, ils se foutent de nous, ils ne veulent plus d'agriculteurs dans le pays. Maintenant on nous dit qu'on pollue trop. Alors que niveau environnement, si on a de beaux paysages c'est aussi grâce aux troupeaux. Sans cela ce serait des broussailles partout", appuie Florian qui se situe dans la vallée du Puy Mary.
26 % d'exploitations d'élevages en moins
Un sentiment partagé par une majorité dans la profession. Les éleveurs du Grand massif central ont d'ailleurs lancé à cette occasion un appel au gouvernement : "Entendez les attentes très fortes et adoptez des politiques publiques cohérentes entre elles, afin de donner des perspectives d'avenir aux éleveurs et aux territoires ruraux".
Le collectif auvergnat défend l'entièreté de la profession en se basant sur les chiffres locaux : 26 % d'exploitations d'élevages et 10 % de bovins en moins dans le Massif Central entre 2010 et 2020.
Avec aussi pour la première fois, la présence de Jean Lassale et d'autres personnalités politiques, le Sommet de l'élevage 2023 était plus un Sommet politique qu'autre chose.